« Loïc et sa trottinette », ou comment le fait de filmer ses exploits automobiles puis les diffuser sur Internet peut conduire à la case prison. Accusé d'avoir filé à plus de 220 km/h sur les routes de Meurthe-et-Moselle et localisé grâce à une vidéo de ce prétendu exploit publiée sur YouTube, un jeune homme de 26 ans a nié vendredi les faits qui lui sont reprochés lors de sa comparution devant le tribunal correctionnel de Nancy. Le parquet réclame trois mois de prison avec sursis, l'annulation du permis de conduire avec interdiction de le repasser avant un an et mille euros d'amende. Une piqure de rappel pour ceux qui pensent que l'anonymat favorisé par Internet permet d'agir en toute impunité ?
Se réclamant de célébrités telles que le Prince Noir, connu pour avoir bouclé à moto le tour du périphérique parisien en une dizaine de minutes, quelques internautes utilisent les sites de partage de vidéo en ligne tels que YouTube ou Dailymotion pour publier leurs soi-disant exploits motorisés. En avril dernier, un agent de police tombe par hasard sur une vidéo YouTube dans laquelle un jeune homme de 26 ans est filmé au volant de sa voiture en train de filer à plus de 220 km/h sur une route de Luneville, où la vitesse est théoriquement limitée à 110 km/h.
Intitulée « En retard », cette séquence montre également le chauffard flirter avec les 100 km/h alors qu'il circule dans une agglomération. En quelques semaines, la police parvient à identifier un suspect en recoupant les informations relatives au compte utilisé sur YouTube, associées à un certain « Loïc », à celles qui figurent sur la vidéo, à commencer par le modèle de véhicule utilisé et une fêlure caractéristique du pare-brise.
« Ce n'est pas moi », « je ne me reconnais absolument pas », a déclaré à la cour l'accusé, dont les propos sont rapportés par l'AFP. « Le pare-brise présente une fêlure, or la voiture du prévenu a eu son pare-brise changé en mai 2005. C'est en outre l'un de ses amis qui a mis la vidéo en ligne. Et ces deux jeunes habitent près de Lunéville, où l'infraction a été commise », a pour sa part fait observer le parquet.
L'avocat du jeune homme a de son côté dénoncé le manque de preuves tangibles : « Comment peut-on raisonnablement fonder une poursuite et a fortiori entrer en voie de condamnation sur la base d'une vidéo dont l'origine est inconnue ? Personne de la police n'a rien vu directement », s'est-il indigné. La défense plaide donc la relaxe. Le tribunal rendra son verdict le 1er février prochain.