Test Acer Nitro V15 : des performances solides pour un prix contenu

Au travers de sa gamme Nitro, Acer vise depuis plusieurs années maintenant les segments entrée et milieu de gamme, avec des PC portables pour les gamers capables de faire les sacrifices qu'il faut, où il faut, de manière à ménager leurs performances tout en maîtrisant leurs tarifs. Voyons si le Nitro V15, millésime 2024, parvient à délivrer une expérience de jeu satisfaisante malgré son prix très contenu.

Il y a les modèles Victus chez HP, la gamme « G » chez Dell, les Cyborg chez MSI, ou encore les TUF Gaming (dont les prix ont toutefois tendance à trop augmenter ces dernières années) chez ASUS. Bref, vous avez l'idée, chaque grande marque de PC portables se doit d'avoir sa gamme de modèles gaming abordables. Chez Acer, c'est la lignée Nitro qui endosse ce rôle, souvent avec brio, dans l'ombre des précieux modèles Predator.

Annoncé en début d'année 2024 et distribué depuis déjà plusieurs mois à grande échelle en France, le Nitro V15 a mis du temps à parvenir jusque sur notre bureau. Mais le voici désormais sous nos yeux et à la merci de nos outils de mesure. Nous allons donc voir sans plus attendre ce que vaut concrètement le PC portable gamer entrée de gamme du constructeur taïwanais.

Pour le contexte, gardez en tête que le modèle qu'Acer France nous a fait parvenir est l'une des moutures les mieux équipées de l'engin. On y trouve notamment un processeur AMD Ryzen 7 couplé à 16 Go de DDR5 et à une GeForce RTX 4060. Cette configuration est affichée à 1 199 euros en tarif recommandé.

L'Acer Nitro V15 débute néanmoins aux alentours de 900 euros en configuration Ryzen 5, 16 Go, RTX 4050. Des moutures Intel (Core i5, i7 et i9 de 13^e génération) existent enfin, à des tarifs allant de 800 euros environ à près de 1 600 euros.

Design : basique, solide, efficace ?

Ce n'est pas nécessairement son objectif premier, mais avec 36,2 x 23,9 x 2,3 centimètres pour 2,1 kilos, l'Acer Nitro V15 est raisonnable en matière de mensurations. Il reprend d'ailleurs un format plutôt standard sur le terrain des gamers entrée de gamme, en se rapprochant par exemple du gabarit adopté par le Victus 15 chez HP. Pas de souci donc pour le transporter et l'utiliser en cours, ou au travail, même si l'autonomie (par essence assez limitée sur ce type de PC) s'avère tout de même vite contraignante pour un usage en mobilité.

Sur le plan de l'assemblage et du design, Acer ne démérite pas non plus avec ce nouveau Nitro V15. L'appareil s'en tient à un châssis que l'on connaissait déjà, mais qui a tout de même nettement gagné en qualité de construction par rapport aux premières générations d'appareils Nitro (ceux qui se souviennent des premiers Nitro 5 savent de quoi nous parlons). On est ici sur un carénage en plastique, de qualité, bien assemblé et solidement construit… même si la rigidité du cadre d'écran pourrait être améliorée, et que le plastique laqué du capot est sensible aux rayures et autres traces de doigts.

Le châssis est en plastique de qualité © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Inutile de chercher ici de quelconques fioritures, mais l'ensemble est de bonne facture, bien exécuté. Quant au design à proprement parler, disons que le look de ce Nitro V15 nous rappelle un peu ce que proposaient les anciennes générations de PC portables Predator, mais avec des découpes (notamment au niveau de la charnière) assez proches de celles que l'on trouve actuellement sur l'Acer Aspire Vero 15, par exemple. La filiation entre les différents modèles d'Acer est donc complète.

Le clavier (de type chiclet, rétroéclairé uniquement en blanc) logé à bord ce nouveau Nitro V15 est pour sa part assez moyen. On sent qu'Acer a fait un effort par rapport à ce que l'on connaissait autrefois sur cette gamme, mais le confort en jeu n'est pas optimal d'après nous, la faute à une profondeur de course trop faible.

Il faut néanmoins admettre qu'en utilisation bureautique, ce clavier est agréable, bien centré. Il profite en prime d'un pavé numérique, étroit, mais tout à fait bienvenu au quotidien. Pour un appareil consacré avant tout au gaming, nous nous attendions à mieux, même sur le segment abordable. En l'état, nous sommes beaucoup plus proches du clavier d'un Acer Swift Go 14 que de celui d'un Predator Helios Neo 16… et c'est bien dommage.

Le clavier est rétroéclairé en blanc © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Sans surprise, le pavé tactile est également passable, comme souvent sur cette gamme de prix.

Le toucher plastique et les coins qui s'enfoncent trop sont contrebalancés par une surface de glisse convenable, des clics souples et une bonne précision dans l'ensemble. On a vu mieux, mais aussi bien pire. Gageons toutefois que, dans leur majorité, les utilisateurs brancheront une souris externe… et n'auront donc pas à utiliser ce trackpad autrement qu'en dépannage.

