Plus de deux ans après leur retour sur Terre, les échantillons de l'astéroïde Bennu continuent de révéler leurs secrets. Et cette dernière découverte pourrait bien bouleverser nos connaissances sur l'origine de la vie.

L'astéroïde Bennu n'a pas fini de nous surprendre © joshimerbin / Shutterstock
L'astéroïde Bennu n'a pas fini de nous surprendre © joshimerbin / Shutterstock

La mission OSIRIS-REx de la NASA a débuté en 2016, lorsque la sonde a quitté la Terre en direction de l'astéroïde géocroiseur Bennu, d'un diamètre de 500 mètres environ. Son objectif : collecter des échantillons de l'astre, datant du début du Système solaire, pour les rapporter sur notre planète.

Et ce fut une réussite, avec leur retour en septembre 2023. Depuis, nous avons appris qu'ils contenaient de très grandes quantités de molécules carbonées et des argiles saturées d'eau. Mais de nouvelles études publiées dans la revue Nature vont beaucoup plus loin.

Des composants essentiels à la vie, mais…

En les analysant plus méticuleusement, les scientifiques de la NASA ont en effet découvert des composants essentiels à la vie, notamment les cinq nucléobases de l'ADN et de l'ARN, ainsi que 14 des 20 acides aminés présents dans les protéines terrestres. Cependant, la véritable surprise réside dans le fait que les acides aminés de Bennu présentent une répartition égale entre leurs formes chirales gauche et droite. Car, sur Terre, les acides aminés des êtres vivants sont presque exclusivement de type gauche.

Cela démontre non seulement que les bases de la vie ne sont pas propres à la Terre, mais remet également en question l’hypothèse de la panspermie. Cette dernière suggère que la vie pourrait avoir été ensemencée par des micro-organismes ou des molécules organiques provenant de l’espace.

Jusqu'alors, les chercheurs estimaient que des astéroïdes similaires à Bennu avaient potentiellement apporté sur Terre des molécules ayant déjà une préférence gauche, influençant l'origine de la vie. Or, la symétrie des formes chirales de Bennu va à l'encontre de cette théorie.

« Ce qui rend ces résultats si significatifs, c'est que nous les avons trouvés dans un échantillon vierge », explique Daniel Glavin, astrobiologiste au Goddard Space Flight Center de la NASA et coauteur de l'étude. Car lorsque les météorites frappent la Terre, elles sont chauffées dans l'atmosphère et contaminées par les molécules de la planète. Les échantillons, eux, ont été transportés dans une boîte hermétique, les protégeant de tout parasite.

Vision d'artiste de la sonde OSIRIS-REx © NASA
Vision d'artiste de la sonde OSIRIS-REx © NASA

Découverte de saumures

Par ailleurs, les scientifiques ont également trouvé des saumures anciennes, c'est-à-dire des dépôts de sels formés après l'évaporation de l'eau, qui se seraient formées il y a des milliards d'années sur l'astéroïde parent de Bennu, avant que celui-ci ne se fragmente. Cela suggère que de l'eau liquide a existé à un moment donné dans l'histoire de l'astéroïde ou de son corps d’origine.

Si rien n'est encore sûr, les chercheurs estiment que la présence des saumures, combinées aux molécules organiques simples, aurait pu servir de point de départ à la formation de composés plus complexes comme les nucléobases.

Source : Nature