La start-up française Caeli Energie vient de présenter un climatiseur d'un nouveau genre qui consommera 5 fois moins d'électricité qu'un système classique, le tout sans utiliser de fluide frigorigène.
Le projet est né au CNRS, toujours en quête de nouvelles innovations, et associe désormais l'INP de Grenoble.
Une climatision écoresponsable ? Ce serait possible !
En 2019, les travaux sur un climatiseur de taille modeste, capable de se passer des très polluants et dangereux fluides frigorigènes et de consommer beaucoup moins d'énergie que les modèles actuels, ont débuté au CNRS. En 2020, Stéphane Lips et Rémi Pérony ont fondé Caeli Energie pour développer l'idée. Aujourd'hui testé dans plusieurs EHPAD et dans certaines collectivités, le climatiseur ne consommerait que 60 watts par heure, contre 1 500 à 2 500 pour les appareils classiques. Cette économie d'énergie correspond à l'absence d'hydrofluorocarbures, qui seront bientôt interdits, et à la flambée des prix de l'électricité.
« C'est presque de l'égoïsme, je climatise mon bureau, mais je réchauffe l'air du voisin. Chez Caeli, ça n'est pas ça. On n'augmente pas le phénomène d'îlot de chaleur urbain », indique Rémi Pérony.
Ce dernier explique que tout est produit en France avec 80 % de bouteilles plastiques recyclées, de la cellulose et de la viscose. Le système fonctionne avec de l'air et l'eau courante (de 0,5 à 2 litres par heure), ce qui permet d'éviter les fluides problématiques. Dès cet automne, une nouvelle ligne de production sera installée en Isère afin de multiplier par 50 la construction des moteurs thermodynamiques, avant de les envoyer sur la ligne de montage en Haute-Savoie. En sortie d'usine, on a un appareil relativement petit, de 30 kilos à vide, capable de refroidir 40 m2.
Du 100 % made in France qui a un coût
Caeli utilise donc un système de refroidissement par évaporation (climatisation adiabatique indirecte), comme c'est le cas lorsque nous transpirons. Ce faisant, il n'évacue pas d'air chaud vers l'extérieur, consomme moins et pollue moins.
Forcément, une telle approche attire les investisseurs, qui sont déjà très impliqués dans la prochaine génération de climatiseurs. Bill Gates a lui-même investi dans la start-up Blue Frontier, et d'autres fonds américains s'intéressent à Caeli. Si le principe existe déjà du côté de certaines entreprises australiennes et chinoises, les appareils sont trop volumineux pour intégrer les foyers européens.
« Le niveau de performance des installations existantes n'est pas suffisant pour satisfaire les usagers. Notre vraie valeur est d'être capables de descendre beaucoup plus bas en température. On a dopé un processus naturel, qui existe déjà dans le commerce, mais avec une performance plus élevée », ajoute Rémi Pérony.
Il y a cependant plusieurs contraintes. Tout d'abord, il faut pouvoir raccorder le système à l'eau courante et percer deux trous dans le mur. Pour ces raisons, l'accès des particuliers au produit à partir de cet automne sera conditionné à un questionnaire d'éligibilité. S'il est validé, il faudra compter 3 000 euros pour l'achat, la pose et la mise en service. Cette méthode sera en tout cas peut-être plus accessible que le froid proposé par une entreprise parisienne.
Source : France Bleu