Une fausse attestation de la CAF de l'Essonne circule sur les réseaux sociaux. Elle prétend qu'une famille d'immigrés perçoit plus de 6 000 euros d'allocations par mois. La Caisse nationale des allocations familiales dément et explique qu'il s'agit d'une régularisation exceptionnelle.
Vous l'avez sans doute déjà vue tourner sur vos réseaux sociaux. Vous l'avez peut-être même partagée. La campagne pour les législatives anticipées de 2024 a remis sur le devant de la scène le débat sur les aides sociales. Dans ce contexte tendu, une publication trompeuse fait le tour des réseaux sociaux. Elle montre une attestation de la CAF de l'Essonne indiquant un versement de 6 087,55 euros d'allocations pour le mois de mai 2024. Les internautes qui partagent ce document affirment qu'il s'agit des aides perçues par « une famille immigrée d'origine érythréenne ».
Au-delà de la polémique politique sur le fond, Clubic a choisi de remettre en question la forme de cette publication. En effet, comment ces posts continuent-ils de circuler ? Comment savoir si post partagé est trompeur, dangereux ou complètement faux ? Quels sont les réflexes à adopter avant de partager à son tour une publication que l'on a vue tourner des dizaines de fois chez nos amis, abonnés ou fans sur les réseaux sociaux ?
Une attestation de versement d'allocations de la CAF authentique, mais utilisée hors contexte
Un proverbe dit que « le mensonge prend l'ascenseur quand la vérité prend l'escalier ». Il semble bien que ce soit le cas pour les publications trompeuses ou les fake news, qui circulent depuis des années pour certaines sur nos réseaux sociaux favoris.
En l'occurrence, il s'agit là d'une attestation bel et bien authentique que l'on se repasse de compte en compte. La Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) l'a confirmé à nos confrères du site AFP Factuel. Cependant, elle est utilisée dans un contexte « totalement mensonger », comme le souligne l'organisme. Le montant affiché n'est pas représentatif des sommes habituellement versées aux allocataires.
Il s'agit en réalité d'une « régularisation d'aides non versées pendant plusieurs mois ». La raison ? L'absence d'un justificatif attendu de la part d'un organisme partenaire. Cette situation explique le montant « exceptionnellement élevé » de l'attestation. Rien ne permet non plus d'affirmer que cette attestation concerne « une famille immigrée d'origine érythréenne ». Cette information a été ajoutée par les internautes qui ont partagé l'image, sans aucun fondement.
Pour rappel, en France, les prestations sociales s'élevaient en moyenne à 12 550 euros par an et par habitant en 2022. Ce montant inclut les retraites, les aides liées à la santé, à la famille, à l'emploi, au logement et à la lutte contre la pauvreté, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES).
Les dangers du partage de fausses informations
Partager une fausse information sur les réseaux sociaux n'est pas anodin. Cette pratique peut en effet avoir des conséquences juridiques. En France, la loi sur la liberté de la presse punit la propagation de fausses nouvelles susceptibles de troubler la paix publique. Les peines peuvent aller jusqu'à 45 000 euros d'amende et un an d'emprisonnement.
Au-delà de l'aspect légal, la diffusion de fake news contribue à la désinformation et peut influencer l'opinion publique de manière néfaste. Dans le cas de l'attestation de la CAF, elle alimente des préjugés sur l'immigration et le système d'aides sociales.
Pour éviter de tomber dans le piège, voici quelques réflexes à adopter :
- Vérifiez la source de l'information. Est-elle fiable et reconnue ?
- Cherchez si d'autres médias sérieux relaient la même information ;
- Méfiez-vous des contenus qui suscitent une forte réaction émotionnelle ;
- Lisez l'article en entier, pas seulement le titre ou la légende ;
- Vérifiez la date de publication. L'information est-elle encore d'actualité ?
- Utilisez des outils de fact-checking comme AFP Factuel, Décodex du site Le Monde ou CheckNews de Libération.
Avant de partager une publication, prenez également le temps de la réflexion. Demandez-vous si le contenu vous semble crédible et vérifiez les points mentionnés ci-dessus. En cas de doute, abstenez-vous de la partager autour de vous. Vous contribuerez ainsi à limiter la propagation des fausses informations sur les réseaux sociaux.
Sources : AFP Factuel, DREES