Clairement, c'est le pari fait par Acer, qui cherche ici à maîtriser ses coûts de production. Il en va d'ailleurs de même pour les haut-parleurs (installés sous le châssis, au pire endroit) et la webcam (720p). Ces deux « périphériques » sont proprement sacrifiés pour le bien du prix final de l'appareil. N'en attendez donc rien, cela vous évitera d'être déçu.

La qualité de la webcam n'est pas au rendez-vous © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Acer fait heureusement beaucoup mieux sur le plan des connectiques, domaine dans lequel la marque était attendue… et dans lequel elle fait habituellement bonne impression, y compris sur l'entrée de gamme. On retrouve ici l'essentiel, voire un peu plus, avec une sortie HDMI 2.1, deux ports USB-A 3.1 Gen 2, un port USB-A 3.0, un port USB-C 3.2 Gen 2 (prenant en charge l'affichage en DisplayPort), un port RJ45 et une prise jack 3,5 mm.

Terminons enfin par un point sur le potentiel de réparabilité de l'engin. En la matière, pas de secret, l'accès aux composants se fait par le dessous du châssis, après avoir retiré la plaque inférieure de ce dernier, retenue par une dizaine de vis Philips. On constate alors que la batterie est facilement remplaçable, et qu'il est possible de changer à la fois le SSD (format M2) et les barrettes de RAM (SO-DIMM). Ce n'est déjà pas si mal.

Les connectiques à droite et à gauche © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Écran : c'est là où le bât blesse…

Sur l'entrée de gamme, tout est une affaire de compromis. En matière d'affichage, le Nitro V15 2024 ne s'embarrasse pas : il embarque probablement l'une des dalles IPS 1080p les plus rustiques du marché. Cet écran Full HD (1 920 par 1 080 pixels) de 15,6 pouces monte à 144 Hz, mais c'est vraiment son seul atout. Toutes nos mesures ont en effet pour point commun de confirmer le caractère rudimentaire du panneau LCD choisi par Acer.

Cet écran nous offre une expérience d'affichage décidément très morose, marquée en premier lieu par une luminance maximale cruellement limitée. Notre sonde et le logiciel de mesure DisplayCal valident cette impression initiale en estimant le pic de luminosité à seulement 236 cd/m². C'est tout juste suffisant pour permettre une lisibilité correcte en intérieur. En extérieur ou dans une pièce très éclairée, on n'y verra clairement plus grand-chose, et ce, malgré le traitement antireflet appliqué à la dalle.

Le bilan est plus positif côté contraste, avec un ratio qui atteint ici les 1189:/1, ce qui est honnête pour la technologie IPS. Sur ce plan, l'écran de notre Nitro V15 est à peu près au point.

On ne peut malheureusement pas en dire autant du reste. La calibration de cette dalle LCD et sa couverture des principaux espaces de couleur laissent clairement à désirer. On relève en effet une prise en charge à seulement 58,8 % du gamut sRGB, pour à peine 41 % de l'espace DCI-P3.

La colorimétrie est elle aussi très mauvaise, avec un Delta E qui grimpe à 5,1 et une température des couleurs qui tombe pour sa part à 5 965 kelvins, traduisant des couleurs trop chaudes par défaut. Pour rappel, le Delta E est censé être égal ou inférieur à 3 pour permettre à l'écran de restituer des couleurs fidèles, tandis que la température de la dalle est censée approcher les 6 500 kelvins du standard vidéo. Nous en sommes loin.

La colorimétrie et la calibration de la dalle sont vraiment mauvaises © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Ces mauvais résultats érigent l'écran du Nitro V15 2024 au rang des plus ternes que l'on ait vus ces dernières années chez Clubic. On note par ailleurs la présence de légères fuites de lumière dans les angles et de noirs peu homogènes sur cette dalle qui, décidément, est bien difficile à défendre. Si vous cherchiez où Acer a principalement fait des économies, c'est bien là.

Performances : très au point pour de l'entrée de gamme

À défaut de briller sur le plan de l'affichage, l'Acer Nitro V15 fait-il bonne impression en jeu ? Sans aucun doute, la réponse est oui. Avec ce produit, le constructeur taïwanais nous propose en effet un rapport performances-prix tout à fait viable et parvient à accoucher d'une machine décidément bien balancée, pour moins de 1 200 euros dans le cas de notre modèle de prêt. Une somme raisonnable, alors que les prix ont littéralement flambé ces dernières années sur le marché du PC portables gaming.

Pour rappel, voici la configuration du Nitro V15 qu'Acer France nous a fait parvenir en prêt :

• Processeur AMD Ryzen 7 7735HS (8 cœurs et 16 threads cadencés à un maximum de 4,75 GHz en boost, 35 à 54 watts de TDP) ;
• 16 Go de DDR5 ;
• Carte graphique NVIDIA GeForce RTX 4060 (75 watts de TGP).

