Amazon frappe un grand coup dans la course à l’intelligence artificielle. Le géant prévoit d’investir 100 milliards de dollars en 2025, dépassant largement ses rivaux Microsoft et Google.
![Amazon andy jassy](http://pic.clubic.com/38bfdeb92276934/1200x800/smart/amazon-andy-jassy.jpg)
L’annonce intervient à quelques semaines de la refonte générative d’Alexa, prévue fin février. Andy Jassy, PDG d’Amazon, justifie cet effort financier par « une opportunité unique en son genre » dans le domaine de l’IA. Les dépenses consacrées à Amazon Web Services (AWS) représenteront l’essentiel de cet investissement, selon les déclarations aux investisseurs.
Une course aux budgets sans précédent
Avec 100 milliards de dollars prévus en 2025, Amazon surpasse de loin les enveloppes de ses principaux concurrents. Microsoft table sur 80 milliards, tandis que Google annonce 75 milliards. Cette différence s’explique par la domination actuelle d’AWS, qui détient 33 % des parts du marché du cloud, contre 20 % pour Azure et 10 % pour Google Cloud.
Les dépenses d’Amazon incluront des centres de données, des puces dédiées (Trainium2) et des infrastructures réseau. Près de 11 milliards sont déjà engagés pour un complexe en Géorgie. « La majorité de ces investissements servira à développer l’IA pour AWS », a précisé Jassy lors de la conférence résultats.
Les analystes soulignent un paradoxe : malgré des revenus en hausse de 11 % sur l’année 2024 (638 milliards de dollars), l’action Amazon a chuté de 4 % après l’annonce. Les marchés s’inquiètent des retours sur investissement dans un secteur où les modèles rivaux, comme le chinois DeepSeek, promettent des coûts réduits.
AWS, pierre angulaire de la stratégie IA
Avec 19 % de croissance annuelle, AWS reste le moteur financier du groupe. La division cloud représente 15 à 17 % du chiffre d’affaires total. Son succès repose sur une offre technique diversifiée : modèles maison (Nova), marketplace de modèles tiers (Bedrock), et outils pour développeurs (SageMaker).
Les investissements massifs répondent à une demande explosive. « Nous avons des contraintes de capacité », reconnaît Jassy. Les serveurs UltraServer et le projet Rainier, un supercalculateur dédié à l’entraînement de modèles, illustrent cette course à la puissance.
![D’après des estimations internes, 90 % des dépenses cloud seraient alloués à l’IA. © Amazon](http://pic.clubic.com/0a68337d2276931/1200x675/smart/amazon-trainium2-data-center.jpg)
Cette stratégie s’accompagne d’un virage vers du silicone propriétaire. Les puces Trainium2, présentées comme 30 à 40 % plus efficaces que les GPU standards, attirent déjà des clients comme Anthropic, derrière l'intelligence artificielle Claude. Un partenariat stratégique renforcé par un investissement dans la startup.
Alexa, vitrine grand public d’une ambition industrielle
La refonte imminente d’Alexa en agent conversationnel autonome s’inscrit dans cette dynamique. Basée sur les modèles Claude d’Anthropic, elle promet des réponses en moins de 2 secondes et un taux d’hallucinations « proche de zéro ». Un défi technique relevé après 1,2 million de tests automatisés.
Cette transformation s’accompagne d’un nouveau modèle économique. La version premium (Remarkable Alexa), entre 5 et 10 dollars mensuels, devra séduire 14 millions d’abonnés pour rentabiliser les investissements. Un pari risqué : 68 % des utilisateurs actuels refusent de payer pour des fonctions « avancées ».
Si Amazon mise sur un « effet de levier à moyen terme », certains experts pointent les risques d’une surenchère financière. Les plus de 300 milliards de dollars cumulés par les GAFAM en 2025 creusent l’écart avec les acteurs moins dotés.
La concurrence avec la Chine et l'annonce du projet Stargate ajoutent une couche géopolitique. L’émergence de DeepSeek, capable de produire des modèles rivaux à moindre coût, pourrait redistribuer les cartes. Pour Jassy, il s’agit cependant d’un « moment Spoutnik » : un catalyseur qui accélérera l’innovation plutôt qu’une menace directe.
Source : Tech Radar