L'avenir d'Intel est difficile à imaginer, et alors que des hypothèses de rachat ont été formulées, elles se heurtent à de sérieux obstacles.

Des obstacles se dressent sur la route du rachat d'Intel © Intel
Des obstacles se dressent sur la route du rachat d'Intel © Intel

En difficulté depuis déjà un bon moment, Intel s'est retrouvée en très fâcheuse posture tout au long de l'année 2024, avec des pertes abyssales, en particulier sur sa branche fonderie, le bras industriel du groupe.

Le versement d'une importante subvention lui a donné un ballon d'oxygène, mais Intel, qui a perdu beaucoup de sa valeur, pourrait faire l'objet d'une offre solide de rachat… si un grain de sable ne vient pas tout faire rater.

La chute vertigineuse d'Intel

Sur ce dossier Intel, les choses peuvent prendre tout leur temps pour s'accélérer en l'espace de quelques jours. Ainsi, durant des années, on a répété que la firme innovait très peu, sans que cela change rien. Puis, 2024 est arrivé.

Le deuxième trimestre financier du groupe a fait l'effet d'une bombe, et rien n'a changé. En revanche, à partir de la publication des pertes du troisième trimestre, les rumeurs sont parties dans tous les sens. Ensuite, il y a eu le départ de Pat Gelsinger, le P.-D.G. reconnu qui semblait plutôt bien tenir son cap… avant d'être débarqué par le conseil d'administration début décembre et remplacé par David Zinsner et Michelle Johnston Holthaus, qui ne font qu'assurer l'intérim.

Dans la foulée, nous avons appris que la situation financière d'Intel n'était plus aussi mauvaise. D'abord, la firme pouvait compter sur des liquidités nouvelles grâce au versement de la tant attendue subvention de 8 milliards de dollars de la part du gouvernement américain. De plus, les résultats du quatrième trimestre 2024 sont tombés, avec à la clé des pertes en net recul et un rebond intéressant du chiffre d'affaires.

Les potentielles offres de rachat

Ces informations financières plutôt positives, qui ne suffisent cependant pas à assurer l'avenir d'Intel et l'arrivée d'une nouvelle administration à la tête des États-Unis, ont relancé toutes les spéculations.

Ainsi, en l'espace de quelques jours à la mi-février, moins d'un mois après l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, nous avons d'abord eu droit à un coup de pression sur TSMC pour qu'elle soit davantage contrainte de produire sur le sol américain avant que deux énormes hypothèses de rachat soient formulées. Dans la première, Intel était carrément démantelée avec Broadcom pour récupérer la partie conception et TSMC pour la partie production.

Dès le lendemain, c'est une autre hypothèse qui était avancée : celle non plus d'un rachat total de la division Intel Foundry par TSMC, mais simplement d'une prise de participation par la société taïwanaise, qui détiendrait alors plus ou moins 20 % des parts de la section production d'Intel.

Vous l'aurez compris, le dossier Intel est aussi brûlant qu'il est complexe à gérer pour toutes les parties concernées, de près ou de loin. Il y a bien sûr Intel qui joue ni plus ni moins que sa survie, mais il y a aussi les concurrents et les potentiels partenaires du groupe, et enfin, le gouvernement américain qui veut soutenir l'un de ses fleurons et vanter le made in America sans toutefois y laisser trop de plumes.

AMD pour bloquer les options ?

Eh bien, voilà que de déjà complexes, les choses deviennent pour ainsi dire inextricables, alors que nos confrères de Tom's Hardware font état d'un potentiel problème majeur qui affecterait toutes les tentatives de rachat.

Il faut effectivement savoir que, concurrents depuis toujours, AMD et Intel n'en sont pas moins partenaires, parfois un peu contraints et forcés. Toujours est-il que de nombreux accords croisés de licence existent entre les deux groupes, le plus récent ayant été signé en 2009, selon nos confrères. Grâce à ces accords, les deux sociétés peuvent utiliser certains brevets de l'autre sans risquer de poursuites judiciaires.

Ces accords couvrent des brevets très variés et permettent par exemple des partages au niveau des jeux d'instructions utilisés sur les processeurs. En revanche, ces mêmes accords sont aussi très stricts, et les cadres d'utilisation sont extrêmement précis… autant que les conditions de résiliation, et c'est peut-être là qu'il pourrait y avoir un souci, un gros souci même.

En effet, la fusion ou le rachat d'une des deux entreprises rendraient les accords en question caduques, et il faudrait revenir à la table des négociations pour établir de nouveaux accords. De fait, si Intel devait être rachetée, par exemple par Broadcom pour la partie CPU, il faudrait renégocier avec AMD. Bien sûr, cela reste jouable, mais AMD serait-elle intéressée ?

Intel est un concurrent sérieux pour AMD, mais à l'heure actuelle, on peut raisonnablement se dire qu'AMD s'en sort très bien. En revanche, si AMD devait affronter une société comme Broadcom regroupant ses capacités actuelles en matière d'intelligence artificielle et celles d'Intel en matière de CPU, il n'est pas dit qu'AMD s'en tire à aussi bon compte.

En revanche, on pourrait aussi imaginer qu'AMD s'appuie sur Broadcom pour contrer la domination actuelle de NVIDIA dans le secteur de l'intelligence artificielle. Les deux sociétés auraient alors un « ennemi » commun. Bref, vous l'aurez compris, le dossier Intel se complexifie chaque jour un peu, et bien malin qui pourra dire ce qu'il en sera dans six mois… trois semaines… deux jours.

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