Plutôt restreint, le marché des ordinateurs ultraportables gaming s’est pourtant illustré ces deux dernières années par quelques modèles particulièrement intéressants, mais souvent limités par la nature même de leur concept. Accoucher d’un laptop gaming puissant… et très compact n’est pas chose aisée. Avec son petit Predator Triton 300 SE, Acer a-t-il réussi à atteindre ce nirvana ? C’est ce que l’on va voir dans ce test !

Allier grosse puissance de calcul et petit châssis n’est pas mince affaire. Certains constructeurs ont néanmoins réussi à proposer au chaland des produits étonnamment agiles en jeu et pourtant très compacts. On pense en tout premier lieu à ASUS, qui nous délivrait l’année dernière son excellent ROG Zephyrus G14 (testé ici), suivi un an plus tard du très bon ROG Flow X13. Le premier était un laptop de 14 pouces équipé alors d’un Ryzen 9 4900HS (35 W) et d’une RTX 2060 MaxQ, le second est un ultraportable de 13,4 pouces regroupant cette fois un processeur Ryzen 9 5980HS (35 W) et une petite (et fatalement modeste) GTX 1650 MaxQ. L’appareil était toutefois destiné à fonctionner en tandem avec la plateforme ROG XG Mobile… équipée d’une RTX 3070 ou 3080 MaxQ.

8 /10
Acer Predator Triton 300 SE
Aucun prix trouvé sur ce produit.
Les plus
  • Le format 14 pouces, jouissif
  • De bonnes performances en 1080p
  • Écran 144 Hz bien contrasté
  • Autonomie qui tient la route (8 heures 30)
Les moins
  • Il faut oublier le ray tracing sur les jeux gourmands
  • Dissipation bruyante
  • Chauffe marquée dans certains contextes
  • Capteur d’empreintes capricieux
© Nathan Le Gohlisse pour Clubic
© Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Avec l’arrivée récente d’un nouveau G14 équipé cette année d’un processeur Ryzen 7 5800HS et d’une RTX 3060, Acer s’est visiblement dit qu’il serait opportun de lancer de son côté une nouvelle version du 300 SE (pour « Spécial Edition ») : son ultraportable gaming de 14 pouces. C’est donc avec intérêt que nous découvrions le nouveau Predator Triton 300 SE en janvier, à l’issue du CES. Une machine disponible en France depuis maintenant quelques mois et que nous avons enfin reçue en prêt.

Alléchant, au moins sur le papier, l’appareil porte en lui la promesse de furieuses sessions de jeu en 1080p sur un format à peine plus encombrant que celui d’un MacBook Pro 13. Mais avant de passer en revue ce Triton 300 SE, commençons par faire le tour du propriétaire.

Le modèle que nous avons reçu en test était équipé de la configuration suivante :

Fiche technique Acer Predator Triton 300 SE

Résumé
ProcesseurIntel Core i7-11370H
Taille de la mémoire16Go
Carte graphiqueNvidia GeForce RTX 3060
Mémoire vidéo6Go
Taille de l'écran14 pouces
Taux de rafraîchissement144Hz
OS
Système d'exploitationWindows 10
Processeur
ProcesseurIntel Core i7-11370H
Type de processeur4 coeurs / 8 threads
Fréquence du processeur4.8GHz
Finesse de gravure10nm
Mémoire vive
Taille de la mémoire16Go
Type de mémoireDDR4
Fréquence(s) Mémoire3,200MHz
Nombre de barrettes1
Graphismes
Carte graphiqueNvidia GeForce RTX 3060
Max-QOui
Mémoire vidéo6Go
VR Ready (réalité virtuelle)Oui
Type mémoire vidéoGDDR6
Écran
Taille de l'écran14 pouces
Taux de rafraîchissement144Hz
Type de dalleDalle IPS
Type d'écranLED
Résolution d'écranFull HD
Format de l'écran16/9
Dalle mate / antirefletOui
NVIDIA G-SYNCNon
Écran tactileNon
Stockage
Configuration disque(s)SSD
Disque principal1 To
Disque secondaire1 slot M.2 NVMe
Lecteur optiqueAucun
Emplacement mSATA/M.2M.2 (occupé)
Lecteur de carte mémoireAucun
Connectique
Connectiques disponiblesHDMI 2.1, Micro (Jack 3.5mm Femelle), Thunderbolt 4/USB-C, USB 3.1
Réseau sans-fil
Wi-FiOui
Version Wi-Fi6
BluetoothOui
Version Bluetooth5.1
Équipement
WebcamOui
Haut-parleursIntégrés
ClavierAzerty
Clavier rétroéclairéOui - RGB
Pavé numériqueNon
Lecteur d'empreinte digitaleOui
Caractéristiques physiques
Épaisseur323mm
Longueur228mm
Largeur17.9mm
Poids1.8kg

