L'écosystème du new space européen est florissant, ouvrant la voie à l'émergence de start-up qui portent des concepts innovants. C'est le cas de la société bordelaise Space Cargo Unlimited, qui se concentre sur le potentiel commercial de la recherche scientifique en microgravité.
« La prochaine révolution industrielle sera ancrée dans l'espace », estime l'entreprise fondée en 2014. Son objectif : permettre à ses clients de réaliser des expériences scientifiques directement depuis l'orbite terrestre. Ils sont issus de secteurs variés, allant de la pharmacie à l'agriculture.
Car la microgravité facilite la recherche. Par exemple, sans gravité, certaines cellules agissent différemment, ce qui permet de mieux comprendre leur croissance et, in fine, le développement et les mécanismes des maladies. De même, cet environnement favorise l'élaboration de matériaux de nouvelle génération d'une précision et d'une qualité exceptionnelles, ainsi que la création d'alliages qu'il serait difficile, voire impossible, de réaliser sous l'influence gravitationnelle de la Terre.
Une micro-usine en orbite
C'est dans cette optique que Space Cargo Unlimited a annoncé la commercialisation de la BentoBox, en référence au repas traditionnel japonais. Décrit comme une micro-usine entièrement automatisée, ce dispositif va permettre à cinq clients par vol de réaliser des expérimentations uniques en microgravité.
D'une capacité de 100 kg et de 240 litres, elle constitue la première composante de l'usine spatiale Rev-1. Le système est entièrement conçu pour fonctionner sans intervention humaine directe. Cette automatisation permet de réduire considérablement les coûts de production spatiale, qui étaient traditionnellement multipliés par 50 ou 100 en raison des contraintes de sécurité liées à la présence d'astronautes, explique Nicolas Gaume, président de Space Cargo Unlimited, dans un entretien accordé à 20 Minutes.
SpaceX au lancement
Après un premier vol commercial programmé pour fin 2025, la start-up a déjà sécurisé un programme ambitieux de sept missions, et poursuit activement la commercialisation de ses vols pour l'année 2026. Et qui d'autre que le Falcon 9 de SpaceX pour opérer les lancements ? « J’ai hâte qu’il y ait des solutions européennes, mais aujourd’hui ce lanceur reste la solution de référence pour accéder à l’espace, à des coûts accessibles », assure le dirigeant. Les retards d'Ariane 6 mettent visiblement à mal le secteur spatial européen, qui ne dispose pas d'accès souverain à l'orbite.
Space Cargo Unlimited a aussi conclu un partenariat avec l'entreprise allemande Atmos Space Cargo pour garantir un retour sécurisé des expérimentations sur Terre, grâce à un bouclier thermique gonflable.
Quelles expérimentations ?
Pour son premier vol, Space Cargo Unlimited a déjà rempli 80 % de sa BentoBox avec des clients exclusivement européens. Un projet phare concerne le développement d'organes humains dans l'espace, un autre consiste à travailler sur la production de fibre optique au fluorure, tandis qu'un industriel va tester des capteurs laser dont le comportement est radicalement différent en apesanteur.
« Demain, on pourra ainsi fabriquer des cornées, on pourra développer de la peau pour effectuer des greffes de grands brûlés », explique Nicolas Gaume. Côté finance, les missions vont de 25 000 euros à plus de 3 millions d'euros, selon la complexité du projet.
29 septembre 2024 à 17h29
Source : 20 Minutes