Comme la plupart des acteurs mondiaux financiers, la Banque populaire de Chine redoute que la monnaie virtuelle de Facebook ne dérègle la stabilité financière.
Décidément, il est difficile de trouver une autorité qui puisse accueillir avec enthousiasme le Libra, la cryptomonnaie de Facebook qui doit être lancée officiellement au premier semestre 2020. Alors que les banquiers et élus européens s'interrogent, et que le Congrès américain demande au groupe de Mark Zuckerberg de suspendre purement et simplement le développement de la cryptomonnaie en attendant de plus amples informations, la Chine se joint aux autres puissances économiques, en faisant part de ses craintes.
Pékin travaille sur l'établissement de sa propre cryptomonnaie
Invité à s'exprimer à Pékin lors d'une conférence sur le sujet en début de semaine, Wang Xin, directeur du bureau de recherche de la Banque populaire de Chine, ne se cache pas pour affirmer ce qu'il voit en l'arrivée prochaine du Libra : une menace pour la politique et la stabilité financières. L'empire du Milieu suit de très près le développement des cryptomonnaies, puisqu'elle fut la première grande banque centrale à les étudier dès 2014, avec l'émergence progressive du Bitcoin.Le projet de Facebook est tellement craint par les institutions financières chinoises que la Banque centrale du pays est en train d'intensifier ses recherches pour, elle aussi, bâtir sa propre monnaie virtuelle. « Nous avons commencé tôt... mais un grand travail est nécessaire pour consolider notre avance », affirme Wang Xin.
La Chine redoute l'impact du dollar sur le Libra
Si le Libra promet d'être un stable coin adossée à plusieurs monnaies, comme l'euro et le dollar, Pékin veut savoir quelles monnaies sont concernées et quel rôle le dollar aurait à jouer dans la vie de la cryptomonnaie de Facebook. Un Libra trop lié à la monnaie américaine ne conviendrait évidemment pas aux autorités chinoises. « Il pourrait n'y avoir essentiellement qu'un seul patron, à savoir le Dollar américain et les États-Unis, commente le directeur du bureau de recherche de la banque populaire. Si c'était le cas, cela entraînerait toute une série de conséquences économiques, financières et même politiques internationales. »Sur le modèle de la Chine, et par souci de souveraineté, plusieurs autres pays pourraient être amenés à créer leur propre cryptomonnaie, ou bien à établir une nouvelle monnaie internationale basée sur les droits de tirage spéciaux, un instrument monétaire créé en 1969 par le FMI et constitué de diverses devises : le dollar (américain), l'euro, le yen, le yuan et la livre sterling.
Source : SCMP