Cette version de l’appareil est proposée en France à un tarif conseillé de 1799,99 euros. Un tarif que la plupart des revendeurs en ligne semblent appliquer. Une configuration plus abordable du Triton 300 SE, limitée à un Core i5 11300H (35 W lui aussi), peut également être trouvée en ligne pour un prix qui tombe cette fois sous la barre des 1400 euros.

Notons enfin qu’Acer propose aussi un Triton 500 SE qui, comme son nom le laisse supposer, passe à un format plus classique de 15,6 pouces. L’appareil garde les mêmes lignes que son petit frère, mais ses mensurations plus généreuses lui permettent d’embarquer des composants nettement plus performants : un Core i7-11800H côté CPU et une RTX 3080 côté GPU. Annoncé plus récemment, fin mai, il doit arriver dans le courant de l’été en France, à partir de 1999 euros.

Design : tout ce qui est petit est mignon

Le Predator Triton 300 SE est une toute petite machine de 323 x 228 x 17,90 mm pour 1,8 kg. Plus compact encore que le Zephyrus G14, il correspond bien au gabarit qu’on a en tête lorsqu’on parle d’ultraportable même s’il reste quand même un peu plus volumineux que le ROG Flow X13… composants plus performants obligent. On peut en tout cas saluer le travail des ingénieurs d’Acer qui ont réussi à conjuguer format compact et bonne sensation de solidité. La charnière est costaude, l’ensemble du châssis est en aluminium brossé (à l’exception du cadre de l’écran qui est en matière plastique). Tout résiste bien à la torsion, rien ne craque lorsqu’on manipule l’appareil et globalement la conception de l’appareil inspire confiance quant à sa résistance sur le long terme.

La qualité d’assemblage et le niveau de finition sont également au point. C’est donc une belle impression de qualité qui se dégage de ce petit Triton 300 SE, même s’il doit faire avec les inconvénients inhérents à son format en termes de connectique. Sans être trop pauvre, la quantité de ports est restreinte. On trouve l’essentiel, mais pas beaucoup plus, avec 2 ports USB 3.2 Gen 2 Type-A, 1 port USB 3.2 Gen 2 Type-C Thunderbolt 4, 1 sortie HDMI 2.1, et une sortie casque Jack 3,5 mm. Sur ce type de produits, un lecteur de carte SD et une entrée RJ45 n’auraient pas été de trop d’après nous. Si vous en avez besoin, il faudra passer par des adaptateurs.

© Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Le 300 SE doit aussi se contenter d’une webcam 720p à la qualité vraiment piteuse. Vous n’aurez pas envie de l’utiliser souvent, croyez nous. Il est par ailleurs impossible de la couper ou de la recouvrir à l’aide d’un petit volet comme le proposent d’autres marques. Est-ce un problème ? À vous de voir. Cette webcam n’est pas non plus compatible avec la reconnaissance faciale Windows Hello, ce qui n’a rien d’étonnant (ce mode d’identification est rare sur laptop gaming).

En revanche Acer a la bonne idée d’incorporer un petit capteur d’empreintes dans le coin supérieur gauche de son trackpad. Un lecteur qui a le mérite d’exister, mais qui se révèle vraiment très capricieux au quotidien, même après plusieurs reconfigurations depuis les paramètres de Windows 10. C’est très frustrant : on nous met sous le nez un petit périphérique bien pratique, mais qui fonctionne uniquement lorsque les astres sont alignés. Le trackpad sur lequel ce capteur est posé est par contre de qualité. Précis et réactif, il se montre plaisant à utiliser malgré une surface de glisse fatalement restreinte.

