Un drôle d'investissement vient susciter la curiosité des autorités marocaines. Le fonds d'investissement américain Brookstone Partners entame la construction d'un important parc d'éoliennes, dont l'énergie sera destinée au minage de cryptomonnaies.
« La région de Dakhla est réputée pour son vent », explique Jeune Afrique. Et c'est précisément ce qui pousse les investisseurs américains à s'installer dans cette région pour leur projet de minage à grande échelle.
Brookstone Partners, par l'intermédiaire de Soluna, une entreprise nouvellement créée, espère parvenir à une production de 36 mégawatts d'ici janvier 2019. L'objectif à long terme étant d'augmenter la cadence progressivement pour atteindre une capacité de production de 900 MW.
Des investissements qui plaisent au gouvernement
Le projet, rendu possible grâce à une loi de 2016 qui permet un usage décentralisé d'une production électrique, inspire les élus marocains. Moulay Hafid Elalamy, ministre marocain de l'Industrie, de l'Investissement et de l'Économie numérique, a adoubé l'investissement, qui pourrait créer plus de 1200 emplois d'ingénieurs dans le pays.Du reste, Soluna est bien conscient que le Bitcoin n'est plus vraiment dans ses bonnes heures. Interrogé par Arstechnica, John Belizaire, son PDG, avoue réfléchir d'ores et déjà à d'autres mobilisations d'une telle quantité d'énergie.
Enfin, l'entreprise ne cache pas son projet de revendre, à terme, une partie de son énergie au gouvernement marocain. Une loi permet en effet à des particuliers de s'auto-alimenter en énergie, et de revendre jusqu'à 20% de leur excédent au gouvernement.
Un contexte géopolitique tendu
Mais ce projet ne fait pas plaisir à tout le monde. Le contrôle du sud du pays, où prévoit justement de s'installer Soluna, est disputé entre le gouvernement marocain et le peuple Sahrawi.Par l'intermédiaire de la Western Sahara Resource Watch, les Sahrawi s'opposent fermement aux projets de Brookstone Partners. Le gouvernement marocain est, lui aussi, pointé du doigt par l'organisation : son soutien au projet étant perçu comme une tentative de légitimer sa présence dans cette partie contestée du pays.
John Belizaire s'est dit « pleinement conscient » des difficultés géopolitiques de la région où son entreprise prévoit de s'implanter. Un projet qui « respecte le cadre légal » conclut-il.
Trouvez-vous pertinent d'investir autant d'énergie dans le seul cryptominage ?