Les plans d'Intel pour relancer sa division production se heurtent à la réalité du terrain et à une situation économique pour le moins délicate.

Intel Foundry n'est clairement pas sorti de l'auberge © Intel
Intel Foundry n'est clairement pas sorti de l'auberge © Intel

La mise en pause de la construction du vaste centre de production Intel en Allemagne n'est guère surprenante, compte tenu de la situation du groupe. Nous sommes toutefois un peu plus étonnés de ce second « coup de frein ».

C'est cette fois au cœur de l'Amérique, en plein Ohio, que la remise en question des vastes projets d'expansion d'Intel se vérifie. Oh, on se garde bien de parler d'annulation, mais les retards sont conséquents.

Les yeux plus gros que le ventre ?

En arrivant à la tête d'Intel le 13 janvier 2021, Pat Gelsinger avait une idée claire en tête : relancer la machine en mettant toute son énergie pour que la division production, Intel Foundry, retrouve sa place sur la scène mondiale.

Le projet était très ambitieux et reposait notamment sur l'agrandissement et la construction de nouvelles infrastructures, comme cette énorme usine prévue en Allemagne et pour laquelle Intel était parvenue à sécuriser un fond européen de plus de 6 milliards d'euros. D'autres projets concernaient divers pays à travers le monde (Italie, Pologne) et, bien sûr, plusieurs structures déjà existantes en Irlande ou aux États-Unis.

Problème, ce vaste plan était sans doute bien trop complexe si l'on se fie à la situation réelle du groupe. Les résultats, attendus sur le long terme par Pat Gelsinger ne sont pas venus assez rapidement, et le conseil d'administration a finalement remercié son P.-D.G. en fin d'année dernière. Depuis, les projets sont remis en question, les uns après les autres.

La question du projet allemand avait en réalité été tranchée bien avant la mise au placard de Pat Gelsinger. Dès le mois de septembre, Intel avait revu ses plans, et s'il n'était pas question d'une annulation, la chose est dans tous les esprits, alors qu'officiellement, on parle de « mise en pause ».

Les projets d'Intel en Ohio connaissent de très importants retards © Intel
Les projets d'Intel en Ohio connaissent de très importants retards © Intel

Des projets revus à la baisse en Ohio

Nous apprenons que même les structures états-uniennes sont concernées par cette remise en cause des différents plans liés à Intel Foundry. Ainsi, dans l'Ohio, il devait être question du projet « Silicon Heartland », une structure énorme (une gigafactory) afin de doper la capacité de production du groupe dans son pays natal et de s'affirmer comme un partenaire crédible aux yeux des futurs clients. Le projet devait au total coûter la bagatelle de 28 milliards de dollars !

Seulement voilà, malgré le versement de la subvention américaine en fin d'année dernière, Intel ne roule clairement pas sur l'or, et ce genre de projet pharaonique n'est plus exactement dans l'air du temps. Si les travaux ont démarré dans l'Ohio en 2022, ils progressent à un rythme que l'on va qualifier de « tranquille », et le calendrier a été passablement chamboulé. Dès mars 2024, on ne parlait plus que d'une première phase achevée à l'horizon 2027-2028.

Aujourd'hui, le décalage est encore un peu plus net. Pour faire simple, Intel ne prévoit plus qu'un achèvement de cette première phase pour 2030, avec un démarrage de la production à l'horizon 2030-2031. Pour la seconde phase, c'est évidemment encore plus en retard : la construction pourrait être terminée en 2031, pour un lancement de la production en 2032… Une éternité !

Pourquoi de tels décalages ? Pour des raisons financières bien sûr, mais pas forcément comme on pourrait s'y attendre, car un chantier qui dure, c'est aussi un chantier qui coûte beaucoup plus que prévu. Non, une autre raison pourrait être à chercher dans les prévisions de commande : rien ne dit que les clients d'Intel Foundry se bousculent au portillon. 2030, ça laisse le temps de les convaincre.

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