Test ASUS ROG Zephyrus G14 2024 : tout change pour le meilleur ?

Annoncée au CES, l’édition 2024 du ROG Zephyrus G14 représente probablement la plus grosse évolution de l’appareil depuis son lancement initial en 2020. Plus sobre, plus élégant, mais aussi plus puissant, et doté cette année d’un écran OLED, l’engin semble s’être amélioré de partout — suffisamment pour voler au-dessus de la mêlée face à des ultraportables gaming de plus en plus nombreux ? Réponse dans notre test.

Razer Blade 14, Acer Predator Triton 300 SE, MSI Cyborg 14, HP Omen Transcend 14, Alienware X14… Ces trois dernières années, ont vu les principaux constructeurs informatiques accoucher, chacun leur tour, de PC portables gamer au format 14 pouces. Ultra compacts, pour répondre aux besoins des utilisateurs nomades, et pourtant suffisamment puissants pour ne faire qu’une bouchée des derniers AAA, ces appareils profitent désormais d’une belle assise sur le marché. C’est dans ce contexte qu’arrive la quatrième itération du ROG Zephyrus G14 d’ASUS.

Dévoilé en janvier à l’occasion du CES 2024 et disponible en France depuis peu, ce nouveau modèle change de châssis, s’empare d’un écran OLED et s’arme d’un processeur AMD Ryzen de toute dernière génération. Beaucoup de nouveautés pour un seul produit. Nous allons voir si elles suffisent à le rendre incontournable dans sa catégorie, face à des concurrents de plus en plus attrayants eux aussi. Mais avant toute chose, voici la fiche technique du modèle qu’ASUS France nous a fait parvenir en prêt :

La configuration que nous avons reçue est la plus haut de gamme actuellement disponible en France. Elle est affichée à 2700 euros sur le site officiel d’ASUS. Le prix de départ de l’appareil est néanmoins fixé à 2000 euros, mais cette fois pour une configuration plus modeste regroupant « seulement » un Ryzen 7, 16 Go de RAM et une RTX 4050.

Design : plus beau, plus élégant, moins clinquant… un sans faute ?

Avec 31.1 x 22.0 x 1.59 cm pour 1,5 kg sur la balance, le nouveau G14 s’avère quasiment aussi compact qu’un ultraportable de 14 pouces classique. Par rapport aux précédentes moutures de l’engin, ce modèle 2024 réduit par ailleurs drastiquement le look gamer qu’il avait petit à petit adopté, pour se faire plus discret, plus élégant… en un mot plus mature. On sent d’ailleurs qu’ASUS cherche plus que jamais à se rapprocher (et à concurrencer) ce que peut proposer Razer en la matière : jamais le G14 n’avait à ce point été sobre.

Ce changement, l’appareil le doit notamment à l’adoption d’un châssis en aluminium entièrement repensé, plus svelte, mais aussi modifié pour reposer cette année complètement à plat sur le bureau (le dernier modèle utilisait le système ergolift pour surélever la partie postérieure du châssis). On remarque par ailleurs qu’ASUS a retiré les prises d’air que l’on trouvait jusqu’à présent sur les flancs de l’appareil. Désormais, l’air frais est aspiré sous le PC et expulsé à l’arrière, derrière l’écran. Il faudra d’ailleurs veiller à ce que rien ne bloque cette zone sous peine de voir les températures monter en flèche durant les sessions de jeu. Ce changement a par contre l’avantage de permettre un meilleur positionnement des connectiques par rapport à l’an passé.

Autre nouveauté : l’abandon pur et simple du système Animatrix qui ornait par le passé de LED programmables le capot du G14. À la place, ASUS opte désormais pour une simple bande LED disposée en diagonale, et beaucoup moins tape-à-l’œil. Configurable, cette dernière peut aussi être désactivée intégralement, ou lorsque l’appareil fonctionne sur batterie… ce que nous avons d’ailleurs choisi de faire.

