Le CES a confirmé les ambitions de Valve : propulser SteamOS au-delà du Steam Deck pour en faire un incontournable des consoles portables PC. Entre partenariats renforcés et pilotes en cours de développement, le système d’exploitation libre entend bien voler la vedette à Windows sur ce segment du marché.

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À l’heure où la Legion Go S accueille officiellement SteamOS, improviser un nouvel écosystème PC-console n’a jamais semblé aussi réalisable. De plus, Valve propose bientôt une version bêta accessible à tous, promesse de découvertes – et d’éventuels tâtonnements.

Un nouvel élan pour « l’OS du Steam Deck »

SteamOS n’est plus seulement ce système taillé à la base pour le Steam Deck. Déjà, de nouveaux appareils confirment vouloir surfer sur la vague : un petit saut dans l’interface de Valve sans être relié à Windows séduit de plus en plus de marques qui, hier encore, ne juraient que par le système de Microsoft. On avait vu quelques expérimentations artisanales et des distributions tierces copier l’expérience, aujourd’hui, c’est l’éditeur lui-même qui fait équipe avec des fabricants.

Dans l’univers des consoles portables sous Windows, beaucoup de joueurs n’attendent qu’une chose : ne plus jongler entre mises à jour, pilotes mal adaptés et interfaces compliquées. Valve compte se démarquer en fournissant directement les pilotes open-source pour diverses puces et cartes graphiques. L’OS maison embarque sa propre couche de correction pour les jeux, et cette philosophie du « tout sous le même toit » annonce un confort d’utilisation que Windows ne propose pas forcément sur de petits écrans.

Le Legion Go S dans sa variante SteamOS. © Lenovo
Le Legion Go S dans sa variante SteamOS. © Lenovo

Histoire de ne pas froisser tout le monde, le fabricant laisse malgré tout la porte ouverte : pas de volonté explicite de « tuer Windows ». L’intention affichée est plutôt de proposer une alternative « consolesque » qui permettrait d’allumer son appareil et de lancer une partie aussitôt. Bref, redistribuer les cartes sur le marché du jeu nomade ou sédentaire, tout en respectant la sacro-sainte liberté du PC.

Pour couronner le tout, Valve promet une version bêta téléchargeable librement après mars. Une bonne nouvelle pour ceux qui rêvent de voir leur vieux PC portable ou leur mini-PC de salon prendre une nouvelle vie. Les plus bidouilleurs pourront l’installer, quitte à rencontrer quelques soucis de compatibilité, puisqu’il reste du chemin à parcourir, notamment du côté des GPU NVIDIA. Mais n’ayez crainte : la communauté Linux s’est toujours montrée réactive, et le gain de performance obtenu en échange d’une configuration un peu plus complexe pourrait valoir la chandelle.

Les défis techniques et les ambitions open-source

Malgré cet enthousiasme, développer un système original n’est pas une promenade de santé. La force de Valve réside dans sa maîtrise de nombreux outils libres comme Mesa (la brique essentielle pour la 3D sur Linux) et Proton (cette couche de compatibilité qui fait tourner la majorité des jeux Windows). Les pilotes pour puces AMD avancent à toute vitesse, aidés par sept ans de contribution active au sein de la communauté open-source. En revanche, côté Intel et NVIDIA, le retard est bien réel. Les ingénieurs de Valve travaillent d’arrache-pied, mais ils ne cachent pas le fait qu’on est encore loin d’une prise en charge parfaite.

Proton est la couche de compatibilité de SteamOS, et le projet est open-source. © Clubic

Quand on veut installer SteamOS sur une machine hors Steam Deck, il faut se souvenir que les procédures peuvent être balbutiantes. Les amateurs d’ISO bien ficelées et d’installeurs ponctués de jolis assistants passeront peut-être quelques nuits blanches à pester contre les manques de finition. Reste que cette première version grand public mise surtout sur la flexibilité : Valve préfère améliorer progressivement les fondations, plutôt que de peaufiner des écrans d’installation sophistiqués. Et il faut saluer l’avancée fulgurante d’un système Linux qui, il y a quelques années, n’était pas franchement synonyme de facilité côté jeux.

Sur un registre plus enthousiaste, on constate que l’open-source accélère le calendrier des nouveautés. Avec l’arrivée de partenariats sur plusieurs appareils, c’est tout un écosystème qui se coordonne : firmware, BIOS, pilotes graphiques… l’intérêt est de faire en sorte que chaque correctif soit partagé avec tout le monde, ce qui motive les partenaires à s’aligner. On se retrouve alors avec une expérience plus fluide : le joueur n’a pas à courir après la dernière version d’un pilote ou à subir de multiples redémarrages.

Il reste la question du multi-plateforme : passer d’un 8 pouces portable à un écran de salon 4K ou même à une configuration VR. Là encore, la modularité de SteamOS semble taillée pour offrir un univers de possibilités. Les bruits de couloir évoquent des expérimentations internes : Valve testerait de nouveaux designs, potentiellement pour démarcher le jeu sur téléviseur ou donner une seconde chance à l’idée d’une « Steam Box ». Bien sûr, la firme nie travailler sur du hardware de salon, mais le fameux projet « Fremont » continue de faire parler de lui.

La conquête du futur, un pas après l’autre

Dans la ligne de mire de Valve, on retrouve un objectif clair : démocratiser un écosystème où l’utilisateur peut simplement poser les mains sur la machine et jouer, sans se soucier de la couche logicielle. Cette notion d’« instant gaming » motive les équipes, qui peaufinent l’interface façon console. À la différence d’un Windows plus polyvalent – et plus lourd –, SteamOS se veut minimaliste à l’allumage pour pouvoir se lancer en quelques secondes.

En coulisses, Valve nourrit de grandes ambitions. Le code de SteamOS laisse imaginer un support ARM, ce qui ouvrirait la voie à des consoles portant des processeurs ultra performants sur architecture mobile. L’avenir pourrait aussi inclure une cohorte de nouveaux acteurs hardware, des casques de réalité virtuelle ou des PC de salon façon box. L’avantage d’être aux manettes du développement, c’est que les ajustements pour supporter de nouveaux périphériques se répercutent sur tous les utilisateurs. Ainsi, quand un fabricant s’y met, la communauté toute entière en profite.

Le Geekom A9 Max avec son APU AMD serait un candidat idéal pour un PC de salon sous SteamOS. © Geekom

Bien sûr, certains joueurs se demandent si tout cela va suffire à égaler la bibliothèque Windows, et surtout à résoudre le casse-tête des anti-cheats qui brident parfois les jeux multijoueur. Sur ce point, Valve reste confiant, en rappelant que plus la base d’utilisateurs SteamOS grandit, plus il devient rentable pour les développeurs de prendre Linux en charge. Par ailleurs, l’effort de compatibilité Proton s’est déjà révélé bluffant sur des centaines de titres AAA. Et vu les millions de joueurs conquis par le Steam Deck, les studios pourraient finir par se laisser convaincre plus vite que prévu.

Enfin, il serait injuste de réduire l’attrait de SteamOS à la seule performance en jeu. Le système ouvre à la créativité : passer en mode bureau se fait en un clin d’œil, permettant d’installer des applications Linux, de personnaliser l’interface, voire de bidouiller le système. Rien n’empêche alors de revisiter son PC façon console, tout en profitant d’une suite bureautique ou d’outils de streaming. Pour les amateurs de retrogaming, il suffit de quelques émulateurs, et le tour est joué.

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9 / 10