La Floride a adopté une loi interdisant à tous les adolescents de moins de 14 ans de détenir un compte sur les réseaux sociaux. Selon les législateurs, les mesures mises en place par ces plateformes pour protéger les mineurs sont largement insuffisantes.
C'est prouvé. Les réseaux sociaux ont un impact néfaste sur la santé mentale des plus jeunes, et les plateformes concernées le savent. En 2021, Frances Haugen, ancienne employée de chez Facebook, a par exemple révélé que l'entreprise avait mené une étude interne révélant qu'Instagram « aggrave les problèmes d'image corporelle pour une adolescente sur trois ». Conscient de l'enjeu, le géant du Web a choisi de ne pas divulguer cette information et a continué d'opérer de la même manière.
De même, une autre étude menée l'année dernière par l'Ofcom au Royaume-Uni atteste que les habitudes de visionnage des plus jeunes se sont progressivement orientées vers des sujets qui mettent en avant ragots et controverses.
La Floride assure vouloir aider les parents
Face à l'ampleur du problème, la Floride a décidé d'agir. Le gouverneur républicain Ron DeSantis a signé une nouvelle législation pour empêcher les plus jeunes de naviguer sur les réseaux sociaux. Le texte entrera en vigueur en janvier 2025. Il concernera les plateformes qui multiplient les notifications et proposent des vidéos courtes à l'infini, à l'instar de Snapchat, Instagram ou TikTok.
Une fois la réglementation en application, ces entreprises devront supprimer les comptes des mineurs de moins de 14 ans. Les adolescents de 14 ou 15 ans auront pour leur part le droit de détenir un compte, mais uniquement avec l'approbation d'un parent ou d'un tuteur. À travers cette démarche, la Floride explique vouloir aider les parents.
« Un enfant, dans le développement de son cerveau, n'a pas la capacité de savoir qu'il est aspiré par ces technologies addictives, de voir le mal et de s'en éloigner. C'est pourquoi nous devons intervenir à leur place », argumente Paul Renner, président de la Chambre des représentants de la Floride.
Plusieurs plaintes déposées contre les réseaux sociaux
La majorité des réseaux sociaux proposent des mesures visant à empêcher les plus jeunes d'utiliser leurs services. Sur Facebook, TikTok ou Instagram, les moins de 13 ans n'ont par exemple pas le droit de posséder un compte. Ces règles peuvent néanmoins être contournées très simplement. Les législateurs estiment que des millions de mineurs possèdent malgré tout des comptes sur ces différentes plateformes.
Aux États-Unis, les régulateurs se montrent de plus en plus inquiets quant à l'impact des réseaux sociaux sur les jeunes. L'année dernière, 33 États ont porté plainte contre Meta, l'accusant d'avoir délibérément rendu les adolescents accros à ses plateformes. Plusieurs établissements scolaires de la ville de Seattle ont également ciblé Snapchat, Instagram et TikTok dans une action en justice, assurant qu'elles portaient atteinte à la santé mentale des élèves.
En Floride, il est fort probable que la loi soit contestée au tribunal par les premiers concernés. Les géants du Web sont déjà parvenus à faire annuler plusieurs législations similaires, voire moins sévères, dans d'autres États. Leur ligne de défense : un tel texte constitue une violation directe du premier amendement de la Constitution américaine, promouvant la liberté d'expression et d'information.
Source : The Wall Street Journal