Dans une manœuvre stratégique sans précédent, la Chine dégaine l'arme réglementaire contre le fleuron américain des processeurs graphiques. Cette investigation sur les pratiques commerciales de NVIDIA intervient alors que Washington multiplie les restrictions technologiques à l'encontre de l'Empire du Milieu, marquant une nouvelle phase dans la bataille mondiale des semi-conducteurs.

La Chine remet une pièce dans la guerre économique qui l'oppose aux États-Unis. © Shutterstock
La Chine remet une pièce dans la guerre économique qui l'oppose aux États-Unis. © Shutterstock

La tension monte d'un cran dans le bras de fer technologique opposant les deux premières puissances mondiales. Quelques jours seulement après l'annonce de nouvelles sanctions américaines visant le secteur technologique chinois, Pékin contre-attaque en lançant une enquête antitrust contre le géant américain NVIDIA. Cette escalade s'inscrit dans un contexte déjà tendu autour des semi-conducteurs, composants devenus le nerf de la guerre technologique et essentiels au développement de l'intelligence artificielle.

Une riposte chinoise calculée

L'administration Biden vient d'imposer une nouvelle salve de mesures restrictives particulièrement sévères. Pas moins de 140 entreprises chinoises se retrouvent désormais sur liste noire, avec l'interdiction d'accéder aux technologies américaines jugées sensibles. Washington cible notamment l'exportation de puces mémoires à large bande passante, composants critiques pour les systèmes d'IA avancés.

Face à ces restrictions, la Chine accélère sa quête d'autonomie technologique. Les géants locaux comme Xiaomi développent leurs propres capacités de production, avec l'ambition de commercialiser dès 2025 des puces gravées jusqu'à 3 nanomètres. Cette démarche s'accompagne d'investissements massifs dans les infrastructures de production, notamment via le Big Fund, un fonds gouvernemental doté de plusieurs dizaines de milliards de dollars.

L'investigation lancée par Pékin vise spécifiquement les pratiques commerciales de NVIDIA sur le marché des processeurs graphiques. Les autorités chinoises scrutent particulièrement les politiques tarifaires et les accords d'exclusivité du géant américain, qui détient une position dominante sur le marché des puces pour l'IA.

La Chine remet une pièce dans la guerre économique qui l'oppose aux États-Unis. © Shutterstock
La Chine remet une pièce dans la guerre économique qui l'oppose aux États-Unis. © Shutterstock

Un conflit aux multiples facettes

Le contrôle des technologies de pointe cristallise les tensions. Les États-Unis justifient leurs restrictions par des impératifs de sécurité nationale, craignant que ces technologies ne servent à la modernisation militaire chinoise. Le département du Commerce américain a ainsi mis sous surveillance 24 types d'équipements de fabrication et trois catégories d'outils logiciels liés aux semi-conducteurs.

Cette guerre technologique impacte l'ensemble de la chaîne de production. L'entreprise néerlandaise ASML, leader mondial des équipements de photolithographie, s'est vue contrainte de cesser la vente de ses machines les plus sophistiquées à la Chine depuis janvier 2024. Une décision lourde de conséquences, sachant que le marché chinois représente près d'un tiers de ses revenus.

La situation pourrait encore s'aggraver avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier. La Chine, qui dénonce « l'intimidation unilatérale » des États-Unis, pourrait multiplier les mesures de rétorsion. Le ministère chinois du Commerce accuse Washington « d'entraver les échanges économiques et commerciaux normaux », tandis que les analystes prédisent une fragmentation croissante du marché mondial des semi-conducteurs.

Source : USA TODAY