Quoi qu’il en soit, le Zephyrus G14 fait un sans-faute pratiquement partout en matière de design et d’assemblage, mais aussi en termes d’équipement. Au-delà d’une qualité d’assemblage de haut vol et de finitions impeccables, l’appareil profite par exemple de 6 haut-parleurs pour une expérience audio nettement améliorée par rapport à l’an passé. C’est bien simple, nous avons souvent été tentés de jouer sans casque tant l’expérience audio proposée est viable. Les graves sont meilleurs que prévus pour un si petit PC et si les médiums ont tendance à prendre un peu trop le pas sur les aigus, nous avons globalement apprécié le son délivré.

Côté clavier, rien à signaler : celui du G14 2024 est une nouvelle fois excellent. La profondeur de course est convenable, les touches sont silencieuses, et bien espacées, pour offrir une bonne précision au quotidien. En bref, on prend plaisir à travailler et à jouer avec ce clavier… même si, format 14 pouces oblige, on est parfois un peu à l’étroit. Si vous avez l’habitude de jouer sur un 16 pouces, ou plus grand, il vous faudra sûrement un petit délai pour vous habituer. Notons en outre que le clavier est rétroéclairé, mais uniquement en blanc. Si vous aimez les effets RGB en pagaille, il faudra aller voir ailleurs… et notamment sur le nouvel HP Omen Transcend 14, qui mise sur un rétroéclairage RGB justement très voyant.

Le G14 souffre par ailleurs d’un pavé tactile assez moyen. Loin d’être mauvais à proprement parler, ce dernier offre une belle surface de glisse, mais s’enfonce trop sur les coins inférieurs, et il s’avère raide comme la justice pour les clics appuyés. Une belle marge de progression nous paraît donc possible sur ce point. À quand un trackpad haptique ?

Pour compenser, ASUS nous propose un dispositif d’identification biométrique complet, avec un capteur d’empreintes digitales logé dans le bouton de mise sous tension, et une webcam 1080p permettant la reconnaissance faciale via Windows Hello. Ceinture et bretelles, donc.

En matière de connectique, et en dépit de son format compact, le nouveau G14 fait également du bon boulot avec une sélection de ports très complète. On retrouve ainsi une sortie HDMI 2.1, deux ports USB-A 3.2 Gen 2, un port USB-C 3.2 Gen 2, un port USB-C 4, un lecteur de cartes micro-SD (UHS-II) et une prise casque jack 3,5 mm. L’essentiel est là, mais l’on aurait tout de même préféré un lecteur de cartes SD plein format plutôt qu’un lecteur de cartes microSD — que personne ou presque n’utilisera.

Le passage à un châssis plus compact nuit par contre à l’évolutivité de ce ROG Zephyrus G14 2024. Cette année, plus question de pouvoir remplacer la mémoire vive, puisqu’elle est désormais soudée à la carte mère. Seuls le SSD et la batterie (facile d’accès) peuvent donc être changés au besoin.

Écran : le petit gamer d’ASUS passe enfin à l’OLED

IPS à ses débuts, Mini-LED l’an passé, OLED cette année : le G14 aura décidément fait le tour des principales technologies d’affichages. En embrassant enfin l’OLED (comme une part croissante des PC portables milieu et haut de gamme d’ASUS), l’appareil franchit néanmoins une étape importante.

On profite en effet cette fois d’une dalle organique de 14 pouces au format 16:10, fabriquée par le coréen Samsung Display. Cette dernière s’arme d’une définition 2,8K (2880 x 1800 pixels) et d’une fréquence de rafraîchissement 120 Hz, avec VRR, grâce à une certification Nvidia G-Sync. ASUS promet en outre une couverture à 100% du spectre DCI-P3. Ces spécifications premium nous laissent espérer une excellente qualité d’image. Voyons ce qu’il en est réellement avec nos outils de mesure.

Ce que l’on remarque d’entrée de jeu à l’œil nu, c’est que cet écran brillant profite d’un traitement anti-reflets efficace. On est loin de l’effet « miroir » auquel sont pourtant confrontés d’autres modèles OLED chez ASUS. Un bon point, d’autant que notre sonde relève un pic de luminosité à 423 cd/m2. Nous ne sommes pas sur une valeur exceptionnelle, mais cette luminosité en SDR s’avère suffisante pour la plupart des usages, y compris pour assurer une bonne lisibilité dans un environnement très éclairé.