Constat positif également pour le clavier, qui nous fait forte impression, avec une course assez courte, mais un retour rapide et souple. La frappe est précise et rapide malgré le tout petit gabarit des touches… qui nécessite un petit temps d’adaptation. Surtout si vous avez de grosses paluches. Notons aussi que ce clavier profite d’un rétroéclairage RGB sur trois zones, que l’on peut configurer comme on veut depuis l’utilitaire Predator. Un outil touche-à-tout pratique et bien pensé.

© Nathan Le Gohlisse pour Clubic

C’est par contre l’une des seules choses positives que l’on peut trouver sur le plan logiciel. Le Predator Triton 300 SE est pour le reste gorgé de softs préinstallés issus de différents partenariats contractés par Acer. Si certaines de ces applications sont utiles (on pense par exemple au navigateur Firefox, préinstallé), d’autres sont insupportables, comme l’infâme Norton et ses nombreuses fenêtres promotionnelles qui rythmeront vos redémarrages. Nous avons tenu à peu près 30 minutes avant de le bannir de notre unité de test.

Un point sur les capacités de mise à jour matérielles sur le Predator Triton 300 SE. Il y a des choses à dire. L’accès au composant se fait de façon très classique en retirant la plaque inférieure du châssis. Cela se fait très simplement après avoir retiré une petite dizaine de vis Philips et désolidarisé avec précaution la plaque du reste de la carlingue. On découvre alors le système de dissipation compact de l’appareil, ses deux ventilateurs et ses caloducs. Les composants remplaçables sont positionnés juste en dessous. Et les options restent relativement limitées. Acer a fait le choix d’intégrer la RAM sous la forme d’une seule et unique barrette de 16 Go au format SO-DIMM (au lieu d’opter pour de la mémoire vive soudée). Il est possible de remplacer cette barrette, mais la quantité de mémoire supportée ne dépasse pas les 24 Go de DDR4 à 3200 MHz. Si vous aviez besoin de plus… tant pis pour vous.

Ce trackpad fonctionne littéralement 1 fois sur 3
© Hardware Canucks via YouTube

Pour le reste, la batterie, le modem Wi-Fi et le stockage M.2 peuvent être remplacés très simplement, mais l’on ne peut pas compter ici sur un emplacement M.2 supplémentaire. Comme tenu des mensurations du Triton 300 SE, cela nous paraît logique, mais aucune configuration RAID ne sera possible ici. Comme d’habitude sur ce type de machine, le processeur et la carte graphique sont soudés à la carte mère : il est impossible de les changer.

Écran : une dalle IPS perfectible, mais satisfaisante

Pour l’écran de son Predator Triton 300 SE, le taïwanais Acer s’est offert les services du japonais Sharp. Le fabricant nippon fournit les écrans de nombreux constructeurs de PC portables, dont HP, MSI, ASUS ou encore Dell. Comme ses concurrents, Acer passe d’un sous-traitant à l’autre en fonction de leurs disponibilités industrielles, entre autres. Sur son Swift 5, par exemple, le groupe comptait cette fois sur des dalles fabriquées par son compatriote taïwanais AU Optronics. Mais revenons au sujet : que vaut la dalle Sharp installée sur le 300 SE ? Nous avons passé ce panneau IPS sous l’intraitable capteur de notre sonde. De quoi nous donner une idée précise de ce que l’on nous propose ici.

© Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Avec le logiciel de mesures Calman, nous relevons 260,4 nits en luminance typique et 302,8 nits en pic de luminosité. Si cela reste correct, la plupart des appareils gaming que nous avons testés ces derniers mois pouvaient monter à 350 nits en valeur maximale, voire même au-delà pour certains modèles. Nous ne sommes donc pas particulièrement impressionnés. Les couleurs ne sont en outre pas très justes sur l’écran du Triton 300 SE. Nous avons mesuré un Delta E de 4,7 agrémenté d’une température des couleurs qui monte en flèche jusqu’à atteindre les 7623 kelvins. Idéalement, le Delta E devrait être inférieur ou égal à 3 pour que l’écart entre les couleurs soit imperceptible. Le standard vidéo, référence en termes de températures des couleurs, est pour sa part situé à 6500 K, nous sommes donc largement au-dessus. L’écran du 300 SE est donc marqué par des couleurs bien trop froides, avec une dérive marquée vers les bleus. Cela nuit à la fidélité des couleurs.

Malgré tout, la dalle Sharp choisie par Acer est capable de couvrir le spectre sRGB à hauteur de 97,6%. Le gamut DCI-P3 atteint les 74,3% de prise en charge contre 72,9% seulement pour l’espace de couleurs Adobe RGB. Ces valeurs sont honnêtes pour l’utilisation visée et correspondent peu ou prou à ce que l’on trouve sur l’essentiel des PC portables gaming en 2021. Dernier point, et pas des moindres : le contraste. Nous observons ici un excellent ratio, estimé à 1988:1. Il s’agit d’un résultat vraiment solide même si certaines dalles IPS (sur des appareils plus haut de gamme) peuvent afficher un ratio de contraste encore plus élevé. On reste également bien en deçà des valeurs proposées sur certaines dalles mini-LED et des noirs infinis offerts par la technologie OLED.

En extérieur la luminosité manque parfois

Quoi qu’il en soit, ce bon contraste est une excellente nouvelle. Cela explique en partie la bonne qualité d’image proposée dans l’ensemble par le Triton 300 SE. Si l’on sent, même à l’oeil nu, que les couleurs sont trop froides, le contraste proposé ici donne aux contenus consultés une bonne impression de relief. À défaut d’être infinis, les noirs ont par ailleurs le mérite d’être profonds.

Ajoutons à cela qu’avec une diagonale plutôt ramassée de 14 pouces, la définition Full HD permet une bonne densité de pixels et donc une chouette finesse d’affichage. La chose n’est pas anodine et en dépit de ses quelques faiblesses, notre petit écran donne fière allure aux différents contenus qu’on lance. Une remarque également valable pour les jeux, qui profitent en prime d’une fréquence de rafraichissement de 144 Hz. Classique, mais pas toujours systématique sur les ultraportables gaming.

Performances : un petit concentré de puissance

Le Acer Predator Triton 300SE cumule un processeur Intel Core i7-11370H et une RTX 3060 disposant d’un TGP de 75W. C’est peu, mais c’est toujours plus que les 65W proposés par le MSI Stealth 15M (testé en juillet sur Clubic). La carte milieu de gamme de Nvidia est bien capable d’être configurée à plus de 100 W (c’est par exemple le cas du Alienware m15 R5 Ryzen Edition, qui monte à 125 W de TGP sur sa 3060), mais il est difficile de reprocher à Acer d’avoir fait preuve de sobriété en la matière : le format du Triton 300 SE ne permet pas tellement d’avoir plus sans sombrer dans la surchauffe. Et vous allez voir que quand on le titille l’appareil n’est pas épargné par les températures… en tout cas côté CPU.


Sur le plan du processeur, Acer a également choisi d’être raisonnable avec une puce Intel « H35 » limitée à 35W de TDP. En l’occurrence, le Core i7-11370 regroupe 4 coeurs et 8 threads cadencés entre 3,00 et 4,80 GHz et 12 Mo de cache. Nous avons voulu observer comment cette puce, lancée en début d’année par Intel, à l’issue du CES 2021, réagit sur le Triton 300 SE quand on la pousse dans ses derniers retranchements. Pour avoir cet aperçu, nous avons lancé notre habituel stress test sous AIDA 64 tout en surveillant de près les fréquences tenues par le processeur et les températures atteintes.

