Tout dans le GPU et pas grand-chose ailleurs : c’est un peu ce que l’on redoute lorsqu’on jette un œil sur le Medion Erazer Deputy P60, sur sa fiche technique et sur son prix. Proposé en France à moins de 1 500 euros, quelle que soit la version choisie, l’appareil embarque étonnamment une RTX 4070, d’ordinaire proposée sur des appareils beaucoup plus onéreux. Dans ce contexte, faut-il se méfier ? Réponse dans ce test.
- Le prix riquiqui pour une RTX 4070
- De solides performances dans l'absolu
- Connectiques nombreuses
- Assez bon clavier
- Design spartiate, finitions rustiques, pas de biométrie
- Écran bas de gamme (peu lumineux, mal calibré…)
- RAM très lente, qui affecte les performances globales
- Les ventilateurs presque tout le temps actifs
Trouver de bons PC portables gaming à des prix contenus n’est pas toujours une mince affaire. Sous la barre des 1 500 euros, les appareils disponibles impliquent parfois de lourds compromis et se contentent le plus souvent de cartes graphiques dédiées relativement modestes, qui ne permettent pas toujours de profiter des jeux les plus gourmands dans les meilleures conditions.
Pour tenter de tirer son épingle du jeu face à ses rivaux, Medion (filiale de Lenovo depuis de longues années maintenant), propose sur son modèle Erazer Deputy P60 une farouche RTX 4070 à un prix défiant toute concurrence… puisqu’il est proposé dès 1 129 €. De quoi aiguiser les appétits de bien des clients potentiels, mais pour arriver à ce prix, la marque a dû consentir à de nombreux sacrifices.
Également disponible en version Core i5-12450H / RTX 4060 (dès 850 euros), l’Erazer Deputy P60 qui nous intéresse présentement (Core i7/RTX 4070) est donc affiché chez les revendeurs en ligne à un prix de 1 499 € avec une licence Windows — des remises font toutefois souvent tomber ce prix à 1 300 € d’après nos observations. Notons par ailleurs que l’appareil est aussi distribué sans licence, cette fois au tarif de 1 129 €.
Design : une vilaine boîte en plastique… avec quand même quelques atouts
En matière de design, le Deputy P60 est tout simplement une boîte en plastique assez peu affriolante. Medion s’est contenté d’un châssis complètement générique et dépourvu de la moindre fioriture d’un point de vue esthétique. Les finitions sont rustiques, et globalement, l’appareil renvoie plus à l’idée qu’on se fait d’un PC portable bureautique d’il y a 5 ans… qu’à celle qu’on a d’un gamer puissant lancé en 2024.
Dans les faits, l’appareil reprend pratiquement à l’identique la dégaine de son cousin l’Erazer Crawler E30e, que nous testions en fin d’année dernière, et qui jouait lui aussi la carte des performances à prix serré. Nos observations ne varient donc que peu d’un appareil à l’autre, et pour cause, outre leur châssis, les deux produits partagent le même tandem clavier/trackpad, les mêmes connectiques, les mêmes mensurations à quelques millimètres et grammes près (36 x 24 x 2.4 cm pour 2,1 kg pour le Deputy P60), les mêmes haut-parleurs (très mauvais) et la même webcam.
Dans le détail, il y a quand même quelques bons points à retenir. Les connectiques sont par exemple nombreuses, avec un port USB-A 2.0, deux ports USB-A 3.2 Gen 1, deux ports USB-C 3.2 Gen2 port, une sortie Mini Display 1.4, une sortie HDMI, une prise Ethernet RJ-45, un lecteur de cartes microSD, et une prise casque jack 3,5 mm. Certes, on aurait aimé ne pas voir d’USB 2.0 en 2024, et l’absence de HDMI 2.1 se fera surement sentir chez certains utilisateurs, mais dans l’ensemble cette sélection de ports est suffisante pour ne manquer de rien dans la plupart des cas.
En dépit de touches trop étroites auxquelles il faudra s’habituer, le clavier s’avère également très honnête. La frappe y est silencieuse et la profondeur de course confortable. L’encombrement global de l’engin est par ailleurs raisonnable, et l’on apprécie aussi sa relative sobriété : personne ne saura, à part vous, que vous avez un PC portable gaming entre les mains.
Les finitions sont un peu rustiques © Nathan Le Gohlisse pour Clubic
Bref, Medion n’a pas tout mal fait en matière de design sur son Deputy P60, même si — sur ce terrain — ce dernier reste quand même un bon cran derrière la plupart de ses concurrents vendus sous la barre des 1 500 euros.
