Mis en examen pour complicité d'activités criminelles, Pavel Durov reconnaît que Telegram est devenu un refuge pour des groupes malveillants. Le fondateur de la messagerie promet d'améliorer la modération de la plateforme aux 950 millions d'utilisateurs.

La messagerie Telegram est régulièrement soupçonnée d'être une vraie passerelle pour les individus malveillants © JarTee / Shutterstock.com
La messagerie Telegram est régulièrement soupçonnée d'être une vraie passerelle pour les individus malveillants © JarTee / Shutterstock.com

La messagerie Telegram est dans une position plutôt délicate en France. Son fondateur Pavel Durov, mis en examen fin août 2024 pour complicité d'activités criminelles, a reconnu le mois dernier devant les juges d'instruction la présence croissante de groupes malveillants sur sa plateforme. Une prise de conscience qui s'accompagne de promesses d'amélioration, alors que l'application revendique près d'un milliard d'utilisateurs.

Telegram confrontée à ses démons

Lors de son audition en décembre, Pavel Durov a dû faire face à la réalité : sa messagerie est devenue un refuge pour de nombreux groupes criminels. Les juges ont en effet identifié une quinzaine de groupes dédiés à des activités illégales, allant de la pédocriminalité au trafic de stupéfiants.

Si le milliardaire russo-français a dit regretter cette situation, il a affirmé et rappelé ne pas avoir créé Telegram en 2013 « pour les criminels ». Certains pourraient croire que face à ces accusations, le PDG de Telegram a tenté de minimiser l'ampleur du phénomène.

Il a souligné que les activités illicites ne représentent qu'une « fraction minime » des échanges sur la plateforme. Pour preuve, l'application supprimerait chaque mois entre 15 et 20 millions de comptes utilisateurs suspects, ainsi qu'un à deux millions de groupes et chaînes aux activités et échanges peu louables.

La modération reste cependant un défi majeur pour Telegram. L'entreprise reconnaît des lacunes dans son système de détection, notamment en France. Pavel Durov a notamment admis que ses équipes ne connaissaient pas certains termes d'argot liés au trafic de drogue, et que ses algorithmes n'étaient pas suffisamment entraînés pour le marché français, Free l'ayant récemment appris à ses dépens.

Le patron de Telegram a récemment été entendu par la justice française © Shutterstock
Le patron de Telegram a récemment été entendu par la justice française © Shutterstock

Des engagements sous pression judiciaire

Sous pression des autorités françaises, Telegram a promis de renforcer sa coopération. L'entreprise, qui a répondu à 673 demandes judiciaires au dernier trimestre 2024 en France, contre seulement 4 au premier trimestre, a indéniablement montré des signes d'ouverture.

Cette évolution disons comportementale a été saluée par Emmanuel Macron, même si les magistrats restent sceptiques quant à l'efficacité de ces mesures. Il ne faut pas non plus oublier que l'entreprise basée à Dubaï traverse également une période financière délicate.

Car oui, malgré l'annonce de son premier bénéfice net fin 2024, Telegram fait face à une dette de 2 milliards de dollars. Cette situation pourrait donc expliquer la volonté de Pavel Durov d'assainir l'image de sa plateforme, les activités illicites étant selon lui « mauvaises pour la société et les affaires », difficile de lui donner tort.

À l'échelle mondiale, Telegram affirme avoir fourni des informations sur plus de 10 000 utilisateurs suspects au premier semestre 2024. Un chiffre que les magistrats jugent insuffisant au regard des 950 millions d'utilisateurs revendiqués. L'avenir nous dira si les engagements pris par Pavel Durov se traduiront par des actions concrètes pour lutter efficacement contre les activités illégales. 2025 pourrait être une année décisive pour la messagerie.

Source : Le Figaro