Pour proposer son PC à un prix abordable, Acer fait ici deux principaux compromis. La marque s'en tient à un processeur AMD d'ancienne génération, lancé il y a presque deux ans, en tout début d'année 2023. Elle « limite » par ailleurs l'enveloppe thermique de la RTX 4060 à 75 watts seulement, ce qui nous met d'entrée de jeu sur la piste d'un système de dissipation modeste. Nous verrons ce qu'il en est. Pour rappel, hors Dynamic Boost, la RTX 4060 peut normalement atteindre jusqu'à 115 watts de TGP.

Sans plus attendre, voyons concrètement ce que permet le Nitro V15.

Commençons comme d'habitude par les résultats du CPU sous Cinebench R24. Ici, notre Ryzen 7 7735HS affiche assez logiquement un certain retard face aux puces lancées au cours de l'année écoulée. Avec 91 points obtenus en single-core et 757 points glanés en multi-core, le CPU égale à peine un Intel Core Ultra 5 125H, disponible depuis fin 2023. Sur le Honor MagicBook Pro 16 2024 (de format comparable à notre Nitro V15), la puce d'Intel obtenait par exemple 99 points en single-core et 813 points en multi-core.

Les performances du Ryzen 7 7735HS restent néanmoins très suffisantes pour un usage quotidien, même avancé, mais aussi pour accompagner la RTX 4060 qui nous intéresse aujourd'hui. En 1080p, ce duo fait d'ailleurs tout à fait l'affaire, y compris lorsqu'on s'amuse à pousser un peu les réglages dans les niveaux élevés ou ultra. Voyez plutôt les résultats obtenus avec les trois titres que nous avons pu tester sur l'appareil :

• Sur Indiana Jones et le Cercle Ancien, en 1080p, avec le préréglage élevé (mais sans ray tracing, ce dernier étant très gourmand sur le titre de MachineGames) et le DLSS Auto, nous obtenons 60 à 70 FPS. Il est par ailleurs possible d'atteindre le cap des 80 à 90 FPS en activant le DLSS 3.
• Sur Cyberpunk 2077, toujours en 1080p, avec les préréglages « ray tracing ultra » et le DLSS en Auto, nous avons mesuré une moyenne de 46 FPS. Comme dit plus haut, activer la technologie Frame Generation permettait toutefois d'atteindre assez facilement les 60 FPS dans les mêmes conditions.
• Sur Dying Light 2, encore en 1080p, avec les préréglages « ray tracing ultra » et le DLSS en niveau « qualité », nous avons cette fois atteint une moyenne de 71 FPS. Il était possible d'approcher les 100 FPS une fois le DLSS 3 actif.

Comme vous pouvez le voir, jouer en Full HD à certains des jeux les plus gourmands du moment est tout à fait possible sur le Nitro V15, et dans de très bonnes conditions qui plus est. L'appareil souffre en revanche d'un système de dissipation à bout de souffle. Sous-dimensionné, ce dernier fait vrombir très fort ses deux petits ventilateurs, en jeu comme en charge intensive… et a également tendance à les déclencher régulièrement au quotidien, y compris en bureautique ou en navigation web.

Au bout d'une demi-heure de jeu sur Cyberpunk 2077, nous avons ainsi relevé jusqu'à 62 décibels. Il s'agit tout simplement de la plus forte nuisance sonore mesurée par nos soins sur un PC portable gaming en 2024. Un record dont nous nous serions bien passés. En contrepartie, les températures sont maintenues la plupart du temps à des niveaux acceptables, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

Les performances du SSD, enfin, sont plutôt honnêtes. Du moins, elles sont au niveau de ce que l'on attend sur un produit d'entrée de gamme. Sous CrystalDiskMark, la barrette M2 de 512 Go installée sur notre Nitro V15 obtient en effet 3 786 Mo/s en lecture pour 2 190 Mo/s en écriture.

Autonomie : l'art de savoir se contenter de peu

Les PC portables gaming nous confrontent le plus souvent à une autonomie frugale, et en la matière, le Nitro V15 nous apprend lui aussi à nous contenter de peu. L'appareil est doté d'une petite batterie de 57 Wh, dont la capacité est comparable à celles de certains modèles ultraportables. Autant dire que sur un modèle équipé de composants plus gourmands en énergie, cette batterie ne fait pas de merveilles.

Pour faire court, faute de pouvoir faire autrement, le Nitro V15 vous accompagnera en utilisation courante (bureautique, lecture multimédia, navigation web) environ 4 heures, dans la plupart des cas. C'est peu, mais ce n'est pas catastrophique non plus pour ce type d'engin. Cela dit, il vous faudra garder le chargeur à portée de main lors de tous vos déplacements avec l'appareil.

En l'occurrence, Acer nous équipe d'un bloc secteur de 135 watts, pas trop encombrant, qui fera le plein complet en un peu plus de 2 heures et 20 minutes, d'après nos observations.

En dépannage, si vous êtes prêt à tolérer une recharge (beaucoup) plus lente, l'appareil supporte la recharge par son port USB-C. Pas question cependant d'espérer jouer dans ce cas de figure, mais il s'agit quand même d'une assez bonne nouvelle. C'est loin d'être le cas de tous les appareils entrée de gamme.

Acer Nitro V15 (2024) : l'avis de Clubic

Concurrence : quelles alternatives au Nitro V 15 ?