L’appareil déçoit par ailleurs sur le plan logiciel en misant sur plusieurs bloatwares installés par défaut, dont l’insupportable McAfee et ses fenêtres pop-up récurrentes ; et en se contentant d’un Erazer Control Center peu attrayant. S’il permet de gérer le système de dissipation ou le rétroéclairage RGB du clavier sans trop de problèmes, cet outil se montre tout de même austère, mal optimisé, et trop avare en réglages.
Terminons par un point sur l’évolutivité de l’appareil. L’accès aux composants se fait après avoir retiré une poignée de vis cruciformes à l’aide d’un tournevis de précision. La plaque inférieure du châssis peut alors se déclipser pour laisser apparaître au grand jour les entrailles de notre Deputy P60, son système de dissipation et ses principaux éléments internes.
On remarque ici qu’il est possible de remplacer facilement le SSD, d’en ajouter un via un empalement M2 laissé vacant, mais aussi de changer la mémoire vive, au même titre que la batterie et le modem Wi-Fi. Le reste des composants est par contre soudé à la carte mère.
Écran : une politique d’austérité frustrante !
Outre son châssis en plastique et les quelques compromis que nous venons d’évoquer en matière de design, le Deputy P60 voyage léger côté qualité d’affichage… très léger. Comprenez par là que l’écran est probablement l’un des plus gros points faibles de l’appareil. Sur ce terrain, on s’en tient donc au strict nécessaire en 2024 pour un PC portable gaming. Vraiment rien de plus.
Le Deputy P60 embarque ainsi une dalle LCD IPS Full HD (1920 par 1080 pixels) de 15,6 pouces, limitée à l’antique format 16:9. Fabriqué par le chinois BOE, cet écran est par contre capable de monter à 144 Hz : c’est son seul « atout ». Car pour le reste il se borne à une luminosité maximale de 250 cd/m2, et à une couverture médiocre des principaux espaces de couleurs (45 % NTSC, tandis que les gamuts sRGB et DCI-P3 sont à oublier).
L’expérience d’affichage est par conséquent particulièrement fade dans le cas présent… mais elle ne nous est pas tout à fait inconnue. Et pour cause, l'écran en question est le même que celui intégré à l’Erazer Crawler E30e, que nous évoquions plus haut, et qui était pour sa part proposé à partir de 500 euros.
Doté d’un contraste passable, ce panneau LCD nous confronte quoi qu’il en soit à une luminosité insuffisante pour le quotidien et à des couleurs très peu fidèles, marquées par une forte dérive vers le bleu.
L'écran est bas de gamme (peu lumineux, mal calibré…) © Nathan Le Gohlisse pour Clubic
Nous avons tout simplement à faire à une dalle bas de gamme, dont seuls les utilisateurs les moins exigeants pourront s’accommoder… et si nous parvenions de notre côté à nous y résoudre sur le Crawler E30e, en raison d’un prix encore plus contenu, il nous paraît beaucoup plus difficile de s’en satisfaire dans le cas présent, sur un produit dont la carte graphique mériterait tellement mieux.
Performances : la RTX 4070 forcément gage de puissance ?
Seul avantage à cet écran : la RTX 4070 intégrée à notre Deputy P60 ne fait qu’une bouchée de sa définition 1080p. En jeu, les performances sont donc robustes et l’on peut tout à fait se projeter dans une utilisation en QHD une fois un écran externe branché.
En 1080p, avec l’ensemble des réglages en ultra, y compris le ray-tracing, et le DLSS en mode Auto, Cyberpunk 2077 est ainsi animé à un peu plus de 60 FPS en moyenne. On passe toutefois à un framerate moyen supérieur à 90 FPS une fois le DLSS 3.0 activé. Autant dire que jouer dans ces conditions au titre de CDProject RED est agréable. Même constat sur un autre titre relativement gourmand : Dying Light 2. Dans les mêmes conditions, le soft est propulsé à une moyenne de 85 FPS, contre 131 FPS une fois la technologie Frame Generation de NVIDIA mise en route. Enfin, sur Horizon Forbidden West, ancienne exclusivité PlayStation, on tient les 80 à 90 images par seconde sans trop de problèmes en 1080p/ultra là aussi.
Les performances de la RTX 4070 sont donc au rendez-vous, du moins en jeu, mais qu’en est-il en benchmark face à d’autres modèles équipés de la même carte graphique ? Eh bien, disons que s’il ne permet pas tout à fait à son GPU premium de développer son plein potentiel, le Deputy P60 fait globalement du bon travail.
Sur 3DMark Time Spy Extreme, la RTX 4070 du modèle qui nous intéresse présentement récolte un total de 5 416 points en score GPU. Pas mal, même s’il faut effectivement garder les pieds sur terre : à gabarit à peine plus important (16 pouces contre 15,6 pouces ici) la RTX 4070 du dernier Alienware m16 R2 obtenait de son côté un score graphique de 5 940 points sur le même outil.
