Le 16 février 2021, le Bitcoin a encore marqué l'histoire des cryptomonnaies en franchissant pour la première fois la barre des 50 000 dollars. Une heureuse nouvelle pour ceux qui en possèdent, mais peut-être moins pour la planète.
Où s'arrêtera le Bitcoin ? Depuis le début de l'année, la cryptomonnaie a vu sa croissance s'accélérer, alors que la tendance était déjà à la hausse fin 2020. Et hier, une nouvelle étape a été franchie puisque son cours a dépassé les 50 000 dollars, pour s'établir à plus de 51 000 dollars (plus de 42 400 euros) à l'heure d'écrire ces lignes. Cet essor fulgurant (le prix était encore sous les 10 000 dollars en juillet 2020), auquel Elon Musk et Tesla ne sont certainement pas étrangers, ne manque pas de susciter quelque appréhension.
Consommation d'énergie en mode mineur
En effet, par essence, le Bitcoin a besoin d'électricité pour assurer sa sécurité et sa fiabilité. Il repose ainsi sur le principe de la blockchain, afin d'enregistrer et de vérifier chaque transaction. À cet effet, de nombreuses machines sont liées en réseau, chacune d'entre elles nécessitant une grande puissance de calcul pour résoudre des problèmes mathématiques, censés garantir l'authenticité de chaque opération.
De même, il est possible de générer des bitcoins, via la création de nouveaux blocs. C'est ce qu'on appelle le « minage ». Une nouvelle fois, ce processus implique la résolution de problèmes mathématiques complexes, et donc des machines puissantes. Mais les mineurs n'agissent pas que pour préserver l'intégrité de la blockchain, ils ont également la possibilité d'être récompensés en bitcoins. Et plus ils mettent de la puissance à l'ouvrage, plus ils ont de chance de recevoir de précieux échantillons de la monnaie virtuelle.
Évidemment, les ordinateurs utilisés fonctionnent à l'électricité. De plus, afin de limiter les risques de surchauffe, les mineurs ont souvent recours à des systèmes de refroidissement, eux aussi gourmands en énergie. Et au cumul, cette consommation est loin d'être négligeable…
Le Bitcoin consomme chaque année plus que des pays entiers
Des chercheurs de l'université de Cambridge (Royaume-Uni) se sont penchés sur ce sujet. Ils ont établi un modèle permettant d'estimer la consommation d'électricité totale induite par le Bitcoin. D'après leurs résultats, la cryptomonnaie nécessiterait chaque année plus de 121 TWh (térawatts-heures). À titre de comparaison, cela représente plus que la consommation annuelle de pays tels que les Pays-Bas ou l'Argentine, qui possèdent respectivement plus de 17 et 45 millions d'habitants.
Dans le même ordre d'idées, d'après le site Digiconomist (pourtant plus prudent dans ses estimations), une seule transaction Bitcoin posséderait une empreinte carbone équivalente à plus 670 000 transactions Visa et à plus de 50 000 heures de vidéos regardées sur YouTube.
Or, plus le cours de la cryptomonnaie est élevé, plus nombreux sont les mineurs à vouloir gagner ainsi de l'argent, et plus ils sont tentés d'investir dans des machines puissantes. Et plus la consommation d'énergie augmente, inexorablement. Michel Rauchs, l'un des auteurs de l'étude, ne cache ainsi pas son pessimisme : « C'est vraiment la conception du Bitcoin qui implique une telle consommation d'électricité. Ce n'est pas quelque chose qui va changer à l'avenir, à moins que le prix du Bitcoin ne baisse radicalement ». Ou à moins de s'inspirer du fonctionnement d'autres cryptomonnaies, moins gourmandes en énergie ?