L'audiovisuel français se mobilise face aux géants du numérique. TF1, M6, France Télévisions et plusieurs organisations de gestion des droits s'unissent au sein de LaFA pour faire front commun, notamment contre YouTube.
Une nouvelle force vient de voir le jour dans le paysage audiovisuel français. Mercredi 13 novembre, au siège de TF1, les principaux acteurs du secteur ont officialisé la création de « LaFA » (La Filière Audiovisuelle), une association loi 1901 qui entend défendre les intérêts de l'audiovisuel hexagonal. Leur cible principale ? YouTube, considéré comme un « perturbateu » du marché, et plus largement les plateformes américaines qui bouleversent, selon ses membres, les règles du jeu.
Un front uni face à YouTube et aux grandes plateformes pour peser dans l'audiovisuel
Cette alliance inédite réunit aussi bien le public que le privé. France Télévisions, TF1 et M6 font cause commune avec les organisations de gestion collective de droits comme l'Adami (Administration des droits des artistes et musiciens interprètes), la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) et la Scam (Société civile des auteurs multimédia). Les syndicats de producteurs ne sont pas en reste, puisqu'Anim France, le SPI (Syndicat des producteurs indépendants) et l'USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle) rejoignent également les rangs de cette nouvelle coalition.
À la tête de LaFA, on retrouve Rodolphe Belmer, PDG de TF1, qui est nommé président pour deux ans. Il sera épaulé par trois vice-présidents, dont Delphine Ernotte-Cunci, patronne de France Télévisions. L'association se fixe plusieurs objectifs ambitieux, notamment la garantie de la diversité créative et la défense de l'exception culturelle française face aux géants du streaming.
YouTube, la première chaîne de télévision de France, cristallise particulièrement les critiques. Samuel Kaminka, président d'Anim France, pointe du doigt une certaine inégalité de traitement. La plateforme américaine n'est en effet pas soumise aux mêmes obligations de création que les acteurs traditionnels. Une situation que dénonce également Iris Bucher, présidente de l'USPA, qui réclame plus d'équité dans les règles imposées aux différents acteurs.
12 novembre 2024 à 20h16
Les chaînes et acteurs privés et publics veulent tous plus de moyens et de liberté
L'association ne compte pas limiter son action à l'Hexagone. LaFA veut toucher les instances européennes, jugées historiquement plus sensibles aux positions consensuelles. Comme le souligne Delphine Ernotte Cunci, « parler d'une seule voix » permet d'être plus efficace auprès des autorités de Bruxelles, notamment pour influencer les futures réglementations du secteur.
Alors quelle est la suite ? Dès le printemps 2025, LaFA prévoit de publier une première étude détaillée sur le poids économique de l'audiovisuel français. Elle réclame d'ores et déjà plus de moyens pour l'audiovisuel public, et la levée de contraintes publicitaires pour les acteurs de la TNT en clair. Cette analyse sera entre autres accompagnée de recommandations concrètes pour renforcer le secteur. L'association entend ainsi démontrer l'importance d'une filière qui pèse, avec plus de 300 000 salariés en France.
Et l'initiative reste ouverte à de nouveaux membres, à la condition toutefois qu'ils adhèrent aux valeurs de LaFA. L'association compte notamment promouvoir une utilisation éthique de l'intelligence artificielle générative, tout en défendant les droits de propriété intellectuelle. Un combat qui s'annonce crucial à l'heure où les technologies numériques bouleversent les modèles traditionnels de création et de diffusion.
Source : Scam