Test Honor MagicBook Pro 16 (2024) : un bon ordi qui passe à côté du sujet

Habile lorsqu'il s'agit de commercialiser des ordinateurs portables efficaces à un prix raisonnable, Honor revenait il y a quelques mois avec un nouveau MagicBook Pro 16. Ce millésime 2024 de l'appareil mise sur un processeur Intel Core Ultra de série 1 Meteor Lake, mais aussi sur un écran 3K et 165 Hz, pour un tarif oscillant entre 1 000 et 1 300 euros au gré des promotions. Voyons ce qu'il vaut en l'absence du GPU dédié qu'il aurait dû embarquer.

S'il se destine (à la suite d'un coup du sort) bien plus au grand public qu'aux pros, l'Honor MagicBook Pro 16 2024 monte en gamme par rapport à son prédécesseur. Au-delà d'une évolution assez franche sur le plan esthétique, avec l'arrivée d'un nouveau châssis, l'appareil s'équipe d'un processeur Intel plus récent, mais aussi d'un meilleur écran sur le papier.

De quoi lui offrir d'entrée de jeu un certain intérêt, mais mérite-t-il que vous lui consacriez votre argent face, par exemple, à un MagicBook X 16 plus abordable ? C'est ce que nous allons voir dans ce test.

En France, le nouveau Honor MagicBook Pro 16 est commercialisé à 1 299,90 euros en tarif recommandé. Mais ce prix théorique n'est appliqué que rarement, l'appareil faisant en réalité très souvent l'objet de promotions et autres opérations commerciales de la part d'Honor. Dans les faits, on le trouve donc régulièrement à 999,90 euros. Nous avons d'ailleurs pu observer ce tarif sur le site officiel d'Honor au moment d'écrire cet article.

Design : il aurait pu être irréprochable !

Châssis en aluminium, ouverture du capot possible à 180 degrés, esthétique épurée et finitions de bon niveau. Une nouvelle fois, Honor régale sur le plan du design. La marque nous a globalement habitués à des châssis sobres et bien conçus, et le nouveau MagicBook Pro 16 ne fait pas exception. Si l'on peut arguer qu'il manque peut-être un peu d'originalité, il aura au moins l'avantage de plaire au plus grand nombre. Cela tombe bien, c'est précisément le but recherché par ce produit.

Avec 354 x 242 x 19,9 millimètres d'épaisseur pour 1,79 kilo, l'appareil affiche des mensurations tout à fait dans l'axe de ce que l'on attend d'un modèle de 16 pouces récent. On en a déjà vu des plus fins et des plus légers, c'est évident, mais pour son segment milieu de gamme, le nouveau PC portable d'Honor ne déçoit pas. Il n'est, certes, pas aussi compact qu'un ultraportable de 13 ou 14 pouces, mais il demeure facile de le loger dans un sac à dos ou dans une sacoche pour l'emporter en cours ou au bureau.

Le clavier est équipé d'un lecteur d'empreinte © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Sur le plan du clavier, le constructeur chinois (indépendant de Huawei, son ex-maison mère, depuis 2020) nous propose une expérience de frappe proche de celle que nous avions pu observer sur le MagicBook X16 en début d'année. Les deux appareils partagent en effet un clavier quasiment identique, de même gabarit, orné d'un pavé tactile et d'un lecteur d'empreinte logé dans la touche de mise sous tension.

La saisie y est donc une nouvelle fois très convaincante, avec une frappe souple, confortable et relativement silencieuse. On bénéficie vraiment du format 16 pouces, qui offre à Honor la place suffisante pour l'intégration d'un clavier pleine taille, doté de touches bien espacées les unes des autres. En l'état, nous n'avons donc rien de particulier à lui reprocher.

Malheureusement, nous ne pouvons pas en dire autant du pavé tactile. Le trackpad centré sous le clavier est une nouvelle fois décevant. Ça, c'est si l'on veut être aimable. Car pour être tout à fait franc, il est médiocre : peu précis, bruyant et désagréable lors des clics appuyés (les coins s'enfoncent trop dans le châssis).

Le clic ne nous a pas du tout convaincus © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Nous regrettons qu'Honor ne fasse aucun effort sur ce point… et en l'occurrence, ça fait maintenant des années que ça dure. Pour le dire franchement, si vous voulez vous offrir un Honor MagicBook Pro 16, achetez une souris externe en même temps. Autrement, vous serez vite agacé.

Au nombre de 6, répartis dans le châssis, les haut-parleurs ne sont pas vraiment plus enthousiasmants. Ils suffisent pour la lecture d'une vidéo YouTube de temps à autre, mais sans jamais proposer mieux qu'une solution à laquelle on pense uniquement en dépannage. C'est le lot de nombreux haut-parleurs de PC portables, difficile donc de trop le reprocher à Honor. En revanche, la saturation dont ils font preuve à plein volume et les crépitements réguliers qu'ils émettent auraient dû être évités.