OLED oblige, le contraste est « infini ». Comprenez que les noirs sont parfaits, ce qui permet de conférer une excellente profondeur à l’image affichée. L’écran du Zephyrus G14 offre par ailleurs une bonne colorimétrie, avec des couleurs globalement naturelles, bien qu’un peu trop chaudes par défaut sur notre exemplaire de prêt. Pour les utilisateurs les plus scrupuleux, il est heureusement possible de corriger le tir manuellement depuis les paramètres d’affichage proposés par l’utilitaire Armoury Crate.

La dalle de notre G14 gère par contre (et pratiquement comme annoncé) à 99 % le spectre DCI-P3 d’après nos mesures, et couvre le gamut sRGB à plus de 100 %, ainsi que l’espace de couleurs Adobe RGB à 93 %. Pour le commun des mortels, ces données sont peu ou prou la garantie de belles couleurs, mais pour les utilisateurs créatifs, elles sont la preuve que l’appareil peut s’avérer efficace en retouche photo ou en étalonnage, par exemple. Un argument supplémentaire en faveur du G14 2024, qui est décidément très bien pourvu cette année en matière d’affichage.

Performances : de la puissance, certes, mais aussi des compromis

Le ROG Zephyrus G14 2024 cumule à peu près ce qu’il se fait de mieux à l’heure actuelle en termes de composants mobiles capables de tenir dans un ultraportable de 14 pouces, voué au gaming.

On retrouve ainsi un processeur AMD « Hawk Point » sous architecture Zen 4, gravé en 4 nm par TSMC : le Ryzen 9 8945HS (8 coeurs et 16 threads cadencés à un maximum de 5,2 GHz, 45 W de TDP, 24 Mo de cache), qui intègre par ailleurs une partie graphique AMD Radeon 780M (12 coeurs GPU à 2800 MHz), très utile pour le quotidien et les activités peu demandeuses en puissance graphique.

Ce CPU dernier cri, lancé par AMD en début d’année, est ici couplé à 32 Go de mémoire vive en LPDDR5X à 6400 MHz, et à une carte graphique dédiée Nvidia GeForce RTX 4070. Cette dernière prend automatiquement le relais de l’iGPU AMD Radeon lorsqu’on lance un jeu ou un logiciel gourmand en ressources. À noter par contre, que cette carte est limitée à un TGP maximal de 90 W (65 W de base + 25 W avec le Dynamic Boost), ce qui est peu pour la RTX 4070. Cette puce peut en effet tutoyer les 175 W sur des PC portables plus volumineux. Ici, ASUS est toutefois contraint, par les dimensions modestes de son G14, à une certaine sobriété.

Compte tenu notamment de la finesse de l’appareil (1,59 cm d’épaisseur seulement, rappelons-le), le constructeur taïwanais est en effet forcé de faire des compromis, heureusement raisonnables, pour atténuer la chauffe. En clair, le potentiel des composants embarqués est bridé.

C’est vrai pour le Ryzen 9 8945HS, qui ne nous a pas particulièrement épatés sur le G14, avec « seulement » 16 631 points en calcul multi-core et 1 684 points en single-core. À titre de comparaison, en calcul single-core, l’Intel Core i7-12700H de l’Alienware x14 que nous testions il y a presque deux ans glanait ainsi 1 691 points sur le même utilitaire. En multi-core le bilan reste très flatteur, mais l’on est un bon cran en dessous de ce que la puce d’AMD pourrait développer sur une machine de 16 pouces, par exemple.

La dynamique est peu ou prou la même avec la RTX 4070. Limitée à 90 W de TGP maximum, cette dernière ne délivre sur le G14 2024 qu’une partie des performances qu’elle offre habituellement. Sur 3D Mark Time Spy Extreme, la puce monte ainsi à un score GPU de 5 371 points. À titre de comparaison, la RTX 4070 du HP Omen Transcend 16 atteignait 5 813 points sur le même benchmark. Un argument qu’il faudra garder en tête à l’achat, mais qui n’a au fond rien de surprenant compte tenu du châssis hyper compact dans lequel est logé le couple CPU/GPU d’AMD et NVIDIA.

