Novitact

Clubic
Par Clubic
Publié le 13 juin 2014 à 15h37


Citation :

''Une start-up du Web peut se développer sans trop de coûts mais dès qu'il faut produire un objet, cela change la donne et cela devient beaucoup plus cher et plus complexe.”



  • Nom : Novitact
  • Activité : conception d'objets connectés exploitant le sens du toucher
  • Création : octobre 2013
  • Localisation : Lacroix Saint Ouen - Picardie
  • Fondateurs : Thibaud Severini, Vanessa Caignault
  • Effectifs : 2 associés, 2 salariés
  • Mise de départ : 20 000 euros
  • Clients : professionnels pour une application sécurité
  • Modèle économique : vente du bracelet Feeltact
  • Chiffre d'affaires : 0 euros en 2013
  • Equilibre : non
  • Salaire du patron : pas encore
  • Levée de fonds : prévue d'ici la fin 2014
  • Concurrents : pas de concurrent direct
  • Projets : commercialisation du bracelet début 2015


Un bracelet qui touchera les pros


Thibaud et Vanessa entreprennent chacun en famille. Lui est fils de deux patrons et elle, est jeune maman. Et tous deux font partie de la famille de l'Université de Compiègne.


Ce que fait Novitact équivaut à s'élancer dans un grand prix de Formule 1 tout en construisant sa voiture sur la grille de départ. Le bracelet connecté porté par ce duo issu de l'Université de Compiègne se jette dans un marché où courent des sociétés qui en ont sous le capot comme Samsung, Sony et, paraît-il, bientôt Apple. Pour se faire une place, Thibaud et Vanessa comptent bien faire vibrer le coeur des professionnels.

C'est leur cible et pour l'atteindre, Novitact mise sur la communication sensorielle, par vibration. « Nous pensons que la sensation tactile peut constituer une information utile et non pas futile, dans un environnement où la communication peut être difficile voire dangereuse », juge Vanessa. Les deux entrepreneurs sont venus avec un prototype, c'est-à-dire qu'il a encore besoin de quelques coups de tournevis. Mais il fonctionne. Il vibre. Il communique avec l'application smartphone. En plus, il est soutenu par un vrai parterre d'institutions : le Réseau Entreprendre, le Conseil régional de Picardie, Bpifrance, France active, le CIC Nord-Ouest, IncubAlliance...

Entrepreneur au foyer


Thibaud dit avoir « toujours eu cette volonté-là » - comprendre : celle d'entreprendre. Ses parents sont chefs d'entreprise, dans l'imprimerie. Chaque repas de famille se transforme en conseil d'administration ou en réunion de travail où siège le jeune Thibaud et desquels il se nourrit. C'est une chance pour lui. « Cela permet de développer une connaissance de l'entreprise. On entend parler des salariés par exemple », confie-t-il.

Mais aussi d'en ressentir les difficultés. Pendant « les moments stressants comme au moment de racheter une entreprise », lorsqu'ils « se demandaient dans quelle société il fallait investir, s'ils faisaient le bon choix » et aussi dans « les débats autour de la construction d'un nouveau local », Thibaud est là et imprime ce qu'il entend. Si bien qu'il finit par être contaminé par l'entrepreneuriat, et surtout « ce goût de l'effort ». Il cultive son « appétence pour la gestion d'équipe », et sait se vacciner contre « certains travers » comme lorsque son père « était scotché à son téléphone même en vacances ».

Lorsqu'on est parent et que l'on entreprend, cela demande une organisation réglée comme une montre suisse. Vanessa est jeune maman et a pu se lancer dans Novitact après une bonne préparation. Une gymnastique qui n'allait pas de soi car son mari, pharmacien, « entreprend lui aussi, à sa façon ». Vanessa est d'une autre école : à la maison, elle évite de trop parler boulot, elle « cloisonne ». Mais une fois tout le monde couché, le travail reprend. Vanessa sort son ordinateur portable et fait avancer son projet en moyenne jusqu'à 22 heures. Car demain, il faut continuer.

