En dépit des efforts marketing de Microsoft autour de l'IA, des NPU performants ajoutés à la dernière génération de puces mobiles, et de leur intégration à toute une flopée de PC portables Copilot+, l'année 2024 n'aura finalement pas été synonyme d'explosion des ventes sur le marché PC. En l'état, la croissance observée sur ce secteur est, au mieux, mollassonne.
C'est en tout cas ce que l'on retient des chiffres publiés cette semaine par le cabinet d'analyse Gartner. On y constate que la démocratisation de l'IA sur une majorité des modèles de PC lancés en 2024 n'aura pas eu l'effet bénéfique escompté sur les ventes au cours de l'année dernière. Les espoirs de relance placés dans cette technologie semblent donc laisser place à une certaine déception pour les différents acteurs du marché.
D'une manière générale, le secteur du PC reste d'ailleurs au creux de la vague depuis la fin de la période de COVID-19. Un bilan morose que l'on sentait venir après l'arrivée de premières informations, maussades elles aussi, relatives aux ventes de PC portables ARM sous Snapdragon X.
Une croissance bien moins palpable que ce qu'on pouvait imaginer…
Dans le détail, on découvre que l'infusion d'IA sur les ordinateurs fixes, et surtout portables, n'a en effet contribué qu'à une croissance de 1,3 % par rapport à l'année 2023. La croissance n'est donc pas tout à fait absente, mais elle doit être prise avec tout le recul nécessaire, 2023 étant considérée par les analystes de Gartner comme « l'année la plus faible des dix dernières années de l'histoire du PC ».
Ces 1,3 % de croissance partent donc de très bas. Ils sont bien loin du rebond promis fin 2023/début 2024 par certains analystes. Ces derniers misaient pour rappel sur l'addition de plusieurs facteurs pouvant effectivement influencer favorablement les ventes : le renouvellement des PC d'entreprises face à la fin de service programmée de Windows 10, l'arrivée de nombreux PC dopés à l'IA, et le déploiement de Windows 12.
Finalement, Windows 10 tend à faire de la résistance au sein des entreprises, l'IA a fait « pschitt » suite au demi-échec des outils Copilot sur Windows 11 (une situation que l'on doit aussi aux prix élevés des PC compatibles)… et au bout du compte Windows 12 n'a pas été lancé.
Des PC IA trop coûteux… arrivés en pleine crise économique
« Pour les consommateurs, le prix des PC IA a été un frein à une éventuelle adoption massive, tandis que les incertitudes économiques dans certaines régions, comme la Chine et certaines parties de l'Europe, ont continué à étouffer la demande de PC », commentent pour leur part les experts de Gartner. Quant au cabinet IDC, il corrobore globalement les chiffres de Gartner en évoquant pour sa part une croissance totale de seulement 1 % pour le marché PC en 2024, rapporte PC Mag.
« Lorsque l'industrie tente d'imposer de nouveaux PC d'IA plus coûteux à un moment où les cas d'utilisation sont encore à l'étude et où les budgets sont serrés, il est clair que cela va être un défi », explique quant à lui Ryan Reith, analyste pour IDC.
L'intéressé estime toutefois que l'IA est là pour rester, et que le marché PC pourrait finir par en tirer réellement profit. « Mais l'IA "on-device" pour les PC est incontournable ; par conséquent, à l'heure actuelle, il s'agit pour les fournisseurs d'essayer d'être patients, car leurs clients font face à des vents contraires qui n'ont rien à voir avec ces avancées technologiques », conclut-il.
Une année 2025 potentiellement compliquée elle aussi
Ce qui est clair, c'est qu'à quelques rares exceptions près, les PC portables Copilot+ sont majoritairement arrivés sur le marché à plus de 1 000 euros. Une somme conséquente pour la majorité des utilisateurs, a fortiori en période de crise économique et politique.
En dépit de l'adversité, certains constructeurs ont néanmoins réussi à tirer leur épingle du jeu en 2024. C'est notamment le cas de Lenovo (numéro 1 du marché), d'Apple ou encore d'ASUS, qui ont tous les trois profité d'une croissance comprise entre + 4 % et + 6 % l'année dernière.
Pour dynamiser le marché, notons en outre que Qualcomm a d'ores et déjà annoncé vouloir commercialiser des puces ARM plus abordables, pensées pour s'installer dans des PC vendus aux environs de 600 dollars.
Reste à savoir si ces nouveaux efforts porteront leurs fruits, et si 2025 sera une meilleure année que 2024 pour les constructeurs de PC. Dans l'immédiat, difficile de le savoir. L'entrée en fonction de Donald Trump pour un second mandat est en effet source d'incertitude pour le marché.
Le président élu des États-Unis a d'ores et déjà fait part de son intention d'imposer de nouveaux droits de douane sur les produits assemblés en provenance de Chine. Une décision qui pourrait conduire à une nouvelle hausse du prix des PC portables, des smartphones ou encore des tablettes.
Pour rappel, l'investiture de Donald Trump est prévue le 20 janvier prochain.
Source : PCMag