Directeur général de PolySpot, un des spécialistes français des technologies de recherche pour l'entreprise avec Sinequa, Exalead et Antidot, Olivier Lefassy réagit au rachat de l'éditeur norvégien FAST par le groupe américain Microsoft.
AB - olivier-lefassy, bonjour. Le rachat de FAST par Microsoft annonce-t-il une accélération de la consolidation du marché du "search" pour entreprises ?
OL - Le marché du search pour entreprises est aujourd'hui un marché mature et en forte croissance. Sur les cinq dernières années, le marché a vu arriver une multitude d'acteurs allant des 'pures players' à des vendeurs plus spécialisés. L'offre s'est fortement développée, tirée par le développement spectaculaire du marché du Content Management entre 2000 et 2005. L'ECM (gestion de contenu pour entreprises) a ensuite connu une forte concentration de ses acteurs. Les vendeurs généralistes comme Oracle et ont réagi en se positionnant sur ce marché en rachetant des entreprises spécialisées, respectivement Stellent et FileNet.
Avec l'acquisition de FAST - perçu comme un leader parmi les pures players du secteur - Microsoft donne le ton sur le marché de l'accès à l'information d'entreprise validant d'autant plus l'intérêt stratégique que représente l'implémentation de ce type de solutions. Même si IBM et Oracle annoncent dans leur catalogue des offres de type « moteur de recherche d'entreprise », ces offres sont aujourd'hui plus ressenties comme un add-on à leur propre suite de Content Management et non rien de comparables avec celles des pures players, notamment en terme de couverture fonctionnelle.
Si l'on compare la structure du marché du search pour entreprises à celui de l'ECM ou de la BI (Business Intelligence), on peut s'attendre à voir d'autres généralistes réagir. Le marché étant fortement concurrentiel, il n'est pas exclu de voir certains leaders poursuivre leur stratégie de consolidation de leur position en rachetant des concurrents directs (rachat de l'activité RetrievalWare de Convera par FAST, rachat de Verity par Autonomy, etc.)
AB - Polyspot et les spécialistes du secteur vont-ils rester indépendants en 2008 ?
OL - Le souhait de PolySpot aujourd'hui est de garder son sens de l'innovation et sa réactivité envers ses clients et prospects. Qualités pour lesquelles nous sommes reconnus sur ce marché. Nous souhaitons garder cet avantage compétitif que ne peuvent offrir les grands éditeurs ou certains généralistes. Grâce à cette philosophie, nous continuons à nous développer fortement en France, mais aussi en Italie et au Royaume-Uni. La très forte croissance que nous attendons pour 2008 est, en grande partie, due à notre expertise de spécialiste du secteur.
AB - A vos yeux, à quoi ressemblera le futur de l'accès à l'information ?
OL - Une des forces de PolySpot est de rester très à l'écoute des besoins de ses clients et prospects. Certains sont de véritables visionnaires et les travaux que nous menons ensemble constituent un atelier de prospective. La convergence de ces différents travaux nous aide à établir, voire à corriger, notre stratégie produit à court et moyen termes.
Par exemple, la naissance d'un module d'analyse de tendances fondé sur l'évolution de la structure du corpus de l'entreprise devrait voir le jour à la fin du premier trimestre 2008. Il devrait permettre aux décisionnaires de réagir plus rapidement à des situations critiques.
Nous réfléchissons aussi fortement à la manière dont nous allons interagir avec les utilisateurs, comment leur apporter des réponses en temps réel au sein de leur propre environnement de travail plutôt que de les contraindre à effectuer des recherches. Nous pensons que la recherche doit être de plus en plus transparente pour l'utilisateur. A la demande d'un client britannique, PolySpot vient de développer un module qui abonde dans ce sens.
Pour conclure, nous avons établi 3 axes de développement prioritaires qui, selon nous, constitueront les grands principes du search de demain : la poursuite de l'intégration avec la BI, l'interaction avec l'utilisateur, la facilitation du partage/transfert du savoir au sein de l'entreprise.
AB - Olivier Lefassy, je vous remercie.