Le panneau Hollywood, à Los Angeles © Alex Barnes / Pexels
Le panneau Hollywood, à Los Angeles © Alex Barnes / Pexels

La Californie nage à contre-courant du reste des États-Unis. Ce 18 septembre, le gouverneur de l'État le plus prospère du pays, Gavin Newsom, a promulgué une série de lois pour réglementer l'intelligence artificielle. Deux des textes visent à protéger les acteurs du divertissement face à l'essor de la technologie.

Cette initiative fait directement suite à la longue grève qui a sévi l'année dernière à Hollywood. Acteurs et scénaristes se sont unis face à l'émergence de l'intelligence artificielle générative dans leur corps de métiers, obtenant finalement gain de cause auprès des autorités compétentes à travers divers accords et engagements.

« Nous veillons à ce que personne ne cède son nom, son image et sa ressemblance à des personnes sans scrupules, sans représentation ni défense syndicale », a déclaré le gouverneur après la signature de la loi, organisée dans les bâtiments de SAG-AFTRA, puissant syndicat représentant plus de 160 000 travailleurs dans les domaines du cinéma, de la télévision, de la publicité, des jeux vidéo, de la radio et de la musique.

Renforcer la protection des acteurs et musiciens

Le premier texte renforce les protections des acteurs et chanteurs concernant la génération par l'IA de leur voix ou de leur image. Il exige que « les contrats précisent l'utilisation de répliques numériques générées par l'IA de la voix ou de l'image d'un artiste, et que l'artiste soit représenté professionnellement lors de la négociation du contrat ». Une législation forcément bienvenue, alors que de plus en plus artistes émettent leurs inquiétudes face à l'IA générative et sa capacité à copier leur voix. Le scandale entre OpenAI et Scarlett Johansson en est le parfait exemple.

La seconde loi élargit la portée du droit à l'image post-mortem en Californie. Concrètement, la permission de la succession d'une personne décédée sera nécessaire pour utiliser l'IA afin de recréer sa voix et son apparence, avec des exceptions pour certains projets documentaires, les satires ou les affaires publiques.

« C'est un jour mémorable pour les membres de SAG-AFTRA et pour tous les autres, car les protections de l'IA pour lesquelles nous nous sommes battus si durement l'année dernière sont maintenant étendues par la loi californienne grâce à la législature et au gouverneur Gavin Newsom », s'est félicitée la présidente du syndicat, Fran Drescher.

Une photographie capturée lors de la grève des acteurs et scénaristes, en 2023 © Monkey Butler Images / Shutterstock
Une photographie capturée lors de la grève des acteurs et scénaristes, en 2023 © Monkey Butler Images / Shutterstock

La Californie légifère aussi sur les deepfakes

En outre, le gouverneur a signé trois autres textes, cette fois destinés à combattre l'utilisation de deepfakes dans le cadre des campagnes électorales. Les plateformes sont désormais contraintes de supprimer ou d'étiqueter les contenus trompeurs et modifiés par l'IA pendant les périodes électorales. De même, les publicités de campagnes devront indiquer quand elles utilisent du contenu généré par la technologie. Newsom n'a pas hésité à tacler Elon Musk pour son partage récent d'un deepfake de Kamala Harris.

Ces cinq lois témoignent de la spécificité californienne aux États-Unis. Alors que Joe Biden a fait pression sur les législateurs pour qu'ils réglementent l'IA, la polarisation du Congrès, avec un Sénat à majorité démocrate et une Chambre des représentants contrôlée par les républicains, a bloqué ses efforts. Par ailleurs, de nombreux décideurs estiment que l'accent doit être mis sur l'innovation, laissant la responsabilité de la régulation aux entreprises elles-mêmes.

De son côté, le gouverneur californien a jusqu'au 30 septembre pour promulguer une autre loi, beaucoup plus incisive, sur l'IA. Vivement critiquée par les géants du secteur comme OpenAI, Google et Meta, elle impose de nombreuses mesures visant à garantir que les grands modèles de langage sont sûrs avant et après leur déploiement.

Sources : Reuters, Deadline