Les chaînes du groupe TV sportif sont retransmises depuis deux ans par des pirates hébergés en Arabie Saoudite. Le préjudice financier s'élèverait à plusieurs millions de dollars.
La lutte contre le piratage est un combat incessant que les diffuseurs du monde entier doivent mener. Mercredi, nos confrères de Challenges ont fait état d'une enquête actuellement menée par la police française, qui voudrait démanteler ce qui est considéré comme le plus grand piratage mondial du moment. Ce dernier concerne l'ensemble des chaînes du bouquet beIN SPORTS, diffusées gratuitement et sans autorisation via le service beoutQ (« be out Qatar ») dans les pays arabes.
Un système rodé, qui va de la diffusion au logotype, en passant par la publicité maison
Les dix chaînes du groupe beIN SPORTS sont piratées depuis deux ans. Accessibles gratuitement avec sept petites secondes de décalage (beaucoup et peu à la fois), elles sont diffusées avec le logo de beoutQ, plus gros que celui de beIN, et qui vient s'apposer sur ce dernier. Le système est tellement bien rodé que les commentaires sportifs originaux sont remplacés par ceux du service pirate. Pire, le service diffuse ses propres publicités en lieu et place des spots de beIN SPORTS.Ainsi les plus gros événements et championnats ont été diffusés illégalement par beoutQ ces deux dernières années, et notamment le championnat de France de football, la Ligue 1 Conforama.
La chaîne beoutQ est diffusée depuis l'Arabie Saoudite par l'opérateur satellite Arabsat, mais également sur Internet via la technologie IPTV, qui regroupe des offres illégales pirates qui permettent d'accéder aux bouquets des chaînes payantes à des coûts défiant toute concurrence.
Le préjudice serait très important et coûterait à beIN SPORTS des millions de dollars.
Une opération de piratage sur fond de guerre économique entre Qataris et Saoudiens
Cette vaste opération n'est pas le fruit du hasard. Le bouquet de chaînes pirates a été lancé en août 2017, seulement deux mois après que l'Arabie Saoudite et ses alliés ont coupé leurs relations diplomatiques avec le Qatar, sur fond de guerre économique.Il y a un an déjà, les dirigeants du groupe avaient alerté l'opinion et les autorités, en lançant plusieurs procédures. Le 16 août 2018, un communiqué de la chaîne indiquait que « depuis un an, beoutQ vole les contenus sportifs les plus renommés du monde [...]. L'intégralité de la Coupe du monde de la FIFA 2018 a également été diffusée illégalement par la chaîne [...], obligeant l'instance du football mondial à appeler à une action en justice sur le territoire. »
Ce 31 juillet, plusieurs organisateurs de compétitions majeures de football, parmi lesquelles la FIFA, l'UEFA, la Premier League ou la Liga, ont diffusé un communiqué commun dans lequel ils dénoncent les activités de l'opérateur beoutQ. « Nous [...] condamnons collectivement et avec la plus grande fermeté la violation caractérisée de nos droits de propriété intellectuelle par le diffuseur pirate connu sous le nom de beoutQ. Nous en appelons aux autorités d'Arabie saoudite pour nous aider à mettre fin à ces infractions généralisées commises dans le pays » indiquent-ils.
Source : Challenges