Cette escroquerie bien rodée refait surface chaque année quand les températures baissent. Sur Facebook Marketplace, des escrocs usurpent l'identité d'entreprises locales pour vendre du bois qui n'existe pas à des acheteurs crédules.

On trouve de tout sur Facebook Marketplace, et aussi des arnaques © Koshiro K / Shutterstock
On trouve de tout sur Facebook Marketplace, et aussi des arnaques © Koshiro K / Shutterstock

L'automne s'installe, et les prix de l'énergie grimpent. Pas étonnant que certains se tournent vers le bon vieux bois de chauffage pour faire des économies. Mais gare aux offres alléchantes qui fleurissent sur Facebook Marketplace ! Des arnaqueurs ont flairé le filon et se font passer pour des entreprises locales respectables pour fourguer du bois fantôme à prix d'ami.

Plusieurs habitants de l'Eure sont déjà tombés dans le panneau, versant des acomptes pour du bois qui n'arrivera jamais. Les vraies entreprises dont l'identité a été usurpée ont porté plainte, tandis que les communes alertent la population.

Le retour d'une arnaque saisonnière bien rodée

Cette escroquerie au bois de chauffage n'est pas née de la dernière pluie, tout comme les escrocs qui la ressortent à chaque automne quand la demande explose. Ils ont peaufiné leur technique au fil du temps en usurpant sans vergogne l'identité d'entreprises locales connues et respectées, comme Batimandel ou Linandelle à Charleval, dans l'Eure. En se faisant passer pour ces sociétés, ils gagnent d'emblée la confiance des acheteurs potentiels. Leur annonce sur Facebook Marketplace semble tout ce qu'il y a de plus légitime : du bois de chauffage à un prix attractif, proposé par une entreprise de la région.

Quand un client intéressé les contacte, ils jouent le jeu jusqu'au bout : rappel téléphonique, prise de commande dans les règles de l'art, envoi d'un devis par e-mail… Soit de quoi donner l'illusion d'une transaction normale avec un vendeur professionnel. C'est seulement au moment du paiement que les ennuis commencent. Les escrocs demandent un virement bancaire, méthode inhabituelle pour ce type d'achat, mais qui leur permet d'empocher rapidement l'argent. Une fois le virement effectué, ils deviennent subitement injoignables, et le bois commandé n'est évidemment jamais livré.

La supercherie est tellement bien ficelée que plusieurs personnes âgées se sont déjà fait avoir. Elles ont versé des acomptes ou même la totalité du montant pour du bois qui n'existe pas. Les vraies entreprises dont l'identité a été usurpée se retrouvent assaillies de coups de fil de clients mécontents, alors qu'elles n'ont jamais vendu le moindre stère de bois.

Des précautions simples pour éviter le piège

Alertée sur son forum par de nombreux utilisateurs, l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir met en garde depuis 2022 sur cette pratique et donne des conseils pour éviter de se retrouver non seulement frigorifié, mais aussi ruiné cet hiver.

Tout d'abord, il faut se méfier des offres trop alléchantes : si le prix du bois semble anormalement bas par rapport au marché, c'est probablement trop beau pour être vrai. Ensuite, il est crucial de bien vérifier l'identité du vendeur. Un coup de fil à l'entreprise censée vendre le bois, en utilisant les coordonnées trouvées sur son vrai site web, et non celles fournies dans l'annonce, permet de rapidement démasquer une usurpation d'identité.

Une commune alerte ses citoyens sur cette arnaque au bois de chauffage - Capture d'écran Municipalité Charleval © Mélina Loupia pour Clubic
Une commune alerte ses citoyens sur cette arnaque au bois de chauffage - Capture d'écran Municipalité Charleval © Mélina Loupia pour Clubic

Le mode de paiement est également un indice important : la plupart des vendeurs de bois de chauffage privilégient le paiement en liquide à la livraison. Une demande de virement bancaire doit donc éveiller les soupçons. Enfin, il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès de la mairie ou des voisins sur la réputation du vendeur avant de passer commande.

La municipalité de Charleval a d'ailleurs pris les devants en publiant une alerte sur les réseaux sociaux pour prévenir ses administrés. Les entreprises victimes d'usurpation d'identité ont quant à elles porté plainte et signalé les fausses annonces à Facebook. Mais le réseau social peine à suivre, les escrocs recréant sans cesse de nouvelles annonces sous d'autres noms dès qu'elles sont supprimées. Un jeu du chat et de la souris qui laisse les acheteurs potentiels livrés à eux-mêmes face à ce risque d'arnaque. Mieux vaut donc redoubler de prudence.