© Nathan Le Gohlisse pour Clubic

En début de test, nous étions ainsi à 4,10 GHz en moyenne avant de passer rapidement à des fréquences comprises entre 3,70 et 3,85 GHz… ce qui reste satisfaisant. Malgré l’activation du mode Turbo, pour pousser le système de dissipation à plein régime, les températures ont par contre rapidement atteint les 90 à 100 degrés sur l’ensemble des coeurs lors de cette charge intensive. Nous avons aussi très vite relevé un thermal throttling, qui s’est par la suite avéré constant tout au long de la période de test. Globalement, on sent que le processeur est vite gêné par la chaleur avec des températures qui restent trop importantes sur cet essai. Trop d’après nous pour une puce limitée à 35 W seulement. La compacité du châssis se paye ici. Même si en jeu, le processeur, moins sollicité, respire un peu mieux.

En dépit d’une ventilation toujours très bruyante, les températures en jeu sous Cyberpunk 2077 retombaient entre 75 et 80 degrés sur le CPU, tandis que le GPU se maintenait à 70 degrés environ. La prestation du système de refroidissement était donc nettement plus acceptable dans ce contexte d’utilisation, et c’est tant mieux. Il faudra néanmoins impérativement jouer avec un casque pour oublier un tant soit peu le sifflement émis par les ventilateurs.

Qu’en est-il des performances en jeu ? Toujours sous Cyberpunk 2077, en définition Full HD, avec l’ensemble des réglages en ultra, le ray tracing activé en ultra et le DLSS Auto. Nous n’arrivions pas à dépasser longtemps les 20 à 30 FPS dans les environnements les plus animés de Night City. Un niveau de fluidité loin d’être optimal et qui nous a contraint à réduire légèrement la qualité graphique pour atteindre un framerate plus acceptable. En coupant le ray tracing (mais en maintenant le DLSS en Auto) on passait cette fois à 40-50 FPS en maintenant l’ensemble des autres réglages en ultra. Pas de quoi sabrer le champagne, mais c’est suffisant pour jouer au titre dans de bonnes conditions.

Cyberpunk 2077 tourne bien... mais sans le ray tracing // © Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Sur The Medium, là aussi en 1080p, le seuil des 50 à 60 FPS était atteint dans certains environnements avec l’ensemble des détails en ultra, le ray tracing activé et le DLSS en niveau équilibré. Il fallait toutefois compter 20 à 30 FPS seulement lors des séquences en split-screen, plus demandeuses en puissance de calcul… et pas nécessairement bien optimisées. Là, aussi désactiver le ray-tracing permettait d’améliorer sensiblement la fluidité. En 75W, la RTX 3060 est clairement à la ramasse lorsqu’il s’agit de gérer les jolis reflets popularisés par Nvidia. Rien de surprenant ici.

Le Triton 300 SE vous permettra donc de jouer à n’importe quel jeu dans de bonnes conditions en 1080p, mais il faudra clairement se calmer sur le DXR pour les titres les plus exigeants afin d’obtenir une expérience satisfaisante. En dépit de ce bémol — qui doit clairement être énoncé — le ratio performances / encombrement que nous propose ici Acer est assez remarquable. Dans l’immédiat, rares sont les appareils grand public à pouvoir en faire autant. Le nouveau ASUS Zephyrus G14 compte quand même parmi les alternatives à étudier, mais nous en reparlerons un peu plus bas.

Avant de passer à la suite, prenons un moment pour faire le point sur les résultats que nous avons obtenus en benchmarks. Sur CineBench R23 le Core i7-11370H récolte 6509 points en multi-core et 1416 points en single-core. Pour comparaison l’AMD Ryzen 9 5980HS du ASUS ROG Flow X13 complétait le même benchmark avec 11327 points au compteur en multi-core contre 1477 points glanés en calcul single-core. Toujours sur le même outil, le Core i7-11375H (mal exploité) du MSI Stealth 15M totalisait pour sa part tout juste 5539 points en multi-core et quelque 1455 points single-core.

Sous Time Spy Extreme cette fois, notre appareil de test a été en mesure d’afficher 3279 points en score global, tandis que sa RTX 3060 obtenait un score graphique de 3452 points. Le ASUS ROG Flow X13 et sa GTX 1650 se limitaient pour leur part à un score global de 1603 points contre 1446 points en score graphique. Un indice graphique qui montait à 3313 points sur la RTX 3060 (65 W) du MSI Stealth 15M.