Le constructeur aurait également pu faire mieux sur la webcam. En dépit d'une définition 1080p devenue (lentement) la norme sur le marché, ce capteur offre une qualité d'image fort piteuse. La netteté n'est pas au rendez-vous et les couleurs sont mal rendues, même dans un environnement bien lumineux. En dépannage là aussi, donc, mais pas plus.

Honor se rattrape (comme toujours ou presque) sur les connectiques. Le MagicBook Pro 16 ne manque de rien, à part, peut-être, d'un lecteur de cartes SD. On retrouve ainsi un port USB-C Thunderbolt 4, un port USB-C 3.2 Gen2, deux ports USB-A 3.2 Gen1, une sortie HDMI 2.1 et une prise casque. C'est plus que suffisant en l'état. Attention en revanche à la répartition étrange de ces différentes connectiques : les deux ports USB-C sont installés sur le flanc gauche de l'appareil, le reste est déporté à l'arrière du châssis… et rien n'est logé à droite, ce qui n'est pas vraiment pratique au quotidien.

Dernier point : l'accès aux composants. En matière d'évolutivité, notre MagicBook Pro 16 2024 n'est pas si mauvais. Après avoir retiré la plaque inférieure du châssis, on constate que la batterie est facile à remplacer, au même titre que le SSD (au format M2 2242). Malheureusement, et c'est le cas sur de plus en plus de machines, la mémoire vive (LPDDR5X) est soudée à la carte mère. Ce problème n'est toutefois pas si grave dans le cas du produit qui nous intéresse ici, puisqu'il vient par défaut avec 24 Go de RAM. Une capacité suffisante pour voir venir.

Les connectiques sont réparties à l'arrière et sur le flanc gauche du châssis © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Écran : une dalle IPS qui en met plein les yeux ?

S'il ne franchit pas (encore ?) le pas de l'OLED, Honor soigne malgré tout le volet affichage de son MagicBook Pro 16. Le PC est équipé d'un écran LCD IPS de 16 pouces offrant une définition 3K (3 072 x 1 920 pixels pour 226 ppp), mais aussi une fréquence de rafraîchissement de 165 Hz. Cette dalle LCD est par ailleurs censée couvrir à 100 % le spectre DCI-P3 selon Honor, atteindre les 500 cd/m² de luminance et proposer un contraste estimé à 1200:1. Avec notre sonde et le logiciel de mesure DisplayCal, nous avons voulu vérifier tout cela.

On commence comme d'habitude par la luminosité maximale affichée par ce panneau IPS. En l'occurrence, les nouvelles sont excellentes, puisque l'écran dépasse en réalité les 500 cd/m² promis par Honor, pour monter ici à un maximum de 569 cd/m² en réalité. C'est excellent, d'autant que cette belle luminosité se couple à un traitement antireflet efficace pour assurer une lisibilité optimale dans la vaste majorité des cas.

Sur notre modèle de prêt, le contraste est en revanche moins viable que prévu, avec seulement 1131:1 au compteur. Sans être foncièrement mauvais, ce résultat est un peu trop juste, la technologie IPS étant capable de faire bien mieux. Le point faible de cet écran, il est là, et pas ailleurs.

Car pour le reste, tout est (pratiquement) au parfait. Nos outils nous donnent en effet un Delta E moyen à 1,09, mais une température un chouia trop élevée, estimée à 6 718 kelvins par notre sonde. Pour rappel, le Delta E doit idéalement être égal ou inférieur à 3 pour témoigner d'une bonne restitution des couleurs, tandis que la température de l'écran est censée approcher au plus près les 6 500 kelvins du standard vidéo. L'écran de notre MagicBook est donc bien calibré dans l'ensemble.

L'écran est bien calibré © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Même dynamique en ce qui concerne la prise en charge des espaces de couleurs. Le gamut sRGB est supporté à 142 %, tandis que le spectre DCI-P3 est couvert à 100 %, comme annoncé par le constructeur. Parfait, tout simplement.

Nous n'avons, du reste, noté aucun effet de halo ou problème d'uniformité des noirs sur notre modèle de test. En dépit d'un contraste légèrement décevant et d'une température un tout petit peu trop froide par défaut, cet écran est donc très convaincant.

Performances : un allié efficace… mais pas pour les pros

Amputé du Core Ultra 7 155 H et de la RTX 4060 initialement prévus sur le nouveau MagicBook Pro 16, lors de son annonce au MWC 2024, le modèle actuel est bien moins puissant que celui imaginé au départ par Honor.

Si la raison de ce rétropédalage en France n'a pas été explicitée par le constructeur, nous voilà quoi qu'il en soit face à un grand modèle de 16 pouces, doté d'un système de dissipation costaud… mais qui n'embarque pourtant qu'un « simple » processeur Intel Core Ultra 5 125 H (14 cœurs et 18 threads cadencés à un maximum de 4,5 GHz, 18 Mo de cache, 28 watts de TDP) dépourvu de la carte graphique dédiée que nous aurions aimé voir à ses côtés.