A son enfant, elle veut « transmettre le sens de l'effort, la valeur du travail et la prise de risque mesurée ». Pour elle, entreprendre relève d'un choix personnel alors elle le promet, elle ne poussera pas son enfant à se lancer. A moins que ce soit malgré elle, à la manière des parents de Thibaud. « Il le fera ou pas, on avance par soi-même, c'est une réalisation de soi et il ne faut pas attendre des autres », dit-elle.

« Sans horaires » mais « très organisée », elle sait ce qu'entreprendre et fonder une famille impliquent. D'ailleurs elle affirme, souriante, gérer sa famille un peu comme son entreprise, avec son budget, ses tâches à répartir, sa gestion d'équipe et son optimisation du temps ». Vanessa « s'éclate plus en étant prise par le travail ». Elle « n'a pas l'âme d'une mère au foyer ».

Compiègne qui pourra


C'est un projet né à l'UTC par des gens de l'UTC. L'Université de technologie de Compiègne a servi de lieu de rencontre entre Thibaud et Vanessa. Le risque autour de la création de l'équipe a été mesuré. Les deux ont travaillé ensemble pendant deux ans déjà. « Il y a le projet, et le bonhomme », dit Vanessa, qui « s'entend bien » avec Thibaud. Il n'est « pas toujours d'accord » avec elle, ce qui permet de confronter les visions, mais il la complète. Tous deux ingénieurs, lui s'occupe de la technique et, elle, plus du business.

Le conseil de Thibaud est de prendre le temps d'accorder sa confiance à son associé. Pour lui, cela peut prendre un an. Eh oui, il faut apprendre à connaître la personne, sa vie, sa personnalité, bref, tout, enfin le plus possible. « Quand la personne n'a pas le moral, cela peut affecter la société, surtout lorsqu'on la dirige », constate l'entrepreneur. Ils doivent être aussi raccords sur la vision. Eux veulent la valoriser au maximum pendant cinq ans puis la revendre.

Pour leurs deux premiers employés, le risque a aussi été très bien appréhendé dans la mesure où ils sont issus de l'UTC. Et ils travaillent sur le projet depuis deux ans. Néanmoins il a fallu leur dire que Novitact n'avait pas encore de client ni de visibilité sur sa capacité à en gagner. Mais un jour il a bien fallu quitter l'UTC et ce jour est arrivé, en octobre 2013. L'équipe est tout de même restée à Compiègne. D'aucuns y verront un bunker visant à les protéger de « la guerre nucléaire dans les bracelets connectés ».

Imprimer ce bracelet


À la différence d'un projet 100% Web, la fabrication d'un produit induit de nombreux coûts afin de financer un spécialiste de la plasturgie, des électroniciens et consorts. « Le risque est de baisser ces coûts en externalisant mais alors on ne maîtrise plus rien », considère Thibaud. Et ça, ce n'est que pour le prototype - merci aussi à l'impression 3D. Mais ensuite il faut l'industrialiser, le distribuer, bref passer à l'échelle supérieure.

C'est à peu près ainsi que Feeltact voit le jour. Le rêve de Thibaud et Vanessa est d'imposer leur bracelet vibrant et réhabilitant le sens du toucher, « peu sollicité », afin de « libérer une attention visuelle de plus en plus saturée ». Après tout, le téléphone mobile n'a-t-il pas imposé le vibreur comme moyen d'alerte ? Les exemples d'application de Feeltact ne manquent pas.

Un agent de contrôle dans un train pourrait communiquer avec le personnel de bord pour demander du renfort en cas de soucis tout en préservant la tranquillité des passagers. Un stadier en environnement bruyant pourrait rester en contact avec son équipe. De même pour un ouvrier sur un chantier. Telle est la vision commune de Thibaud et Vanessa. L'entretien terminé, elle range sa chaise, c'est la seule à le faire, c'est son « côté maman », rit-elle.


Thomas Pontiroli
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