Des résultats cohérents qui placent malgré tout, et c’est logique, notre Triton 300 SE dans la partie basse de notre tableau marqué par des cartes graphiques au TGP nettement plus élevé. La RTX 3060 125 W du Alienware m15 R5 Ryzen Edition totalisait par exemple 4106 points. De quoi illustrer à merveille l’énorme disparité des performances mesurées d’un modèle à l’autre en fonction du budget TGP alloué par les constructeurs.

Terminons avec un aperçu des vitesses de transferts permises par le SSD M.2 de notre courageux Triton 300 SE. Sous CrystalDiskMark, on arrive à 3555,30 Mo/s en lecture et 2993,23 Mo/s en écriture. Un très bon score pour des transferts rapides dans tous les contextes d’utilisation auquel on sera confronté sur l’appareil.

Autonomie : 8 heures 30 sur batterie, que demande le peuple ?

L’autonomie d’un ultraportable gaming ne correspond pas vraiment à celle que l’on trouve sur un ultraportable classique, dépourvu de GPU dédié et équipé de SoC Intel ou AMD à basse consommation (12-28W). Nous en avions fait les frais avec l’ASUS ROG Flow X13 : équipé de son Ryzen 9 5980HS, d’une GTX 1650 et d’une petite batterie de 62 Wh, il ne dépassait pas les 5 à 6 heures (grand maximum) avant de s’éteindre.

Malgré une batterie encore plus petite (60 Wh seulement), notre Predator Triton 300 SE fait du bien meilleur boulot. Son secret ? Couper totalement et automatiquement le GPU dédié (RTX 3060) au profit de son iGPU (Iris Xe, intégré au processeur) dès lors que le cordon d’alimentation est débranché. Cela nous permet d’obtenir une autonomie rallongée… sans pour autant atteindre ce que l’on trouverait sur un ultraportable classique (qui dépasse de plus en plus souvent le cap des 10 heures sur batterie).

© Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Faisons le topo : en lecture vidéo sous Netflix (via Microsoft Edge), avec la luminosité de l’écran poussée au maximum, le rétroéclairage RGB du clavier coupé, et le GPU dédié désactivé, nous avons réussi à tenir pratiquement 8 heures 30 sur batterie avant de voir notre unité de test rendre les armes. Une autonomie déjà honorable pour ce type d’appareil, qui peut dans certains cas monter un peu plus haut encore en usage bureautique.

Pour sa part, la recharge s’opère en un peu plus de 1 heure 30 à l’aide d’un chargeur de 180 W relativement compact. Attention par contre, détail important : même avec le bloc secteur branché, si votre batterie est entièrement déchargée vous ne pourrez plus passer sur le mode Turbo (et donc profiter des meilleures conditions pour jouer) tant que vous n’aurez pas retrouvé 40% d’autonomie. Un impératif frustrant dans certains cas.

Audio : ensemble convenable, mais sans génie

Pour l’audio, rien de très renversant au programme. On retrouve la même dynamique que sur la vaste majorité des PC portables depuis des années : la sortie casque est de qualité, mais les haut-parleurs (placés sur le dessous du châssis) sont juste suffisants pour permettre une écoute décente de vidéos ou de films. Les médiums y sont comme souvent surreprésentés, au détriment des graves (absents) et aigus (peu précis et stridents quand on monte le volume).

Une fois qu’on branche un casque tout va mieux, le signal et puissant et équilibré. Par ailleurs nous n’avons pas remarqué de problème de distorsion à plein volume, ce qui est bon signe. En d’autres termes, le Triton 300 SE tient la route sur l’audio sans faire d’étincelles.

Prix : 1800 euros, un tarif justifié ?

Pour juger le placement tarifaire du Predator Triton 300 SE, il faut le replacer dans son contexte. L’appareil est un ultraportable gaming compact… et ce type de machine ne court pas nécessairement les rues. Comprenez que si les alternatives existent, elles ne sont pas nombreuses. À l’heure actuelle, deux appareils concurrents nous viennent en tête : ils proviennent tous les deux de chez ASUS, qui a investi le secteur, et nous en avons déjà parlé plus haut.

