Est-ce que les dirigeants de Tesla, dont Elon Musk, ont communiqué des informations trompeuses concernant les systèmes
Autopilot et Full Self-Driving des véhicules électriques de la célèbre marque ? C'est, entre autres, ce que cherche à savoir le ministère de la Justice américaine.
On déteste l'aimer, on adore le détester, peu importe ce que l'on pense d'Elon Musk, lorsqu'il fait parler de lui, ce n'est pas pour rien. Cette fois, c'est sous sa casquette de patron de Tesla qu'il fait l'objet d'une enquête de la part du ministère américain de la Justice (DoJ).
En ligne de mire, les systèmes Autopilot et Full Self-Driving avaient déjà été mis en cause en 2022 dans une « class action » de plusieurs propriétaires de Tesla qui avaient été induits en erreur sur l'aspect autonome de ce mode de conduite. En 2023, l'Autopilot a ensuite fait rappeler 2 millions de véhicules à cause des problèmes de sécurité qu'il occasionnait. Autant dire que l'autonomie promise notamment au marché chinois par Elon Musk en avril 2024 présente quelques saletés dans le carburateur.
La promesse de Tesla d'un véhicule autonome loin d'être tenue
C'est l'agence de presse américaine Reuters qui révèle cette enquête, menée en 2022 à la suite de nombreux accidents mettant en cause ces systèmes d'assistance à la conduite, qui ont entraîné des rappels de véhicules pour des manquements à la sécurité.
Selon Reuters, Elon Musk promet que des véhicules entièrement autonomes sont une proche réalité. Alors que les systèmes d'aide à la conduite Autopilot et Full Self-Driving équipent certains des modèles de sa marque Tesla, la confusion pour les conducteurs est tout à fait possible, notamment avec la notion d'autonomie évoquée par les noms des deux technologies.
On le sait aujourd'hui, malgré la promesse d'autonomie, ces outils d'assistance obligent les conducteurs à rester maîtres de leurs véhicules en gardant les mains sur le volant et les yeux sur la route, même lorsqu'ils enclenchent le mode Autopilot ou le FSD. Par ailleurs, la tromperie sur laquelle se penchent les procureurs fédéraux de Washington et de San Francisco porterait également sur l'autonomie réelle de ces véhicules électriques. Cette surestimation avait notamment valu en 2023 une amende de 2,2 millions de dollars à Tesla en Corée du Sud.
Pourquoi le ministère américain de la Justice agit avec prudence dans son enquête sur Tesla
Mais il n'est pas aussi simple d'accuser Tesla et Elon Musk de fraude commerciale. Car même si Tesla n'en est pas à ses premières assignations en justice, la preuve qu'il y a bien eu tromperie sur la marchandise est complexe à établir pour les autorités américaines.
En effet, les juges en charge de l'enquête devront déterminer si Tesla a vendu ses systèmes d'aide à la conduite de manière légale, étant donné que le constructeur avait mis ses utilisateurs en garde sur les limites de l'Autopilot et du FSD, ou bien si Elon Musk a sciemment gonflé leurs capacités, faisant croire à l'entière autonomie de conduite de ses véhicules. Une cour d'appel a d'ailleurs déclaré en 2007 qu'une entreprise pouvait parfaitement déclarer des résultats optimistes sans pour autant être accusée de tromper ses clients ou investisseurs.
Ainsi, lorsqu'en 2022, à l'occasion de la mise à jour du FSD, Elon Musk a affirmé qu'un propriétaire de Tesla pourrait « se rendre à [son] travail, chez [son] ami, à l'épicerie sans [toucher] le volant », il a potentiellement fait preuve d'optimisme, ou bien, au contraire, a sciemment menti. Ce sera aux juges de le déterminer dans cette enquête qui pourrait mener à des accusations criminelles, des actions civiles ou… à rien. Elon Musk peut donc pour le moment se frotter les mains.
13 avril 2022 à 11h30