Un éleveur américain a été condamné pour avoir cloné un mouton hybride dont la progéniture était destinée à la chasse aux trophées. Lugubre, cette affaire soulève des questions éthiques sur le clonage animal et les pratiques de chasse controversées.
Non, il ne s'agit pas du scénario issu d'un film de science-fiction, mais bien de la réalité : un éleveur du Montana de 80 ans vient d'être condamné à six mois de prison pour avoir cloné un mouton géant. Ce dernier l'a fait dans le but de vendre sa progéniture à des chasseurs de trophées. Retour sur une histoire rocambolesque qui mêle biotechnologie, chasse aux trophées et trafic d'espèces protégées, ce qui au passage pousse à sensibiliser sur les macabres dérives du clonage animal.
Le "Montana Mountain King", mouton cloné devenu star bien malgré lui
Pendant près d'une décennie, Schubarth a travaillé à l'importation totalement illégale des parties de moutons argali Marco Polo, depuis le Kirghizistan. Ces animaux, considérés comme les plus grands moutons du monde, sont protégés par la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES). L'éleveur a utilisé ce matériel génétique pour créer un clone baptisé « Montana Mountain King » (MMK), un mâle génétiquement pur.
Plus précisément, Schubarth a envoyé le matériel génétique de l'argali à un laboratoire situé dans le Kirghizstan, où étaient créés les embryons clonés. Ensuite, l'éleveur implanté les embryons dans les brebis de son ranch, sans déclarer l'importation, évidemment. C'est comme cela qu'est né « Montana Moutain King ».
Le but de cette opération et de ces années de « recherche » ? Utiliser le sperme de MMK pour inséminer diverses espèces de brebis et créer des hybrides plus grands et plus précieux, destinés à peupler les réserves de chasse. L'horrible Schubarth avait mis en place un véritable réseau, falsifiant des documents vétérinaires pour faire entrer et sortir ces moutons interdits du Montana, vendant même directement du sperme de MMK à d'autres éleveurs.
Le clonage animal n'est pas une nouveauté
La justice a également révélé que Schubarth s'était illégalement procuré du matériel génétique de mouflons d'Amérique chassés dans les Rocheuses, en violation des lois du Montana, qui interdisent la vente de parties de gibier sauvage.
S'il est plus que controverse, le clonage animal n'est néanmoins pas nouveau. Depuis la naissance de la brebis Dolly en 1996, la technique a considérablement progressé. Aujourd'hui, elle est utilisée dans la recherche médicale et la préservation d'espèces menacées. Mais que dire de l'éthique entourant l'affaire Schubarth ?
Entre progrès scientifique et menace pour la biodiversité
Ron Howell, responsable de l'application de la loi pour le Montana Fish, Wildlife & Parks, souligne que « ce type de crime pourrait menacer l'intégrité de nos espèces sauvages dans le Montana ». Il est vrai que l'introduction d'hybrides génétiquement modifiés dans la nature pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les écosystèmes locaux.
Quant à la chasse aux trophées, elle demeure une pratique très contestée. Si ses défenseurs arguent qu'elle peut contribuer à la conservation des espèces en finançant des programmes de protection, ses détracteurs dénoncent une activité cruelle et non éthique, particulièrement lorsqu'elle implique des animaux clonés ou hybrides.
Alors que Schubarth a écopé d'une peine de 6 mois de prison et d'une amende de 20 000 dollars, cette affaire nous rappelle que la frontière entre progrès scientifique et manipulation éthiquement discutable reste parfois floue. Elle souligne surtout la nécessité d'un encadrement strict de ces pratiques pour préserver la biodiversité et l'intégrité de nos écosystèmes.
Source : BBC