Pourquoi cette différence ? Parce que le Deputy P60 fait aussi des économies sur son système de dissipation, et que pour éviter de lui en confier plus qu’il ne peut gérer, Medion a bridé l’enveloppe thermique de sa RTX 4070 à 100 W « seulement »… contre 140 W sur l’Alienware m16 R2.
En dépit de son gabarit, et à cause des limitations induites par son système de refroidissement, le Deputy P60 se contente donc de performances graphiques à peine supérieures à celles d’un ultraportable gaming de 14 pouces, comme le nouveau ROG Zephyrus G14 2024. En effet, la RTX 4070 du petit bolide de chez ASUS (limitée pour sa part à 90 W de TGP en raison de son châssis hyper compact) glanait pour sa part 5 371 points sur Time Spy Extreme.
Le système de dissipation du PC portable de Medion est donc un autre de ses points faibles, mais aussi la preuve que la marque a vraiment fait des économies partout sauf sur le GPU.
La ventilation est d’ailleurs relativement bruyante. Pas tellement en jeu (sur ce point, le Deputy P60 est plutôt dans la moyenne par rapport aux autres gamers), mais elle l’est au quotidien. Les ventilateurs sont en effet très souvent audibles, même avec le mode « silencieux » activé et lorsqu’on se concentre sur une utilisation bureautique et multimédia courante. Travailler dans le silence complet est donc rare sur ce produit, malheureusement.
Cela étant dit, l’appareil chauffe globalement peu, et ce pour une bonne raison : les fréquences du CPU sont très vite bridées dans le cas d’une charge intensive, par exemple, la faute à un thermal throttling vivace et opiniâtre. En stress test sous AIDA-64, qui nous permet de solliciter à 100 % et de manière constante l’ensemble des cœurs du processeur, nous relevons en effet des fréquences avoisinant les 3,90 GHz en début de test. Au bout d’une quinzaine de minutes, ces dernières ne dépassaient plus les 3,50 GHz, et ce, avec une sérieuse tendance à la baisse. Dans ces conditions, le processeur ne peut pas développer, lui non plus, son plein potentiel sur le Deputy P60.
Cela se remarque là aussi en benchmark. S’il reste performant malgré ses deux ans d’âge, notre Intel Core i7-12650H (10 cœurs et 16 threads de génération « Alder Lake », cadencés à un maximum de 4,70 GHz, 24 Mo de cache et 45 W de TDP), n’obtient pas plus de 13 200 points en multi-core sur Cinebench R23, contre 1 769 points en single-core. Pour jouer et travailler, cela reste amplement suffisant, mais l’on est loin derrière les dernières puces d’Intel ou d’AMD. Et si l’on compare ces performances à celles obtenues il y a deux ans par d’autres appareils équipés du Core i7-12650H… il n’y a pas de quoi sabrer le champagne non plus.
On notera en parallèle que la mémoire vive intégrée a elle aussi fait l’objet d’une certaine politique d’austérité budgétaire. Medion nous restreint (pour le coup littéralement) à 16 Go de DDR4 cadencés à 3200 MHz seulement. Une lenteur folle en 2024 qui impacte également les performances globales de l’appareil. Dommage, d’autant que les vitesses du SSD M2 installé à bord ne sont pas tonitruantes non plus : tablez sur 3637 Mo/s en lecture et 3046 Mo/s en écriture.
Autonomie : le minimum syndical
Le Medion Erazer Deputy P60 embarque une batterie minimaliste de 54 Wh. Là aussi, nous sommes sur le minimum syndical, avec une capacité qui se rapproche de celle que l’on trouve habituellement sur des ordinateurs ultraportables de 13 ou 14 pouces, dotés de processeurs à très basse consommation.
Autant dire qu’ici, avec un Core i7 et une grosse RTX 4070, cette petite batterie ne fait pas long feu lorsqu’il s’agit de tenir la boutique sans être raccordé à une prise secteur. Dans le cadre de notre test d’autonomie habituel (lecture vidéo sur YouTube, avec luminosité de l’écran à 100 %, le rétroéclairage du clavier coupé, un casque branché et les réglages d’alimentation les plus économes en énergie), nous n’avons pas réussi à tenir plus de 2 heures et 35 minutes sur batterie avant de voir le PC s’éteindre.
En utilisation bureautique, le cap des 3 heures d’autonomie est d’ailleurs rarement dépassé, ce qui est décevant… Mais prévisible sur un produit équipé de cette configuration, et proposé à ce prix. Le gros bloc secteur de 230 W fourni parvient pour sa part à recharger la batterie à 100 % en plus ou moins 1 heure et 30 minutes d’après nos observations.