En jeu, les performances globales offertes par le nouveau G14 restent quoi qu’il en soit très copieuses, a fortiori pour un produit aussi fluet. Animer Cyberpunk 2077 ou Dying Light 2 en 1800p (définition native de l’écran du G14), avec les réglages en ultra, est ainsi tout à fait possible. Avec ces paramètres, le premier des deux tient le cap des 38 FPS en moyenne, contre presque 60 FPS lorsque la technologie Frame Generation de NVIDIA est active. Pour Dying Light 2, on monte cette fois à une moyenne de 66 FPS, contre 89 FPS avec le DLSS 3. De quoi profiter des derniers AAA dans les meilleures conditions… sans trop se poser de question.

Dites-vous bien par ailleurs que nous avons joué dans une définition supérieure au QHD+ pour ces tests. Si vous vous rabattez sur de la Full HD+ (1920 par 1200 pixels) ou du « simple » QHD+ (2560 par 1600 pixels), il est tout à fait possible de passer la barre des 100 FPS sur de nombreux jeux.

Il nous faut toutefois aborder la question qui fâche : celle de la chauffe. En la matière, et en raison de ses dimensions, l'appareil souffre d’un échauffement vivace de ses composants. En stress test sur AIDA 64, le Ryzen 9 de notre exemplaire de prêt montait ainsi très vite aux environs de 95 degrés pour ne jamais plus en redescendre. En utilisation intensive, la chaleur devenait alors très vite palpable sur le châssis, principalement au-dessus du clavier. Un constat qui s’aggravait évidemment en jeu, alors que le GPU était cette fois sollicité en plus du CPU.

Dans ce contexte, cette zone à la base de l’écran devenait proprement brûlante. D’autant plus si, par mégarde, quelque chose venait bloquer (ou même gêner) l’expulsion de l’air chaud à l’arrière du châssis. Un tapis de bureau un peu trop épais nous a ainsi joué des tours avec le G14. Cela étant dit, l’appareil ne se montre pas aussi bruyant qu’on aurait pu le penser (les trois ventilateurs soufflent fort et se font entendre, certes, mais on a déjà entendu bien pire), et surtout le clavier à proprement parler est relativement bien isolé de la chaleur d’après nous. Si bien qu’en jeu, la chauffe décrite plus haut ne nous confronte jamais à un inconfort insurmontable.

Terminons par un point sur les performances du SSD de notre G14. Ce dernier était équipé d’un module M.2 NVMe (PCIe Gen 5) de 1 To, capable de monter à 5006,89 Mo/s en lecture et 3502,33 Mo/s en écriture. Rien d’exceptionnel, mais ces débits sont honnêtes, suffisants pour jouer et travailler sans jamais ressentir de limitation particulière.

Autonomie : soulagement, dépit ou bonne surprise ?

Le ROG Zephyrus G14 2024 est alimenté par une batterie de 73 Wh, relativement conséquente pour son format. Cette dernière a toutefois à sa charge un écran OLED, et un duo CPU/GPU gourmand en énergie. Voyons ce qu’elle parvient à nous offrir en termes d’autonomie.

En la matière, le bilan n'est pas si mauvais. En lecture vidéo, l’appareil parvient en effet à tutoyer les 8 heures sur batterie à condition d’adopter les bons réglages d’alimentation, de limiter l’affichage au mode 60 Hz et de s’assurer que le GPU dédié est bien désactivé. Dans le cadre d’une utilisation polyvalente, lorsqu’on est un peu moins attentif à l’économie d’énergie, on oscille cette fois plutôt aux alentours de 7 heures d’autonomie. Cela reste un très bon score pour un PC portable gamer, mais attention, l’activation du mode 120 Hz amputera drastiquement la relative endurance de l'engin.

La recharge se fait quoi qu’il en soit à l’aide d’un petit bloc secteur de 180 W, relativement compact, doté d’un connecteur propriétaire. Ce dernier permet de recharger intégralement la batterie en plus ou moins 1 heure 45 minutes sur secteur d’après nos observations.

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