Spécialiste de la vente de chaussures sur internet, le site e-commerce Sarenza.com est également l'objet d'un bras de fer entre son fondateur et ses investisseurs.
En fin d'après midi mardi, l'agence de presse du marchand annonce la nomination de Stéphane TREPPOZ, ancien DG d'AOL France, à la tête de la société, avec pour mission principale son développement européen. Quelques minutes plus tard, Francis Lelong, jusqu'à présent aux commandes de la société, envoie également un communiqué de presse, dénonçant son éviction et des pratiques "indignes" de la part des fonds d'investissement.
«Les fonds d'investissement Société Générale Asset Management (SGAM) et Galileo Partners ont mis en place une stratégie de déstabilisation aboutissant à la signature d'un protocole entre les administrateurs de la société leur permettant de prendre le contrôle de l'entreprise, de se débarrasser des trois fondateurs et de diluer l'investissement des petits business angels de la première heure.» dénonce Francis Lelong qui laisse entendre l'existence d'une convention secrète rémunérée entre les fonds d'investissement et les autres administrateurs...
Contacté par NetEco.com, Marc Fournier de la SGAM réfute l'existence d'une telle convention et qualifie ces accusations de factuellement fausses. "Nous avons investi en août dernier plus de trois millions d'euros dans Sarenza.com mais un audit, notamment mené par Stéphane Treppoz, nous a indiqué à l'automne dernier que la société était loin d'atteindre ses objectifs avec un chiffre d'affaires inférieur de 50% aux prévisions et des marges catastrophiques. Nous avons convenu d'un plan de relance, adopté par 85% des actionnaires, qui passe par une nouvelle recapitalisation de 3 millions d'euros et un changement de président. Francis Lelong refusait de réunir le conseil d'administration et, suite à une action de notre part, le juge des référés a nommé un mandataire ad'hoc, qui a présidé le conseil d'administration qui a entériné la révocation de Monsieur Lelong" explique Marc Fournier.
Interrogé sur cette version des faits, Francis Lelong nuance : "Nous étions conformes au business plan et les investisseurs étaient parfaitement au courant que la société devait faire un nouveau tour de financement pour poursuivre son développement et atteindre son seuil de rentabilité en 2009. Les finances n'étaient absolument pas "catastrophiques" puisque le chiffre d'affaires a augmenté de 250% contre à peine +20% pour les pertes et nous avions encore 1,5 millions en caisse." explique t'il.
Ayant apparemment enfin mis la main sur la fameuse convention, Françis Lelong est également plus précis dans ses accusations. "J'ai appris l'existence d'une convention entre les fonds et d'autres administrateurs et c'est pour cela que j'ai refusé de réunir le conseil d'administration. Mes craintes se sont d'ailleurs concrétisées puisque cette convention que j'ai enfin réussi à me faire remettre, prévoit d'acheter les votes des autres fondateurs, en raison d'une généreuse mission de conseil à 50 000 euros, et annonce deux augmentations de capital, l'une sur une valorisation ridicule de 300 000 euros pour faire entrer la société de Mr Treppoz, la seconde sur une valorisation de 4 millions d'euros pour diluer les fondateurs. En août dernier, la SGAM et Galileo étaient entré au capital sur une valorisation de 20 millions d'euros !" précise t'il.
Après une première expérience d'entrepreneur avec la société BlackOrange dans les années 2000, Francis Lelong dit "accepter les principes de gouvernance d'entreprise et l'éventualité d'une révocation en cas d'erreur ou d'échec" mais refuse "l'idée qu'on puisse acheter des gens".
Estimant le préjudice de son éviction et de sa dilution à "plusieurs millions d'euros", Francis Lelong devrait en tout cas entamer une action en justice contre ses anciens partenaires et mise sur la médiatisation de cette affaire pour délier d'autres langues....