C'est en 1991 que la société Cocktel Vision proposa un certain Gobliiins aux possesseurs d'Amiga, Atari St, PC sous DOS et Mac, un ovni issu de l'imagination du graphiste Pierre Gilhodes. Ce dernier a travaillé plus récemment en tant que graphiste sur Bet On Soldier (Focus) ou en tant qu'animateur sur So Blonde (Wizardbox). Basé sur un principe très simple : coopérer pour atteindre la sortie, l'auteur a pu laisser libre cours à ses délires. Aujourd'hui, les Gobelins sont de retour pour leur quatrième aventure. Le flambeau a été repris par la société française Pollene et c'est toujours Pierre Gilhodes au scénario et à la création artistique.
Pourquoi pas Goblns ?
Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série, il s'agit de parvenir à trouver le moyen de passer d'un tableau à un autre en faisant coopérer ses gobelins (3 à l'origine, puis deux et enfin un seul). Chaque niveau ne se compose que d'un seul et unique écran. Fort de trois épisodes, ces derniers ont fait évoluer la série et le nombre de gobelins jouables (le nombre de 'i' dans le titre représentant le nombre de gobelins à diriger). Cette histoire nous demande tout d'abord de réunir nos trois futurs meilleurs amis pour obtenir une entrevue avec le Roi Badigoince. Ce dernier est catastrophé, car son animal de compagnie, Riri, un adorable oryctérope a disparu.Cet épisode nous propose donc de nous débrouiller aux commandes des trois gobelins que sont Tchoup, Stucco et Perluis. Pour ce nouvel opus, le meilleur des trois précédents a été pris. Ainsi, la barre de vie du premier n'est plus présente, il est possible de déplacer ses gobelins en même temps, un seul écran sert de cadre aux énigmes (on évite ainsi les allers-retours pénibles du deuxième titre), trois gobelins sont actifs, chaque tableau propose un objectif principal et le tout est chapeauté par une histoire globale.
Ici, pas de fioriture, point de petite saynète animée pour nous accueillir, nous arrivons immédiatement sur l'écran titre. Jouable, ce dernier sert de mini didacticiel. Entre chaque niveau, un sympathique dessin nous propose une rapide description des événements du scénario. Les trois premiers niveaux permettent de se familiariser avec les capacités de chacun des trois gobelins. Tchoup prend et utilise les objets, il peut aussi discuter avec les différents personnages rencontrés. Stucco est le gobelin costaud du groupe, il utilise sa force pour pousser, tirer, soulever et frapper les objets. Enfin, Perluis utilise sa magie pour des réactions parfois inattendues. Il ne reste plus qu'à utiliser les compétences de chacun d'eux pour avancer.
Chacun des seize tableaux est donc une gigantesque énigme. Si ce nombre peut paraître court, il ne faut pas oublier qu'il y a énormément de choses à faire dans chacun d'eux. Ici, on ne peut pas dire qu'il y ait une logique classique dans ce qu'il faut faire. Le monde étant absurde et délirant par essence, la logique présidant aux actions l'est souvent tout autant. Heureusement, une fois entré dans cet univers particulier, on s'aperçoit qu'une certaine cohérence existe et qu'une réelle logique est bien présente malgré tout. Les premiers niveaux nous font découvrir des principes et mécaniques qui seront réutilisables régulièrement tout au long des seize niveaux du jeu.
En tout état de cause, il faut tout essayer, tout tenter pour progresser. D'autant plus que rien ne vient pénaliser une tentative, au contraire, toute erreur est sanctionnée par une bonne dose d'humour bon enfant très agréable. La difficulté est particulièrement progressive et bien dosée pour terminer sur des niveaux véritablement costauds.
Des gobelins partout ! Où est mon Séraphin ?
Si on reconnaît sans difficulté la pâte artistique de Pierre Gilhodes, certains pourront regretter le passage de la 2D à la 3D. Pour autant, la série n'est pas dénaturée par cette transformation. Si visuellement le titre est daté et ne correspond pas du tout aux standards actuels, cet aspect finit par passer au second plan, d'autant plus que tout est très agréablement animé. Les lieux très colorés sont toujours originaux et les personnages atypiques. Chaque tableau propose diverses animations toujours amusantes et décalées.Au niveau sonore, nous retrouvons les sons incompréhensibles de la série quand nos gobelins s'expriment. Quelques bruitages parsèment nos tentatives d'action et chaque niveau propose un thème musical différent et adapté, propice à la réflexion. Les borborygmes de nos protagonistes sont sous-titrés en français et là où c'est un comble, c'est que pour un jeu français, le titre n'est pas exempt de diverses fautes.
La maniabilité est fidèle à la série et nous nous retrouvons dans un jeu d'aventure énigme dans le style point & click. Nous cliquons sur un personnage pour en prendre le contrôle, le diriger et le faire agir avec l'environnement. Un double clic permet de courir et le bouton droit fait apparaître l'inventaire de Tchoup. Une nouveauté consiste dans le fait que certains objets de l'inventaire restent d'un tableau à l'autre.
Si les graphismes sont obsolètes, ils ne sont pas les seuls. Le système de sauvegarde est tout ce qu'il y a d'archaïque avec des codes à noter, donnés à la fin de chaque niveau. Heureusement que le jeu sauvegarde l'avancée automatiquement et que nous reprenons toujours au début du dernier niveau atteint. Il n'existe pas de sauvegarde à tout moment, ni de gestion de multiples sauvegardes. À vos papiers et crayons ! Ceci est d'autant plus problématique que certains tableaux peuvent proposer des situations bloquantes obligeant à recommencer un niveau depuis le début.
La durée de vie est très variable en fonction de chacun dans cette catégorie de jeux et encore plus avec la série des Gobliiins. Un niveau pourra être rapidement terminé, alors qu'un autre fera plancher des heures sur une simple énigme. Un niveau bonus est à dénicher en récupérant toutes les dents en or présentes dans les niveaux.