Le procès pour cyberharcèlement à l'encontre de l'agente d'influenceurs Magali Berdah a connu sa conclusion, ce 19 mars. Tous les prévenus ont été condamnés, certains à des peines de prison ferme, mais le rappeur Booba, que la plaignante considère comme l'instigateur de cette vague de haine, n'était pas sur le banc des accusés.
Pour Magali Berdah, il s'agit d'une décision historique. Et de fait, c'est sans aucun doute le plus grand procès pour cyberharcèlement qui ait eu lieu en France. Même si, avec seulement 28 accusés (et 28 condamnés), une infime partie des harceleurs a finalement eu affaire à la justice. Les avocats de l'agente ont en effet arrêté de compter les messages de menace ou d'insulte lorsque la barre des 100 000 a été atteinte.
28 condamnations pour un procès sans précédent
En tant que gérante d'une agence d'influence, Magali Berdah n'était pas, a priori, une novice sur les réseaux sociaux. Mais elle n'était évidemment pas préparée à l'improbable harcèlement qu'elle a subi pendant des mois par des milliers de personnes. Si les agissements de certains des influenceurs qu'elle représente ont été pointés du doigt et font aussi l'objet d'un procès, nombre de ces messages avaient davantage un caractère sexiste, antisémite, ou étaient tout simplement des menaces de mort ou de violence.
La justice française a tranché : le tribunal correctionnel de Paris a déclaré tous les prévenus coupables de l'intégralité des faits reprochés, à savoir cyberharcèlement, menaces de mort, menaces de crimes et menaces en raison de l’appartenance supposée à une religion. 14 d'entre eux ont écopé de peines de prison ferme, et 14 de peines avec sursis, des peines supérieures même aux réquisitions du parquet.
Les avocats de l'agente ont salué « une réponse judiciaire à la hauteur de la gravité des faits » et souligné que « la sévérité des peines prononcées est sans précédent dans une affaire de cyberharcèlement ».
Booba, le grand absent
Il reste que si tous les prévenus ont été condamnés, l'affaire n'est pas vraiment refermée pour celle qui a été victime de ce colossal cyberharcèlement. Car, comme l'ont d'ailleurs reconnu plusieurs des accusés, il est facile d'en tracer l'origine. C'est le rappeur Booba qui, à court de confrères à insulter, s'est lancé dans une croisade personnelle contre les dérives des influenceurs, lançant le #influvoleurs et citant nommément Magali Berdah tout en partageant des liens vers ses profils sur les réseaux sociaux. Dans sa lutte, il a d'ailleurs reçu le soutien de Bruno Le Maire. Les faits concernés, rappelons-le, font aussi l'objet d'une instruction, mais le rappeur n'est ni juge ni policier.
Une décision de justice lui a d'ailleurs interdit de mentionner Magali Berdah, décision qu'il a allègrement enfreinte. La prochaine étape dans ce parcours judiciaire sera donc le procès à son encontre, qui aura lieu à Paris. Et on verra si la piraterie se finira.