© Julia M Cameron / Pexels
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Selon un document de plainte, la direction de Meta (anciennement Facebook) est au courant des méfaits causés par les réseaux sociaux sur les plus jeunes, mais a décidé de ne pas agir en conséquence.

Ouverte à Oakland en Californie, l'affaire regroupe des dizaines de plaintes déposées à travers les États-Unis au nom d'adolescents et de jeunes adultes affirmant que Facebook, Instagram, TikTok, Snapchat et YouTube leur ont causé de l'anxiété, de la dépression, des troubles alimentaires et des insomnies.

Meta a fait la sourde oreille

L'un des documents atteste que Mark Zuckerberg, P.-D.G. de Meta, a personnellement été mis au courant des dangers causés par ses propres plateformes par ces mots : « Nous ne sommes pas sur la bonne voie pour réussir dans nos principaux domaines de bien-être, et nous sommes exposés à un risque réglementaire accru et à des critiques externes. Ces problèmes affectent tout le monde, en particulier les jeunes et les créateurs ; s'ils ne sont pas résolus, ils nous suivront dans le metaverse. »

Malgré cet avertissement, l'entreprise a préféré supprimer le financement de son équipe consacrée à la santé mentale plutôt que de réellement s'attaquer au problème, selon les plaignants. Si Meta nie ces allégations, celles-ci corroborent l'alerte lancée par Frances Haugen, ancienne employée de Facebook. Celle-ci a révélé en 2021 l'existence d'une étude interne démontrant qu'Instagram était néfaste pour la santé mentale des adolescents. D'après elle, Meta a voulu cacher ces résultats auprès des autorités et ne les a pas pris au sérieux.

Comme l'affirme l'une des plaintes, un employé de la plateforme écrivait cette même année : « Personne ne se réveille en pensant qu'il veut maximiser le nombre de fois qu'il ouvre Instagram ce jour-là. Mais c'est exactement ce que nos équipes de produits essaient de faire. »

Bientôt la fin de l'impunité ?

Meta n'est pas la seule entreprise prise pour cible par les plaignants. C'est également le cas de TikTok. Sa maison mère ByteDance serait au courant que les jeunes sont plus susceptibles d'être attirés par les défis dangereux qu'ils voient passer sur la plateforme, car leur capacité à évaluer les risques n'est pas complètement formée, mais elle n'aurait rien fait pour contrer le problème. Pour rappel, plusieurs jeunes sont décédés à la suite de challenges devenus viraux sur le réseau social chinois.

Pour leur défense, les plateformes invoquent la Section 230, législation américaine ne tenant pas pour responsables les réseaux sociaux pour les contenus qu'ils hébergent. Le texte est néanmoins remis en cause dans le cadre d'une autre affaire actuellement portée devant la Cour suprême. Cela pourrait totalement redistribuer les cartes dans le domaine de la modération de contenu en poussant ces entreprises à en faire bien plus sous peine de se voir infliger d'importantes sanctions.

Le document de plainte allègue en outre que plus d'une dizaine de suicides peuvent être imputés aux grandes plateformes en ligne outre-Atlantique, au motif qu'elles ont sciemment conçu des algorithmes qui entraînent les enfants vers des voies dangereuses et addictives.

Source : Bloomberg