L'empire multimédia (Fox, Sky, 20th Century Fox, MySpace...) détenu par le magnat australo-américain Rupert Murdoch, prend le contrôle du groupe de presse Dow Jones, éditeur du Wall Street Journal. La famille Bancroft, propriétaire de 52% des droits de vote de Dow Jones, a longtemps hésité. Devait-elle rejeter cette offre non sollicitée, mais généreuse, et perdre le contrôle du quotidien financier de référence mondiale ? Finalement, les conseils d'administration de Dow Jones et de News Corp. réunis mardi à New York ont entériné l'offre de Murdoch. Cette offre est estimée à 5 milliards de dollars, ce qui représente une prime d'environ 65% par rapport à la valeur boursière de Dow Jones.
L'acquisition du Wall Street Journal, le seul quotidien national des Etats-Unis avec le USA Today, permet à Murdoch d'élargir sa zone d'influence à l'Internet financier. Lors d'une intervention sur Fox News le 2 mai 2007, l'entrepreneur âgé de 76 ans déclarait : « Le Wall Street Journal est un des meilleurs journaux du monde, il a de très bons journalistes qui méritent, je pense, une audience beaucoup plus large [...] La grande opportunité, la valeur du journalisme financier, du journalisme de haute qualité, c'est que vous pouvez le facturer (comme le font) le Wall Street Journal et le Financial Times pour leurs éditions électroniques ».
Au-delà de l'aspect économique d'une telle acquisition, les journalistes du groupe Dow Jones s'interrogent : le pluralisme peut-il résister à la concentration des médias ? La griffe Murdoch risque-t-elle de décrédibiliser le WSJ ? L'indépendance journalistique est-elle en danger ? En France, on s'inquiète également. L'actionnariat familial recule au profit de groupes industriels très présents sur les marchés publics : Bouygues (TF1, LCI, Eurosport...), Dassault (Socpresse - Le Figaro), Lagardère (Europe 1, Paris Match, Le JDD...) Libération a opté pour l'offre de refinancement d'Edouard de Rothschild. Enfin, malgré la vive opposition des journalistes, le groupe LVMH entend vendre La Tribune et racheter Les Echos au groupe d'édition britannique Pearson (Financial Times).