Le géant historique des processeurs, Intel, pourrait être démantelé. Broadcom et TSMC étudient séparément la possibilité de reprendre respectivement ses activités de conception et de fabrication.

Depuis l'éviction de son PDG Pat Gelsinger au mois de décembre, Intel semble plus vulnérable que jamais. Le fabricant américain, qui a perdu du terrain face à ses concurrents ces dernières années, fait l'objet de convoitises. Broadcom et TSMC, deux acteurs majeurs du secteur, envisagent chacun de leur côté de reprendre une partie des activités, ouvrant la voie à une possible scission de l'entreprise.
Broadcom prêt à racheter la division conception d'Intel, dont la valeur ne cesse de faiblir
Broadcom est en train d'examiner avec attention la branche conception et marketing d'Intel, selon des sources citées par le très sérieux Wall Street Journal. L'entreprise mène déjà des discussions informelles avec ses conseillers, mais elle ne souhaite s'engager qu'à condition de trouver un partenaire pour les activités de fabrication, ce qui illustre d'emblée le côté un peu périlleux, peut-on dire, de l'opération.
Frank Yeary, le président exécutif par intérim d'Intel, superviserait lui-même les négociations avec les potentiels acquéreurs. Sa priorité serait de maximiser la valeur de la firme pour les actionnaires, alors que la valorisation boursière d'Intel a fortement chuté ces dernières années.
Broadcom pèse plus de 1 000 milliards de dollars en Bourse, TSMC plus de 840 milliards, et Intel à peine plus de 100 milliards aujourd'hui. Les actions de l'entreprise ont toutefois bondi la semaine dernière, car portées par les spéculations autour d'un possible accord avec TSMC.
TSMC étudie justement la possibilité de prendre le contrôle des usines de fabrication d'Intel, potentiellement via un consortium d'investisseurs. L'entreprise taïwanaise souhaite transformer ces installations pour les adapter à ses propres méthodes de production de puces avancées, même si le défi technique et financier est considérable.
Un démantèlement loin d'être évident, entre méfiance de l'administration Trump et contraintes techniques
Cette situation rappelle la tentative avortée de Broadcom en 2017, lorsque l'entreprise avait tenté de racheter Qualcomm pour plus de 100 milliards de dollars. À l'époque, l'opération avait été bloquée par l'administration Trump, pour des raisons géopolitiques, les semi-conducteurs demeurant un enjeu sensible.
Ici aussi, l'obstacle pourrait être identique. L'entourage de Donald Trump se montre hostile à l'idée qu'une entité étrangère contrôle les usines d'Intel. Car les installations sont considérées comme stratégiques pour la sécurité nationale américaine, d'autant plus qu'Intel a reçu 7,9 milliards de dollars de subventions dans le cadre du CHIPS Act pour ses usines aux États-Unis.
Au rayon des obstacles, on peut aussi évoquer les complexités techniques. Les usines d'Intel sont configurées pour produire leurs propres puces, et leur adaptation aux méthodes de TSMC nécessiterait des investissements colossaux. De plus, TSMC devrait obtenir l'autorisation de déployer ses ingénieurs, majoritairement taiwanais, sur le sol américain.
Néanmoins, il ne faut pas oublier qu'Intel, qui a dominé l'industrie des processeurs pendant des décennies, a déjà commencé à séparer ses activités de fabrication du reste de la société, en créant une filiale distincte avec son propre conseil d'administration, ce qui pourrait faciliter une éventuelle division.