Le groupe de pirates « The Pirate Bay », qui propose notamment un site rempli de fichiers BitTorrent permettant de récupérer des contenus de façon illégale sur Internet, a beaucoup fait parler de lui. Touché dernièrement par de nombreuses attaques judiciaires, le groupe avait ainsi annoncé la semaine dernière qu'il souhaitait se payer l'île indépendante « Sealand », libre de toute juridiction, pour héberger ses activités et ses serveurs. Pour rendre cet achat possible, The Pirate Bay avait notamment sollicité l'aide des internautes en mettant en place une collecte de fonds basée sur le don (voir P2P : The Pirate Bay veut son indépendance).
Malheureusement pour The Pirate Bay, l'achat de « Sealand » semble aujourd'hui ressembler plus à une utopie qu'à autre chose. Plusieurs éléments rendent effectivement l'opération difficile, voire impossible. Il faudrait tout d'abord réussir à convaincre le prince Michael Bates, principal propriétaire de l'île. Ce dernier, lors d'une entrevue accordée à CBC, a affirmé qu'il n'avait aucune intention de vendre sa « micronation » à des personnes qui violent les traités internationaux. On se rappellera toutefois que Sealand a été fondé par Paddy Roy Bates (le père de Micheal Bates) qui avait décidé de s'installer sur cette île et d'affirmer sa souveraineté pour notamment héberger une radio pirate qui avait été bannie du Royaume-Uni.
A propos des activités de The Pirate Bay, Michael Bates a déclaré : « c'est du vol de propriétés intellectuelles, cela ne nous convient pas du tout [...] En plus de cela, j'ai écrit un livre et Hollywood souhaite en faire un film, ça irait contre mes intérêts de m'associer aux partages de fichiers illégaux ».
L'agent chargé de l'éventuelle vente de Sealand a aussi confirmé le refus de céder l'île à The Pirate Bay : « nous ne pourrons certainement pas leur vendre l'île étant donné qu'il est demandé aux habitants de Sealand de ne pas héberger des actions / activités qui vont à l'encontre du Royaume-Uni. The Pirate Bay ne rempli pas cette condition »
Pour le magazine « Out-Law » qui a enquêté sur le status juridique de l'île, la souveraineté de Sealand pourrait être remise en cause. Le Royaume-Uni pourrait ainsi demander sans problème à ce que ses lois s'appliquent aussi à Sealand, chose qui pourrait encore compliquer les affaires de The Pirate Bay dans le cas d'un rachat.
Pour finir, le prix de Sealand serait hors de porté de The Pirate Bay. Le prince Micheal Bates demanderait effectivement un minimum de 750 millions d'euros pour procéder à la vente de son île. A l'heure actuelle, la collecte de fond organisée sur le site buysealand.com s'élève à « seulement » 19 941 dollars US... autant dire qu'on est très loin du compte... Mais The Pirate Bay ne souhaite pas baisser les bras et le groupe lorgnerait déjà sur d'autres îles souveraines à vendre.