Après avoir connu son heure de gloire dans les années 80, le jeu d'aventure est un genre qui avait été laissé quelque peu à l'abandon. Heureusement pour les amateurs de ce style, de nombreuses productions voient tout de même le jour. Certaines sociétés, comme Focus, décident de nous les faire partager. C'est ainsi que nous arrive Ceville. Au même titre que Runaway, So Blonde ou A Vampyre Story, le style cartoon humoristique, très prisé dans les années 80, est là aussi à l'honneur. Ravivant la fibre nostalgique de certains joueurs, Ceville n'en oublie pas d'être aussi bien adapté aux goûts du jour.
Ceville, c'est vil !
Ceville est un roi despotique et tyrannique qui règne d'une main de fer sur le royaume de Faeryanis, un monde de contes de fées peuplé de créatures fantastiques. Alors qu'il est en train de gérer les affaires quotidiennes — un différend opposant le Grand Méchant Loup et les Trois Petits Cochons —, il est dérangé par ses gardes royaux venant lui annoncer qu'une rébellion est en cours aux portes du château. Leur demandant de mettre un terme à ces agissements, il découvre que ses gardes, sous-payés, ont rejoint les révoltés. Nous prenons alors les choses en mains pour aider notre nouveau meilleur ami à s'échapper. Rapidement, nous découvrons que le complot a été fomenté par un certain Basilius, bras droit de l'ex-dictateur. Nous allons alors tout mettre en œuvre pour reprendre ce qui nous appartient de droit.Nous nous retrouvons alors dans un jeu d'aventure dans le style point & click en vue à la troisième personne qui nous propose enfin d'incarner un personnage atypique, vil, exécrable, despotique, cynique et de mauvaise fois, dont les actes n'ont rien de valeureux, ni d'honorable. Qu'il est agréable de pouvoir choisir de mauvaises actions en guise de réponse à certains cas épineux. Ceville nous propose de diriger jusqu'à trois personnages avec la possibilité de passer des uns aux autres à tout moment.
En effet, afin de récupérer son trône, Ceville devra faire avec la jeune Lilly, une petite fille naïve emplie de bons sentiments et de bonnes intentions. Agissant comme une sorte de conscience positive de Ceville, les deux visions opposées des situations donnent lieu à quelques passages très amusants. Ambrosius est un paladin narcissique et égocentrique, parangon du bien et de la maladresse, dont le but est de capturer Ceville, de soigner sa chevelure... et accessoirement d'utiliser son « épée à deux mains +3 contre les démons ».
Le bar biais de Ceville
Les contrôles restent classiques, le pointeur de la souris sert à déplacer nos personnages et sa forme change selon les actions réalisables sur les objets et personnages (marcher, utiliser, quitter un lieu, parler, prendre et examiner). Le bouton droit permet d'examiner n'importe quel objet. Une pression maintenue sur la barre d'espace affiche tous les points intéressants. Un système d'aide optionnelle permet d'afficher, dans une couleur différente, les endroits où une interaction est réalisable avec un objet sélectionné. L'inventaire, présent en bas de l'écran n'est jamais surchargé, les éléments inutiles disparaissent et il est même possible de ne plus l'afficher. Enfin, le titre propose également divers systèmes de raccourcis pour les cinématiques, les transitions entre les zones, les dialogues ou les déplacements dans un même lieu. Bref, rien ne manque à l'appel.Visuellement, Ceville montre que le moteur 3D Ogre, placé entre de bonnes mains, permet de réaliser de bien belles choses. Le titre de Realmforge supporte de nombreuses résolutions d'écran, tout comme les écrans larges, et quelques paramètres permettent de gérer les textures, les ombres en temps réel et les effets plein écran (comme le flou de profondeur de champ ou les effets de bloom). Par contre, aucune gestion d'anticrénelage n'est proposée. La 3D présentée est vraiment agréable, avec un rendu très cartoon réussi, renforcé par de nombreux effets de réflexion, de réfraction, d'ombres et de jeux de lumière très agréables. Un réel souci du détail a été apporté notamment dans la qualité et la variété des animations des personnages (physique et gestuelle) et des environnements. La mise en scène cinématographique est renforcée par de nombreux mouvements de caméra qui dynamisent régulièrement nos déplacements et observations.
