Danielle ATTIAS
JB - Danielle ATTIAS, peut-on parler de cannibalisation de la presse écrite par la presse en ligne ?
DA - J'ai eu plusieurs études en main et je ne pense pas que l'on puisse parler de cannibalisation car les deux lectorats sont différents, avec un public plus jeune pour la presse en ligne. Brunot Patino, du Monde Interactif, estime néanmoins qu'un quart de son lectorat fréquente les deux types de médias.
Comme le montre un groupe de presse comme Lagardère avec l'arrivée de Didier QUILLOT ou le rachat de , l'heure est désormais à la convergence entre ces deux univers et à la naissance de véritables groupes plurimédias, avec des rédactions de journalistes capables de travailler dans le print, sur le web ou sur les mobiles.
JB - Cette convergence au sein des rédactions peut elle également se faire au niveau des régies publicitaires ?
DA - Oui, jusqu'à présent, les régies sont restées séparées mais elles risquent également de converger avec des offres publicitaires uniques. Cela devrait d'ailleurs poser un grave problème aux groupes de presse car les prix du online sont nettement plus bas que dans le papier. Ces groupes vont devoir se différencier des portails web en mettant en avant la qualité de leurs contenus et de leurs équipes de journalistes pour justifier des tarifs publicitaires plus élevés.
JB - Quel regard portez vous sur les coopérations publicitaires entre Google, et les grands journaux américains ?
DA - Pour le moment, ce sont des offres "win win". Les journaux gagnent de nouveaux annonceurs issus des plates formes de liens sponsorisés et les portails web élargissent l'offre de leurs régies, qui a contrario de celle des éditeurs deviennent véritablement plurimédias.
JB - Pensez vous que l'arrivée du papier numérique et des eBooks va accélérer cette convergence entre presse écrite et presse en ligne ?
DA - En général, un nouveau média s'ajoute aux précédents et je pense que le papier numérique sera un troisième support, après le papier et le web, pour de nombreux titres de presse écrite. Il y a eu beaucoup d'annonces ces dernières années mais j'attends le lancement des premières offres, notamment par le quotidien LesEchos, pour me faire une idée précise de ce type de supports.
JB - Quel sera le modèle dominant pour le papier numérique ? La publicité ? Les abonnements ?
DA - Je pense que les deux modèles coexisteront. Aujourd'hui, l'impression et la distribution du papier peuvent représenter jusqu'à 70% des coûts d'un quotidien. L'arrivée du papier numérique pourrait améliorer la rentabilité des titres gratuits comme 20 Minutes et MetrO mais également représenter de nouvelles opportunités pour les titres payants. Comme les opérateurs cellulaires avec les téléphones mobiles, la perspective de vendre des abonnements pourrait pousser les groupes de presse à subventionner les terminaux de lecture.
