Une enquête menée par l'institut FLASHS pour Hostinger auprès de 1589 Français étudie leur rapport complexe aux réseaux sociaux. 67% des personnes interrogées interagissent quotidiennement en ligne, mais 43% admettent adopter une personnalité différente derrière l'écran. Les jeunes sont particulièrement concernés par ce phénomène, source à la fois de satisfaction et d'anxiété.

Les études, bilans et enquêtes se suivent et… se rejoignent parfois sur certains points. Après que l'ARCEP a révélé que les Français sont accros à leurs écrans, l'étude réalisée par Hostinger du 25 février au 1er mars 2025 démontre l'omniprésence du numérique dans le quotidien des Français. Parmi les personnes interrogées, plus de 8 sur 10 publient ou interagissent régulièrement sur les plateformes qu'elles fréquentent. Facebook reste le réseau social privilégié des Français (61%), suivi d'Instagram (56%) et WhatsApp (47%).
Petite nuance, toutefois, ces préférences varient considérablement selon l'âge : les 18-24 ans privilégient Instagram (83%), TikTok (79%) et Snapchat (74%), tandis que Facebook domine largement chez les plus de 35 ans (74%). Hostinger a commandé cette étude pour comprendre comment les pratiques numériques transforment les comportements quotidiens et quelles stratégies les utilisateurs développent face à une exposition constante en ligne.
Les Français cultivent une double personnalité qui leur permet d'exprimer différemment leurs opinions en ligne
Le changement comportemental ressort comme un aspect fondamental identifié par l'enquête. Si 57% des répondants affirment rester les mêmes en ligne et hors ligne, 43% reconnaissent adopter une attitude différente sur internet. Cette transformation touche particulièrement les hommes (47% contre 39% des femmes) et les jeunes adultes - près des deux tiers (63%) des 18-24 ans modifient leur personnalité une fois connectés.
Cette métamorphose numérique se caractérise par des comportements apparemment contradictoires. D'un côté, 48% des utilisateurs s'expriment plus directement en ligne, 38% se montrent plus audacieux qu'en face-à-face, et 14% utilisent un langage plus vulgaire. De l'autre, 55% adoptent paradoxalement une attitude plus réfléchie, probablement conscients de la permanence de leurs publications. Plus surprenant encore, 57% estiment faire preuve de plus d'empathie derrière leur écran.
Ces modifications comportementales s'accompagnent d'un sentiment accru de liberté pour 57% des interrogés, qui se sentent plus à l'aise pour exprimer leurs opinions. Pourtant, seuls 38% se sentent moins jugés en ligne que dans la vie réelle, ce qui explique en partie pourquoi 57% adaptent leur comportement selon la plateforme qu'ils utilisent.

Les retombées émotionnelles de cette présence numérique poussent désormais la majorité des Français à réguler leur consommation
L'hyperconnexion provoque un large spectre émotionnel chez les utilisateurs français. Côté positif, 35% ressentent de la satisfaction, 18% affirment avoir développé une meilleure confiance en eux, et 16% éprouvent un sentiment d'accomplissement. L'autre versant fait apparaître stress (22%), ennui (20%), frustration (22%) et anxiété (16%).
Cette ambivalence s'observe notamment à travers un phénomène marquant : 44% des Français regrettent certaines de leurs publications, principalement à cause des retours négatifs (44%) ou d'avoir partagé du contenu sous le coup de l'émotion (41%). Le manque de réactions crée également un malaise pour 32% des répondants. Ces regrets touchent davantage les jeunes générations - 63% des 18-24 ans et 55% des 25-34 ans, contre seulement 28% des plus de 50 ans.
En réponse à ces difficultés, les internautes français développent diverses stratégies de protection. Près d'un sur deux (45%) sépare strictement vie privée et présence numérique. Plus d'un tiers (37%) limite volontairement son temps d'écran, tandis que 32% pratiquent des activités loin des réseaux. Les plus jeunes (35% des 18-24 ans) sont plus nombreux à bloquer ou masquer les contenus négatifs.
Les données montrent une prise de conscience générale : 72% des utilisateurs ont déjà réduit leur présence en ligne (48%) ou envisagent de le faire (24%). Cette tendance culmine à 87% chez les 18-24 ans et 80% chez les 25-34 ans, pourtant les plus connectés. Même chez les plus de 50 ans, 62% partagent cette préoccupation.
Tout n'est donc pas perdu, l'enquête démontre bien une réelle volonté de la part des Français de reprendre le contrôle de leur vie numérique, malgré une dépendance croissante aux plateformes sociales.
Source : Hostinger