A la suite des dirigeants de Sinequa, Exalead et Polyspot, Fabrice Lacroix, président d'Antidot, éditeur français de solutions d'accès à l'information, outils de recherche et de navigation pour l'entreprise, s'exprime sur le rachat du norvégien FAST par Microsoft.
AB - Fabrice Lacroix, bonjour. Quel est votre sentiment sur l'accélération de la consolidation du marché des solutions d'entreprise ?
FL - Je crois qu'il est important de regarder ce mouvement de façon "macroscopique". Dans les années 1990 nous avons eu la période ERP (Enterprise Resource Planning) où les entreprises ont commencé à s'équiper de systèmes de gestion intégrés. 2000 a connu l'émergence de la BI (Business Intelligence) et du CRM (Customer Relationship Management), deux fonctions qui sont venues compléter l'ERP afin de consolider le tryptique performance/pilotage/reporting de l'entreprise.
Et nous constatons que pour ces deux périodes, Microsoft n'a pas tenu sa place de leader habituel. Il n'a pas su anticiper le développement de ces marchés, encore moins développer les technologies et les produits correspondants, et donc n'a pas pu s'imposer sur ces marchés. Cela a d'ailleurs permis l'émergence de nouveaux acteurs comme , Business Objects ou Salesforce.com qui viennent maintenant menacer Microsoft, y compris sur le terrain des PME.
En outre, le système d'exploitation s'est banalisé et l'arrivée à maturité de Linux ne permet plus à Microsoft de contrôler le marché de la même façon. On constate, enfin, que les quelques mouvements tardifs de Microsoft, comme le rachat de Navision, ne lui ont pas permis de rattraper son retard sur ces secteurs.
AB - Que pensez-vous du rachat de FAST par Microsoft ?
FL - Cette acquisition montre plusieurs choses. L'accès à l'information est la prochaine "nouvelle frontière". C'est le territoire à conquérir pour assurer la performance de l'entreprise et de ses collaborateurs dans un contexte où tout s'accélère. Par ailleurs, les risques économiques, politiques et sociaux qui pèsent sur les entreprises sont de plus en plus grands. Cette pression demande de nouveaux outils de gestion de l'information, d'accès à la connaissance, de partage et de transmission des savoirs.
Microsoft ne désire pas se laisser distancer comme ce fut le cas lors des précédentes phases, et pour cela le groupe américain a préféré dégainer vite et racheter le leader du secteur. Mais cela ne préjuge en rien de l'issu de la bataille. Même si Microsoft réussit une bonne intégration des technologies FAST dans ses produits, les moteurs de recherche sont des outils transversaux qui permettent une consolidation et un accès unifié aux informations contenues dans les différents systèmes, souvent hétérogènes de l'entreprise. Avec ce rachat, FAST perd cette neutralité. En effet, de nombreuses d'entreprises qui ne sont pas habillées Microsoft "des pieds à la tête" peuvent hésiter à utiliser une technologie trop typée.
AB - Dans ce contexte, Antidot, acteur du "search" pour entreprises, va-t-il rester indépendant ?
FL - En tant qu'acteur de référence présent sur le marché depuis 1999, disposant de forts atouts technologiques et de produits reconnus et utilisés par les plus grands comptes, nous ne pouvons que nous réjouir de cette nouvelle donne. Nous aurons des cartes à jouer et des positions à prendre. Cela nous incite à amplifier notre stratégie d'innovation et de service afin de tirer partie de cette nouvelle vague.
AB - Fabrice Lacroix, je vous remercie.