Hertz, célèbre entreprise de location de voitures, est contrainte de revoir ses ambitions électriques à la baisse. Après une acquisition massive de véhicules Tesla, la société annonce le retrait de 30 000 voitures électriques de sa flotte. Soit 10 000 de plus que prévu.
L'entreprise se retrouve au cœur d'une vaste réorganisation de sa flotte de véhicules électriques. Après avoir annoncé l'acquisition de 100 000 véhicules Tesla en 2021 pour électrifier sa flotte, la réalité économique semble avoir rattrapé la société.
Le lundi 6 mai, Hertz a confirmé le retrait de 30 000 voitures électriques, un chiffre en hausse par rapport aux 20 000 initialement prévus. Ce revirement drastique est à mettre sur le compte de la dépréciation accélérée de ces véhicules et des coûts de maintenance élevés, forçant Hertz à reconsidérer son engagement vers l'électrification de son parc.
Une valse des prix qui nuit au marché de l'occasion
Malgré une augmentation de 2 % de son chiffre d'affaires au premier trimestre de 2024, Hertz fait face à une perte significative de 392 millions de dollars (364 millions d'euros) durant cette période. La société a subi une forte hausse des dépréciations, atteignant 588 millions de dollars (546 millions d'euros), comparé à l'année précédente, avec les véhicules électriques principalement mis en cause pour ces pertes.
La baisse des prix de Tesla a entraîné une dévaluation significative des véhicules d’occasion, ce qui a exacerbé la perte de valeur des actifs de Hertz. Les réductions de prix, bien qu'attirantes pour les nouveaux acheteurs, ont eu un impact négatif sur le marché secondaire, réduisant la valeur de revente des modèles précédemment achetés par Hertz.
En effet, selon le cabinet iSeeCars, la décote moyenne des Tesla grimpe à 28,9 % en un an seulement, soit trois fois plus que les marques qui sont censées décoter le plus comme Alfa Romeo ou Maserati.
Simplification d'assemblage = hausse des coûts des réparations
Ainsi, si le loueur fait face à une dépréciation rapide qui l'oblige à se séparer prématurément de ses Tesla pour limiter les pertes financières tant que ces véhicules conservent une certaine valeur, les stratégies de revente, qui évaluent habituellement le kilométrage et l'âge des véhicules, deviennent inefficaces pour les Tesla, puisque celles-ci ont en plus été les plus sujettes à des prix fluctuants.
De plus, les coûts de maintenance alourdissent considérablement les finances de l'entreprise. La conception minimaliste des Tesla, bien qu'innovante, introduit des complications supplémentaires pour les utilisateurs et est particulièrement problématique pour les entreprises de location qui gèrent de grandes flottes.
La construction des véhicules avec un minimum de pièces augmente les coûts en cas d'accident, car elle nécessite le remplacement de composants majeurs. Par exemple, remplacer une pièce entière comme un bouclier peut considérablement augmenter les coûts pour les loueurs. Pire encore, en cas d'accident, même mineur, la structure intégrée au châssis de la batterie peut rendre le véhicule irréparable, conduisant directement celui-ci la casse.
Pour Gil West, directeur général de Hertz : « La flotte et les coûts d'exploitation directs ont pesé sur la performance de ce trimestre. Nous nous attaquons aux deux problèmes : parvenir à un approvisionnement adéquat en véhicules à un coût d'investissement acceptable tout en augmentant la productivité et en réduisant les coûts d'exploitation. »
L'expérience de Hertz avec les véhicules électriques pourrait certainement refroidir l'enthousiasme d'autres géants de la location pour les flottes électriques à court terme, surtout que les calculs derrière les valeurs résiduelles des VE dans les flottes de location de voitures ne sont pas susceptibles de changer de sitôt.
Source : PhonAndroid