Pékin annonce de nouvelles restrictions sur l'exportation des technologies liées aux véhicules électriques et aux batteries. Cette décision stratégique, combinée au blocage récent des matériaux pour semi-conducteurs, intensifie les tensions commerciales avec Washington à l'approche du retour de Donald Trump.
La guerre économique entre la Chine et les États-Unis passe au niveau supérieur des tensions. Le ministère du Commerce chinois vient d'annoncer son intention de contrôler l'exportation des technologies d'extraction du lithium et de fabrication des cathodes de batteries. Cette mesure s'ajoute aux restrictions déjà imposées sur les matériaux stratégiques comme le gallium et le germanium.
La Chine, qui détient 70 % du traitement mondial du lithium, durcit ainsi sa position dans une ambiance de tensions croissantes avec les États-Unis. Selon les experts, il s'agit d'une stratégie calculée de « militarisation des ressources », juste avant le retour de Donald Trump à la présidence américaine.
La Chine resserre son emprise sur la chaîne d'approvisionnement des batteries
Le gouvernement chinois prépare une offensive stratégique sur le marché des véhicules électriques. Comme le rapporte CNN, le ministère du Commerce envisage de restreindre l'exportation des technologies d'extraction du lithium et de production des cathodes de batteries. Il entend ainsi renforcer sa position dominante de la Chine sur le marché convoité des batteries. Adam Webb, expert chez Benchmark Mineral Intelligence, souligne que ces mesures consolideront « l'emprise de 70 % » de la Chine sur le traitement mondial du lithium.
C'est que les enjeux sont colossaux. Une batterie de véhicule électrique nécessite environ 8 kilogrammes de lithium, contre quelques grammes pour un iPhone. L'Agence internationale de l'énergie prévoit que la production mondiale ne couvrira que 50 % des besoins en lithium d'ici à 2035. McKinsey projette une explosion de la demande en batteries lithium-ion : de 700 gigawattheures en 2022 à 4 700 en 2030. Les constructeurs chinois BYD et CATL, qui représentent déjà 40 % du marché mondial des batteries pour véhicules électriques, renforcent leur avantage compétitif.
Les restrictions commerciales s'intensifient entre Pékin et Washington
Mais le contrôle des exportations des éléments essentiels aux batteries n'est que la partie émergée de l'iceberg de la stratégie de l'Empire du Milieu. On l'a vu, Pékin a récemment interdit la vente aux États-Unis de matériaux critiques pour l'industrie des semi-conducteurs : gallium, germanium et antimoine. Ces composants sont nécessaires à la fabrication des puces par radiofréquence utilisées dans les smartphones et les communications satellites.
Et comme si cela n'était pas suffisant, le ministère du Commerce vient d'ajouter 28 entreprises américaines à sa liste noire, dont les géants de la défense Lockheed Martin et Raytheon Missiles & Defense. Si cela ne montre pas la volonté de Pékin d'utiliser son arsenal réglementaire comme levier de négociation, alors on botte en touche.
La liste de contrôle des exportations, calquée sur la « liste des entités » du département américain du Commerce, cible spécifiquement les technologies à double usage. Les experts y voient une réponse directe aux restrictions américaines sur les exportations de semi-conducteurs imposées par l'administration Biden. À voir comment Donald Trump va s'occuper du dossier.
Source : CNN