En développant un nouveau matériau plus performant et écologique que le graphite, la start-up néerlandaise CarbonX est sur le point de permettre à l'Europe de s'affranchir de la Chine.
Quand d'autres cherchent, les Néerlandais trouvent. À Rotterdam, CarbonX a métamorphosé une simple poudre noire de carbone en solution pour l'indépendance énergétique européenne. Il faut dire qu'actuellement, l'UE importe 100 % de ses besoins en graphite de la Chine.
La start-up néerlandaise a développé un matériau d'anode aux propriétés extraordinaires. Moins d'émissions, plus de performance, une chaîne d'approvisionnement relocalisée : voilà comment quelques scientifiques de Delft peuvent chambouler les équilibres géopolitiques mondiaux.
Un réseau poreux 3D qui dynamite le monopole chinois du graphite
Techniquement, CarbonX a développé une émulsion qui transmute le noir de carbone, aussi appelé noir de fourneau, en architecture hexagonale complexe. Cette métamorphose crée un réseau poreux unique où les ions lithium dansent plus librement que dans le graphite traditionnel.
Daniela Sordi, cofondatrice et directrice technique, décrypte ce petit miracle : chaque nanofissure devient un refuge stratégique pour ces électrons voyageurs. Le transfert ionique s'en trouve accéléré, la charge des batteries optimisée. Ce gain microscopique se traduira par exemple par des véhicules électriques qui se rechargeront plus rapidement et des smartphones qui tiendront beaucoup plus longtemps.
Cette technique consomme significativement moins d'énergie que la production classique de graphite et réduit ainsi drastiquement l'empreinte carbone. Un coup double technologique et écologique. L'Agence internationale de l'énergie prévoit une explosion de la demande en graphite, multipliant par 20 à 25 les besoins entre 2020 et 2040. CarbonX sera-t-elle la réponse européenne à ce défi titanesque ?
Les Pays-Bas construisent leur indépendance énergétique contre la Chine
L'enjeu est également géopolitique et économique. L'Europe importe actuellement 100 % de son graphite de Chine, selon The Next Web. Les tensions internationales et les restrictions chinoises sur les exportations de matières premières interrogent la souveraineté européenne en matière de dépendance énergétique. Rutger Van Raalten, cofondateur de CarbonX, le martèle : une chaîne d'approvisionnement résiliente conditionne l'électrification mondiale.
La start-up vise donc un double objectif. D'abord, proposer aux fabricants européens et américains une alternative locale au graphite. Ensuite, construire une filière industrielle compétitive.
Et pour ce faire, CarbonX va s'appuyer sur les infrastructures existantes. La start-up prévoit d'installer sa première usine dans le port de Rotterdam, en utilisant les équipements actuels de production de noir de carbone. Pas de construction coûteuse, mais une adaptation intelligente. Les perspectives sont massives, et une ligne de production de 20 000 tonnes annuelles est à l'étude en Europe et aux États-Unis. Les discussions sont déjà engagées avec plusieurs des 10 plus grands fabricants mondiaux de cellules de batterie. Le premier accord commercial pourrait tomber mi-2025. Un avenir noir de carbone moins sombre qu'il n'y paraît.
Sources : The Next Web, CarbonX