Google montre qu'elle sait faire preuve de fine stratégie lorsqu'il s'agit de combattre le piratage. Sa nouvelle méthode : bloquer des millions d'URL avant même leur apparition dans les résultats de son moteur de recherche pour aider à lutter contre la diffusion illégale de contenus en streaming.
Après son grand ménage des sites pirates de 2022, Google continue d'intensifier ses efforts, en tout cas aux USA. C'est dans une lettre adressée au bureau américain des brevets et des marques (US Patent and Trademark Office) que l'entreprise a déclaré le blocage préventif de millions d'URL avant qu'elles puissent apparaître aux yeux des internautes. La démarche s'inscrit dans une stratégie proactive bien plus vaste : contrer les publicités qui vantent du contenu piraté (films ou séries par exemple) avant même leur sortie officielle.
Google : un nouvel acteur dans la lutte contre le piratage massif ?
Tous les services Web basés aux USA obéissent à la loi DMCA (Digital Millennium Copyright Act) ; de ce fait, ils se doivent d'assurer la suppression de tout lien en situation d'infraction quand les détenteurs des droits d'auteur déposent une plainte. Si Google a toujours affirmé l'efficacité de la DMCA, il se trouve que certains détenteurs de droits d'auteurs ont fait entendre leur voix. Selon eux, ce système ne serait pas assez efficace et ne proposerait pas toujours une protection suffisante.
Pour Google, une lutte efficace contre le piratage passe par une accessibilité accrue à du contenu légal. C'est pour cela que l'entreprise a multiplié ses services en ce sens ces dernières années, avec des plateformes comme YouTube TV (qui a d'ailleurs franchi le cap des 5 millions d'abonnés l'an dernier) ou YouTube Music. Pour optimiser l'efficacité des mesures anti-piratage, Google a reconfiguré son moteur de recherche pour faire en sorte que celui-ci redirige plus efficacement ses utilisateurs vers des contenus légaux.
Le takedown préventif pour limiter le streaming illégal
Pour traiter efficacement les avis de retrait émis par la DMCA, Google a mis en place un nouveau système. Si un lien vers du contenu illégal ou piraté est découvert par les détenteurs des droits d'auteur, ils peuvent signaler directement l'URL à Google pour effectuer sa suppression. Pour optimiser le processus, Google a même mis en place un système dit de « takedown préventif » : les URL signalées sont alors bloquées dès le signalement et avant même que le moteur de recherche n'ait pu les indexer.
Encore plus fort : les avis de retrait pour du contenu n'ayant pas encore été diffusé sont également acceptés. Une pratique très en vogue aux USA est la création de sites web en avance par les hackers, pour annoncer la diffusion en streaming de gros évènements très populaires : combats de l'UFC ou le Super Bowl, par exemple. Avant même le début de la diffusion, ces sites web peuvent être ainsi être clôturés par l'entreprise.
Pour le moment, Google n'a pas annoncé de plan global pour l'avenir concernant le piratage. En attendant, ces mesures d'endiguement préventives sont la preuve de la détermination de l'entreprise en faveur de la lutte contre le non-respect des droits de propriété intellectuelle (ce qui n'est toutefois pas toujours le cas, notamment en matière d'IA). Dans le jeu du chat et de la souris, il arrive parfois que les rôles s'inversent, et pour le coup, c'est Google le chat dans cette histoire… jusqu'à la prochaine trouvaille du côté des hackers.
Source : Torrent Freak