En plein redressement judiciaire, Hopium fait preuve d'une résilience remarquable : la start-up française dévoile une pile à combustible hydrogène innovante pour le transport lourd, tout en redressant significativement ses finances.
Hopium, fleuron français de l'hydrogène, est peut-être en train de réussir son pari, en démontrant sa capacité à rebondir, malgré d'évidents obstacles. L'entreprise, qui rappelons-le est placée en redressement judiciaire depuis juillet 2023, a non seulement réduit ses pertes de manière spectaculaire, passant de -24,7 à -3,6 millions d'euros sur le premier semestre 2024, mais s'apprête également à présenter une technologie prometteuse pour la décarbonation du transport lourd.
La renaissance technique prometteuse d'Hopium
La start-up française a entamé un virage stratégique en délaissant son projet initial de voiture de luxe pour se concentrer sur le développement d'une pile à combustible haute performance. Les tests sur banc réalisés à l'été 2024, d'ailleurs suivis d'essais concluants sur piste en octobre, ont validé la pertinence de ce repositionnement. Et l'évolution s'inscrit parfaitement dans les objectifs du plan France 2030, ce qui démontre l'ambition d'Hopium de contribuer à une souveraineté énergétique nationale tant recherchée.
Concernant les performances de cette nouvelle pile à combustible, elles s'annoncent impressionnantes. Hopium revendique une amélioration significative par rapport aux solutions existantes sur le marché, avec une réduction de poids et un encombrement optimisés de 20 à 30%. Une démonstration privée est d'ailleurs prévue le 15 novembre prochain sur circuit, où Olivier Lombard, fondateur d'Hopium et ancien vainqueur des 24 Heures du Mans, mouillera la chemise et pilotera lui-même le véhicule de démonstration.
Le pivot vers le transport lourd n'est en tout cas pas anodin. Car si l'électrification à batterie s'impose progressivement pour les véhicules légers, l'hydrogène apparaît comme une solution pertinente pour décarboner les poids lourds, les bus, les engins de BTP, ainsi que les très polluants secteurs maritime et aéronautique. La tendance a été confirmée lors du récent Mondial de l'Automobile, où l'industrie de l'hydrogène a été mise en avant comme alternative crédible au moteur diesel.
Une restructuration financière qui remet Hopium sur les rails
Nous le disions, la réorganisation d'Hopium semble aujourd'hui porter ses fruits sur le plan financier. L'entreprise a réduit ses charges d'exploitation, grâce à une restructuration de ses effectifs, passés de 95 à 31 salariés. Et le soutien d'Atlas Special Opportunities assure le financement jusqu'au lancement commercial de la pile à combustible. La réduction de la masse salariale, passée de 6 à 2 millions d'euros, a permis à l'entreprise de concentrer ses ressources sur le développement technologique, au détriment de l'humain, hélas.
Les prochaines semaines s'annoncent cruciales pour l'avenir de l'entreprise. Un plan de redressement par continuité sera soumis fin décembre au vote des créanciers, tandis que l'administrateur judiciaire examine activement les propositions d'investissement et offres de reprise. Le tribunal de commerce de Paris rendra sa décision finale en janvier 2025. Le PDG d'Hopium, Stéphane Rabatel, cherche désormais à « trouver l'actionnaire de référence qui portera notre vision et soutiendra notre ambition pour une mobilité décarbonée durable ».
L'entreprise met le cap l'organisation de la préproduction de sa pile à combustible dédiée aux transports lourds, prévue début 2025 sur son nouveau site d'assemblage de Saint-Bonnet-de-Mure, près de Lyon. Elle espère transformer l'essai, forte du soutien de ses actionnaires historiques et d'une équipe d'experts soudée.
03 novembre 2024 à 14h28
Sources : Hopium, H2 Mobile