Nous avons d’un côté le ROG Flow X13 qui débute à 1499 euros. On y trouve alors une dalle 13,4 pouces Full HD+ 120 Hz, un processeur Ryzen 7 5800HS et une GTX 1650. Pas de quoi inquiéter notre Triton 300 SE qui restera à quelques encablures devant en termes de performances, surtout en jeu, grâce à sa RTX 3060.

De l’autre côté, nous retrouvons la nouvelle mouture du ASUS ROG Zephyrus G14. Elle regroupe pour sa part un Ryzen 7 5800HS là aussi, mais avec une RTX 3060 et un écran 14 pouces Full HD 144Hz. Ce nouveau modèle est toutefois 100 euros plus cher que le Triton 300SE, avec un tarif de départ annoncé à 1899 euros. Autre alternative : le Razer Blade Stealth 13 2021. Plus compact, il embarque un écran OLED de 13,3 pouces (60 Hz), mais se contente de composants beaucoup moins puissants, avec un Core i7-1165G7 et une GTX 1650 Ti. Une configuration modeste pourtant proposée au prix fort : 2500 euros. De quoi réduire sa pertinence face aux appareils évoqués plus haut

D’après nous, la petite machine d’Acer est donc relativement bien située en termes de prix par rapport à ces concurrents immédiats. Si toutefois le châssis compact de l’engin n’est pas un point essentiel dans vos critères d’achat, vous tourner vers une machine de 15,6 pouces plus puissante est une bonne idée. De ce côté, l’offre est pléthorique et vous pourrez même trouver des modèles vendus entre 1500 et 1800 euros plus performants que le 300 SE… qui n’est en réalité un bon deal que s’il joue strictement dans sa catégorie.

Acer Predator Triton 300 SE, l’avis de Clubic :

Bien placé face à ses concurrents, performant juste ce qu’il faut pour jouer confortablement en 1080p (à condition d’oublier le raytracing sur les titres les plus gourmands), le Predator Triton 300 SE d’Acer est une machine bien équilibrée pour les joueurs nomades. C’est un véritable plaisir que de l’utiliser au quotidien en sachant que ce petit gabarit à peine plus encombrant qu’un MacBook est capable de vous plonger dans les recoins sombres de Night City même si vous êtes dans le train ou en vacances.

© Nathan Le Gohlisse pour Clubic

Sa conception sérieuse joue aussi en sa faveur, au même titre que son bon niveau de finition et son excellent clavier pour le propulser au rang des meilleurs ultraportables gaming de 2021 — même si cette catégorie de produits est encore assez ramassée. On pourra aussi saluer une qualité d’affichage viable marquée par écran 144 Hz bien contrasté, tout en appréciant l’autonomie très décente qui nous est offerte au quotidien. Attention par contre à bien comprendre ce qu’Acer propose ici : ne vous attendez à un niveau de puissance équivalent à ce que l’on trouve sur les ténors du marché. Nous sommes sur une petite machine à la puissance minutieusement dosée pour coller à un format à la fois jouissif… et bridant.

Conclusion
Note générale
8 / 10

Si vous cherchez un ultraportable de 14 pouces capable de lancer tous les derniers jeux en 1080p sans trop tousser, le Predator Triton 300 SE est à la hauteur. Acer nous propose une petite machine bien équilibré, sérieusement conçue et assemblée, mais qui reste fatalement limitée par son format sur le plan des performances et de la chauffe. Le ray tracing n’est pas toujours à sa portée et la dissipation est trop bruyante, tenez-vous le pour dit.

Les plus
  • Le format 14 pouces, jouissif
  • De bonnes performances en 1080p
  • Écran 144 Hz bien contrasté
  • Autonomie qui tient la route (8 heures 30)
Les moins
  • Il faut oublier le ray tracing sur les jeux gourmands
  • Dissipation bruyante
  • Chauffe marquée dans certains contextes
  • Capteur d’empreintes capricieux
Sous-notes
Design
8
Écran
8
Performances
7
Autonomie
8
Prix
8