La marketplace solidaire du mouvement Emmaüs, Label Emmaüs, dénonce les pratiques des géants du numérique. Le but : promouvoir son modèle d'économie circulaire et solidaire, en particulier en ce qui concerne sa librairie.
En début d'année dernière, Emmaüs partait à l'assaut de Vinted et LeBonCoin, avec une campagne baptisée « Si tu ne le portes pas, donne-le ». Après le vêtement, Emmaüs invite aujourd'hui à poser un regard nouveau sur la filière du livre en dénonçant la concurrence déloyale des géants du e-commerce.
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Pour soutenir les auteurs et les librairies indépendantes, il n'y a pas d'autre choix que d'acheter ses livres neufs. Toutefois, selon Emmaüs, ce sont plus de 150 millions de livres neufs (soit 25 % de production) qui sont invendus chaque année, et voués à la destruction. Un désastre (entre autres) écologique, puisque cela représenterait l'équivalent d'un million d'arbres.
Pour le mouvement solidaire, le poids écologique des livres dits « mort-nés » est trop important pour ne pas que les choses changent. Néanmoins, les lois successives ne sont pas parvenues à répondre à cet impératif, bien au contraire, puisqu'il est aujourd'hui plus coûteux de stocker un livre plutôt que de le détruire et le réimprimer.
Aussi, au travers de son Label Emmaüs, le mouvement invite la filière du livre à réfléchir à une évolution du cadre légal, en vue de favoriser la circulation solidaire des ouvrages, en lieu et place de leur destruction.
« Chaque année, les points de vente Emmaüs collectent plus de 20 millions d’ouvrages donnés par les particuliers et la marketplace solidaire dispose de 2 millions de références », indique Emmaüs.
« Tous les livres se valent », rappelle le Label Emmaüs
Pour cela, Emmaüs a lancé une nouvelle campagne de sensibilisation, baptisée « Tous nos livres se valent ». Le mouvement souhaite ainsi dénoncer les habitudes de consommation compulsive, encouragée (et entretenue) par les géants Amazon, AliExpress et autres Shein. Un dumping économique qui représente une menace pour la planète, mais aussi une concurrence insoutenable pour un commerce plus local et responsable.
« Où sont les lois pour empêcher Temu de dépenser 2 milliards de dollars sur les réseaux sociaux de Meta en 2023 ? Où sont les lois pour empêcher Amazon de proposer la livraison gratuite, ou Shein de proposer 8.000 nouveaux produits par jour ? Qu’attend-on pour intervenir ? » interroge Maud Sarda, co-fondatrice du Label Emmaüs.
Cette dernière estime qu'il y a plus que jamais urgence à combattre ces pratiques commerciales, et privilégier des solutions plus durables, plus justes, sous peine de voir disparaitre les coopératives locales.
Source : Huffington Post