Medion Erazer Deputy P60 : l’avis de Clubic
S'il n'embarquait pas une RTX 4070 à un prix défiant toute concurrence, le Deputy P60 n'aurait probablement pas retenu notre attention pour un test. Seulement voilà, en dépit de ses défauts, de ses nombreux compromis et de son allure des plus spartiates, l'engin reste équipé d'une configuration puissante et profite d'un placement tarifaire décidément très aguicheur.
Pour autant, ce modèle est globalement loin de faire forte impression. Pour embarquer un GPU haut de gamme vaille que vaille, il sacrifie à peu près tout le reste : deux générations de retard sur le CPU, châssis rudimentaire, écran 1080p fadasse, système de dissipation à bout de souffle, autonomie anecdotique et mémoire vive raplapla… Autant d'écueils avec lesquels il faut composer, et qui nous empêchent d'attribuer à ce produit une note supérieure.
Nous lui accordons donc un 7/10, mais de justesse. Une note indulgente, principalement portée par la prestation respectable de son tandem CPU/GPU en dépit de l'adversité. Si vous êtes intéressé par ce produit, dites-vous bien que vous achetez une RTX 4070 mobile logée tant bien que mal dans une boîte en plastique… et pas grand-chose de plus.
- Le prix riquiqui pour une RTX 4070
- De solides performances dans l'absolu
- Connectiques nombreuses
- Assez bon clavier
- Design spartiate, finitions rustiques, pas de biométrie
- Écran bas de gamme (peu lumineux, mal calibré…)
- RAM très lente, qui affecte les performances globales
- Les ventilateurs presque tout le temps actifs
Concurrence : quelles alternatives à l’Erazer Deputy P60 ?
- Un prix attractif
- L'écran IPS QHD+ de qualité
- Les performances, y compris au-delà de la Full HD+
- Clavier convaincant et dissipation assez silencieuse
- Bonne évolutivité
- Appareil encombrant et lourd, avec un chargeur XXL
- Répartition des connectiques peu pratique et trackpad raté
- Tendance à la chauffe
- Pas d'identification biométrique
- Possible de jouer en QHD+ sans se poser de questions
- Reconnaissance faciale
- Bonne évolutivité (SSD, RAM, carte Wi-Fi, batterie remplaçables facilement)
- Bonne qualité d'affichage dans l'ensemble…
- … même si l'écran ne suffira pas à tout monde
- Beaucoup de bruit en jeu
- Connectiques mal réparties
- Trackpad trop petit, haut-parleurs et webcam ratés
Fiche technique Medion Erazer Deputy P60
Processeur | Intel Core i7-12650H |
Taille de la mémoire | 16Go |
Carte graphique | Nvidia GeForce RTX 4070 |
Mémoire vidéo | 8Go |
Taille de l'écran | 15.6 pouces |
Taux de rafraîchissement | 144Hz |
Système d'exploitation | Windows 11 |
Processeur | Intel Core i7-12650H |
Type de processeur | 10 coeurs / 16 threads |
Fréquence du processeur | 4.7Hz |
Finesse de gravure | 10nm |
Taille de la mémoire | 16Go |
Type de mémoire | DDR4 |
Fréquence(s) Mémoire | 3,200Hz |
Nombre de barrettes | 2 |
Carte graphique | Nvidia GeForce RTX 4070 |
Max-Q | Oui |
Mémoire vidéo | 8Go |
VR Ready (réalité virtuelle) | Oui |
Type mémoire vidéo | GDDR6 |
Taille de l'écran | 15.6 pouces |
Taux de rafraîchissement | 144Hz |
Type de dalle | Dalle IPS |
Type d'écran | LED |
Résolution d'écran | Full HD |
Format de l'écran | 16/9 |
Dalle mate / antireflet | Oui |
NVIDIA G-SYNC | Non |
Écran tactile | Non |
Configuration disque(s) | SSD |
Disque principal | 512 Go |
Disque secondaire | 1 slot M.2 NVMe |
Lecteur optique | Aucun |
Emplacement mSATA/M.2 | M.2 (libre), M.2 (occupé) |
Lecteur de carte mémoire | Micro SD |
Connectiques disponibles | Ethernet - RJ45 Femelle, USB 2.0, USB 3.2 Type C, Jack 3,5mm Femelle Stéréo, Mini DisplayPort, HDMI 2.0, Micro (Jack 3.5mm Femelle) |
Wi-Fi | Oui |
Version Wi-Fi | 6 |
Bluetooth | Oui |
Version Bluetooth | 5.1 |
Haut-parleurs | Intégrés |
Clavier | Azerty |
Clavier rétroéclairé | Oui - RGB |
Pavé numérique | Oui |
Lecteur d'empreinte digitale | Non |
Épaisseur | 2.8cm |
Longueur | 36cm |
Largeur | 24cm |
Poids | 2kg |
16 décembre 2024 à 09h55