À la place, il faut donc se contenter d'un iGPU. Cette partie graphique intégrée au processeur est signée Intel Arc. Elle regroupe présentement 7 cœurs GPU Xe (à 2,2 GHz) et s'avère efficace en gaming léger ainsi qu'en multimédia léger… sans toutefois faire de miracles pour le reste. L'ensemble est par ailleurs couplé, ici, à 24 Go de mémoire vive (en l'occurrence de la LPDDR5X cadencée à 6 400 MHz).

Le MagicBook Pro 16 auquel Honor nous confronte aujourd'hui n'a donc plus grand-chose de « Pro », mais il s'avère néanmoins efficace au quotidien et conviendra sans mal à la majorité des utilisateurs, comme en attestent les résultats que nous avons obtenus en benchmark.

Sur Cinebench R24, les scores observés sont ceux d'un processeur milieu de gamme bien exploité. On relève 813 points en multi-core et 99 points en single-core. À titre de comparaison, le même processeur se limitait à 707 points en multi-core et 99 points également en single-core sur le HP Pavilion Plus 14 2024, tandis que le Qualcomm Snapdragon X Plus X1P-64-100 du nouveau Acer Swift 14 AI glanait 108 points en single-core et 820 points en multi-core sur le même outil. Des résultats peu ou prou équivalents sur une puce pourtant plus récente de conception que notre Core Ultra 5 125 H, lancé en fin d'année 2023.

Sur le plan graphique, l'iGPU de ce petit Core Ultra 5 fait également bonne impression en obtenant de meilleurs résultats que ceux glanés par le Snapdragon X Plus (principalement à cause de l'optimisation encore perfectible de Windows pour les solutions Arm). En Full HD+, avec le préréglage « moyen », Shadow of the Tomb Raider est par exemple animé à 30 FPS tout rond en moyenne… contre 23 FPS sur le concurrent signé Qualcomm.

Cette marge de manœuvre sur le plan graphique permet bien sûr à notre MagicBook Pro 16 d'animer dans de bonnes conditions quelques titres en 1200p (à condition d'être raisonnable sur les réglages), mais aussi de lui offrir une latitude intéressante pour de la retouche photo ou du montage vidéo ponctuel. Pour les activités plus lourdes, il faudra néanmoins, clairement, se tourner vers un autre produit, équipé d'une carte graphique dédiée. Chose qu'Honor a, au bout du compte, négligée sur son nouveau MagicBook.

Quoi qu'il en soit, l'appareil tire également son épingle du jeu sur les performances de refroidissement. Comme nous l'avons expliqué plus haut, son système de dissipation avait initialement été prévu pour supporter un processeur et une carte graphique dédiée. Il se retrouve finalement face à un processeur seul. De quoi expliquer la (quasi) absence de chauffe, mais aussi le silence de l'appareil… même lorsqu'il est fortement sollicité.

Armés de notre caméra thermique, nous n'avons pas relevé plus de 41 °C sur le châssis au bout de 30 minutes de stress test sur AIDA64. Au toucher, l'appareil reste donc à peine tiède à l'usage. Les ventilateurs, eux, sont la plupart du temps inactifs. Ils ne s'enclenchent qu'à faible vitesse, et uniquement lorsqu'on pousse la puce d'Intel dans ses derniers retranchements. On entend alors un souffle, mais rien de plus, avec à peine 39 décibels au compteur. Rien de trop gênant.

Le SSD est quant à lui réactif, mais surtout en lecture, ce qui nous déçoit un peu. On relève des vitesses de transferts allant jusqu'à 5 009 Mo/s en lecture et 3 445 Mo/s en écriture. Compte tenu du type d'utilisation visé avec le MagicBook Pro 16, on reste dans la norme. Ces débits suffiront amplement à la plupart des usages.

Autonomie : une endurance moyenne compensée par la charge rapide

L'appareil est équipé d'une batterie de 75 Wh et d'un gros chargeur de 135 watts un peu surdimensionné. Ce dernier a au moins l'avantage de permettre une charge rapide probante. Honor estime qu'il faut 30 minutes pour recharger la batterie à environ 55 %, et environ 70 minutes pour atteindre les 100 %. À quelques minutes près, nous pouvons effectivement valider cette estimation.

L'autonomie, pour sa part, est dans la moyenne face aux autres 16 pouces milieu de gamme lancés en 2024. Tablez sur environ 9 heures d'endurance en utilisation polyvalente (bureautique, lecture vidéo, navigation web…). Cela dit, il arrive que l'appareil tienne moins longtemps sur batterie.

Dans le cadre de notre test d'autonomie habituel (lecture de vidéos YouTube sur Edge, en 1080p, avec la luminosité de l'écran à 100 %, le rétroéclairage du clavier coupé, un casque branché et les paramètres d'alimentation les plus favorables à l'économie d’énergie), l'écran s'est par exemple éteint au bout de 7 heures et 50 minutes environ.

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