Les thèmes musicaux sont nombreux et variés, illustrant correctement les lieux et les situations avec notamment quelques thèmes spéciaux venant agrémenter certains passages particuliers. Les bruitages ne sont pas en reste. Bien complets, ils viennent finir de rendre ce monde bien crédible. Les voix sont entièrement en anglais et le doublage d'excellente facture. Les sous-titres en français s'en tirent avec les honneurs (vu le nombre de références) et les jeux de mots sont toujours bien adaptés. Félicitons au passage le travail remarquable de traduction effectué par Words Of Magic, déjà à l'œuvre sur la série Runaway, sur A Vampyre Story ou bien encore sur Tony Tough And The Night Of Roasted Moths.
Le résident Ceville
Le scénario, s'il reste conventionnel, est intéressant et distille en permanence une bonne dose d'humour et de nombreuses références aussi bien visuelles, que lors des dialogues (très nombreux et riches), des descriptions, ou dans les musiques. Pendant tout le deuxième acte sur les cinq que propose le jeu, nous dirigeons en duo Ceville et Lilly. Cela donne lieu à des dialogues mixtes savoureux d'humour et de cynisme. Les situations rencontrées sont proches de celles que les vétérans du genre ont pu connaître avec les séries Monkey Island, Simon Le Sorcier ou Kyrandia. La palette de personnages rencontrés est grande et originale, et tous bénéficient d'un travail soigné. À noter que la lecture du manuel vaut également le détour pour ses pointes d'humour.Ainsi, nous retrouvons une légère absurdité engendrant des raisonnements qui le sont tout autant. Mais nous sommes dans un monde féérique. Le titre ne propose pas de puzzles et autres jeux de logique venant casser le rythme et faisant sortir le joueur de l'histoire le temps de leur résolution. Ici, tout est basé sur les dialogues, les combinaisons et l'usage des objets présents dans l'inventaire. La variété est de mise et le joueur ne s'ennuie pas une seule seconde. Très classique dans son approche tout le long de son déroulement, le dernier acte propose une approche inédite et originale dans ce genre de jeu d'aventure qui mérite le détour. De même, quelques passages scindent l'écran pour proposer deux ou trois visions d'un même lieu afin de réaliser des actions bien précises. La durée de vie est très raisonnable et comptez entre dix et quinze heures de jeu pour en venir à bout.
Si le début de l'aventure nous limite à certaines zones, dès le deuxième acte, la carte du monde devient accessible. Ainsi, la variété des lieux proposés et le dépaysement ne manquent pas. Nous visiterons une île paradisiaque, un vieux cimetière, une forêt, et j'en passe... Cette variété, et les quelques allers-retours nécessaires pour progresser sont quelque peu gênants en raison des temps de chargement parfois longuets selon la zone à charger. Terminons en précisant que, chose rarissime de nos jours, la présence du DVD dans le lecteur n'est pas nécessaire pour jouer et que cette version française est déjà à jour du dernier patch disponible.
Conclusion
S'il ne cherche pas à révolutionner le genre du jeu d'aventure point & click, Ceville est une réussite sur tout ce que ce style de jeu a à offrir. Avec une réalisation générale de haute volée et une sacrée dose d'humour, il n'y a pas grand-chose à reprocher au titre de Realmforge Studios en dehors des temps de chargement et du manque d'anticrénelage. Ceville mérite largement sa place dans la ludothèque de tout amateur de jeux d'aventure et ce premier épisode laisse inaugurer du meilleur pour la suite.Ce jeu vous intéresse ? Retrouvez-le dans le
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