Intel n'écarte plus une réelle séparation entre ses propres produits et ses activités de fonderie, qui consistent à fabriquer des semi-conducteurs pour des tiers. C'est un vrai pivotement par rapport à l'approche défendue jusqu'alors, témoignant de la position fragile dans laquelle se retrouve le géant américain.
La société, marquée par la chute du marché du PC et l'essor exponentiel de l'intelligence artificielle (IA) générative, traverse une très mauvaise passe, qui l'a poussée à entamer une importante restructuration. Au troisième trimestre 2024, elle a enregistré la pire perte de son histoire, poussant son P.-D.G. Pat Gelsinger à annoncer sa démission. Ses remplaçants, Michelle Johnston Holthaus et David Zinsner, semblent décidés à changer de cap.
Changement de ton
Car Pat Gelsinger considérait la fonderie comme la pierre angulaire de son projet pour Intel, à qui il voulait redonner sa gloire d'antan. Toutefois, l'entreprise a rencontré d'importantes difficultés avec son nouveau procédé de gravure A18, occasionnant des retards catastrophiques pour son activité.
Lors d'une conférence de la banque d'investissement Barclays à San Francisco ce jeudi 12 décembre, les dirigeants fraîchement nommés ont logiquement été interrogés sur ce fameux procédé. Il leur a été demandé, plus précisément, si le lien entre les activités de conception et de fabrication était directement conditionné par son succès. Actuellement, Intel Foundry Services est une unité distincte au sein d'Intel, mais pas une entité juridique séparée.
Prévue pour l'année prochaine, la gravure A18 est censée ramener la fabrication d'une puce phare pour PC en interne, alors que sa production avait été livrée à TSMC, leader mondial de la fonderie et grande rivale d'Intel. « D'un point de vue pragmatique, je pense qu'il est logique qu'elles soient complètement séparées et qu'il n'y ait pas de lien entre elles. Je ne pense pas que ce soit le cas. Mais quelqu'un en décidera », a répondu Michelle Johnston Holthaus, marquant un sérieux tournant par rapport à son prédécesseur.
Une vente future ?
De son côté, David Zinsner a souligné les efforts de restructuration d'Intel. La division de fonderie est déjà gérée séparément, tandis qu'un conseil d'administration et un système de logiciel de processus d'entreprise distincts sont en cours de constitution. Mais il n'a pas exclu d'aller encore plus loin. « C'est ce qui va se passer. Sera-t-elle jamais totalement séparée ? C'est une question ouverte pour un autre jour », a-t-il déclaré.
Des propos qui soulèvent plus de questions que de réponses… Car tout porte à croire que le dirigeant fait référence à une potentielle vente de l'entité de fonderie.
Dans l'ensemble, les nouveaux patrons se démarquent clairement de Pat Gelsinger qui avait tendance à afficher un optimise à toute épreuve. Ils ont assuré que la compétitivité d'Intel ne serait pas redressée de sitôt, et précisé que l'entreprise rencontrait des difficultés dans le domaine des produits pour centres de données.