A l'occasion d'une conférence Ruby on Rails organisée le 10 décembre 2007 à Paris, le créateur du framework open source, le programmeur danois David Heinemeier Hansson, revient sur la création de la structure de développement d'applications web et sur son adoption dans l'entreprise.
AB - David Heinemeier Hansson, bonjour. Lorsque vous avez créé Ruby on Rails en 2004, pensiez-vous que ce framework open source pourrait concurrencer les frameworks PHP et Java ? Pensiez-vous que Rails pourrait être une solide alternative à .NET.
DH - Ce n'était certainement pas l'objectif initial. Le framework Ruby on Rails (ou Rails pour faire court) a été créé pour répondre aux besoins internes de 37signals (NDLR : éditeur d'applications web pour entreprises et professionnels), la société pour laquelle j'ai travaillé à Chicago.
Rails a été conçu à la base à partir des meilleures pratiques qui nous rendaient la vie plus facile à 37signals. Cela fonctionnait si bien pour nous que nous avons décidé d'ouvrir le code source du programme et d'en faire le socle d'un framework de développement d'applications web.
Compte tenu du succès de Rails à l'heure actuelle (plus de 700.000 téléchargements ont été enregistrés ces 7 derniers mois), il semble que cette approche pragmatique, et l'attention dont nous faisons preuve pour résoudre les problèmes pratiques quotidiens rencontrés par les développeurs et les chefs de projet, soit la bonne.
AB - Quels sont les atouts techniques de Ruby on Rails 2.0 pour les développeurs web ?
DH - Rails est qualifié de framework « full stack » de développement. Autrement dit, dans un même logiciel l'on trouve tous les outils et composants dont on a besoin pour développer des applications web complètes pour l'entreprise. C'est un plus important par rapport à d'autres plates-formes, comme Java, avec lesquelles on doit initialement piocher et choisir différents composants de sources variées et tenter de les faire fonctionner ensemble.
Le fait que Rails réduise la taille du code de l'application par un facteur deux et fournisse un framework de test intégré (modèles, fonctionnalités et intégration) aide grandement l'équipe en charge du projet à développer du code plus sûr et plus soigné.
AB - Le marché fait-il confiance à Ruby on Rails aujourd'hui ?
DH - Et bien, je ne sais pas pour le marché, mais il est sûr que de plus en plus d'entreprises de toutes tailles font confiance à Rails pour leurs données.
Lors de la conférence française Ruby on Rails organisée à Paris le 10 décembre 2007, il y a eu des présentations de plusieurs sociétés montrant clairement que Rails fait la différence. Une de ces sociétés, RBC Dexia Investor Services, une banque active sur quatre continents, utilise désormais Rails pour certains de ses projets internes. En moins d'un an, l'établissement a été capable de fournir 20 applications par ce biais à des utilisateurs en interne. Une productivité jamais atteinte auparavant ! Aux Etats-Unis, Rails a déjà été adopté par des dizaines de sociétés.
AB - Pouvez-vous en dire plus sur le soutien de Sun à Ruby on Rails ?
DH - Je ne peux pas parler pour Sun, mais je crois que Sun (de même que Microsoft) porte son attention sur Rails et sur le langage Ruby parce que cette nouvelle génération de langages très dynamiques mène la programmation à un niveau de flexibilité que ni Java, ni C# ne peuvent fournir.
Rails et Ruby ne sont pas adaptés à toutes les applications, mais ils sont très complémentaires de la robustesse et de la richesse du framework Java. En apportant les langages Ruby (et, par conséquent, Rails) à sa machine virtuelle, Sun reconnaît l'intérêt de Rails pour de nombreux programmeurs, et veut proposer une passerelle sûre entre l'agilité de Rails et la robustesse de Java.
AB - Quelles seront les principales améliorations à venir de Ruby on Rails ?
DH - Il est encore trop tôt pour en parler.
AB - David Heinemeier Hansson, je vous remercie.