Mega Drive Mini... késako ?
Initiée par des constructeurs peu connue et peu soucieux de la finition, la mode des mini consoles dites « rétro » a fini par convaincre les principaux acteurs du monde du jeu vidéo et, aujourd'hui, ne se passe plus une année sans qu'un nouveau modèle n'arrive sur le marché. La Nintendo NES Classic Mini a ainsi ouvert la voie en novembre 2016, suivie un an plus tard de la Super NES Classic Mini. Si la première a déjà marqué les esprits avec 2,3 millions d'unités écoulées, le succès de la seconde a été retentissant : près de 5,5 millions de consoles vendues ! Forcément, une telle réussite ça aiguise les appétits et qu'il s'agisse de SNK (Neo Geo Mini) ou de Sony (PlayStation Classic), les modèles se sont multipliés, avec plus ou moins de réussite.Fiche technique de la Mega Drive Mini
Sans grande surprise, Sega a logiquement fait confiance à la plus populaire de ses consoles pour faire une entrée remarquée sur le marché du retrogaming : la Mega Drive s'est effectivement vendue à près de 40 millions d'exemplaires quand sa grande sœur, la Master System, n'a pas écoulé 15 millions de machines et que les suivantes (Saturn et Dreamcast) ont tourné autour des 10 millions chacune. À la manière de ce qu'a pu réaliser Nintendo, le Mega Drive Mini est donc une réplique quasi parfaite de la console originelle... pour ainsi dire à l'échelle 1:2, soit 55% de la taille de la véritable Mega Drive.La Mega Drive Mini, c'est :
- Processeur : ARM SoC ZUIKI Z7213
- Mémoire vive : 256 Mo, non extensible
- Stockage : 512 Mo de mémoire flash, non extensible
- Contrôleurs livrés : 2, filaires (USB, )
- Connectique : HDMI (x1), USB (x2), alimentation (x1)
- Nombre de jeux intégrés : 42, non extensible
- Dimensions : 154 x 39 x 116 mm
- Poids : 500 g
- Alimentation : 5W, externe non fournie
- Garantie : 2 ans
- Prix et disponibilité : déjà disponible, à 79,99 €
Notons d'emblée qu'au sortir du carton, on alterne entre les bonnes et les mauvaises surprises. Tout d'abord, Sega a le bon goût de livrer le câble d'alimentation et un câble HDMI de sorte que la bête puisse être connectée rapidement. En revanche, il fait l'impasse sur le bloc d'alimentation ! Pour être en mesure d'utiliser la console, il faut donc passer par la case « achat supplémentaire ». Un bloc 5W comme la majorité des adaptateurs pour smartphone sera suffisant, mais la décision de Sega reste regrettable d'autant que l'information est indiquée en tout petit et peu lisible - rouge sur fond noir - au dos de la boîte.
Déballage et qualité de finition
Dès lors que l'on déballe véritablement la console et ses accessoires, c'est évidemment le côté « réplique exacte » qui fait plaisir à voir. Tous les amateurs de la Mega Drive seront ravis du soin apporté par Sega, au moins côté design. La console ressemble donc comme deux gouttes à son illustre ancêtre, pour le coup dans sa version européenne. Nous aurons l'occasion d'y revenir au moment de parler de la manette et du catalogue de jeux, mais les versions nord-américaine, japonaise et sud-coréenne sont légèrement différentes : elles reprennent logiquement le dessin de la Mega Drive sortie à l'époque dans ces territoires.Les joueurs européens remarqueront avec bonheur la présence du fameux logo « 16-BIT » sur le dessus de la console ainsi que le pourtour supérieur avec son « High definition graphics - Stereo sound ». Toujours dans l'idée d'offrir une réplique aussi parfaite que possible de la console originelle, Sega a placé les mêmes boutons / interrupteurs avec le poussoir de mise sous tension, le bouton de réinitialisation et le potentiomètre du volume. Un regret cependant, ce dernier n'est qu'un accessoire décoratif : il n'est pas fonctionnel. C'est finalement assez logique, puisque - autre regret - Sega ne propose pas de prise casque.
Sur le devant de la console, là où se trouvait ladite prise casque, on remarque un ergot plastique qui n'est d'aucune utilité. Autre entorse à l'authenticité : les prises DB15 destinées aux manettes ont été remplacées par des connecteurs USB. Vous ne pourrez donc utiliser les gamepads originaux. Autre regret, Sega a mis en place un câblage spécifique pour ses manettes. Non seulement, il ne sera pas possible d'utiliser d'autres manettes USB sur cette Mega Drive Mini, mais en plus vous ne pourrez pas vraiment utiliser les gamepads USB de la mini console sur une autre machine : Windows les reconnaît, mais les trois boutons sont identifiés comme bouton 3, 2 et 6 par l'OS. Peu pratique.
Rien à redire en revanche côté manettes. Tout d'abord, Sega a le bon goût de livrer deux manettes de sorte que l'on puisse exploiter les jeux à deux sans dépenser davantage. Mieux, si la console est une réplique à l'échelle 1:2 de la Mega Drive originale, les gamepads sont rigoureusement identiques aux premiers modèles sortis en 1990. Même forme, même taille, même nombre de boutons : de fait, on reprochera à Sega d'avoir préféré le modèle originel de la manette - avec trois boutons - et non le modèle suivant, bien pratique dans les jeux de baston avec ses six boutons. Un regret d'autant plus important que Sega livre ladite manette six boutons avec la mini version japonaise.
Pour profiter de pads six boutons, il faudra se tourner vers les produits « compatibles » produits par Retrobit par exemple. Heureusement, rien à redire sur la qualité de fabrication des pads trois boutons de Sega : la croix directionnelle est aussi confortable que précise et les boutons ont une bonne réactivité. Terminons ce déballage avec un dernier commentaire pour comparer la Mega Drive Mini et le boîtier MegaPi Case de Retroflag. Capable d'embarquer un Raspberry Pi pour offrir une solution d'émulation très convaincante, le MegaPi Case dispose également d'une finition légèrement plus convaincante grâce à des plastiques plus épais. En revanche, le côté copie conforme est un peu moins réussi.
Ouverture et émulation
Afin de découvrir plus en détail cette Mega Drive Mini, nous avons décidé d'ouvrir la bête... ce qui se fait très simplement, en retirant les six vis de fixation. On peut alors remarquer un intérieur très dépouillé, pour ne pas dire « vide ». L'ensemble des composants se retrouvent sur une seule carte mère, mais sont en partie masqués par une plaque de métal qui fait également office de système de refroidissement. Logiquement, aucun ventilateur ne surmonte cette plaque : l'émulation d'une Mega Drive ne nécessite pas un monstre de puissance. Le retrait de trois vis plus tard, cette plaque peut être enlevée et l'ensemble des composants dévoilés.Un pad thermique - que l'on retire aisément - vient assurer le contact avec la plaque thermique. Dessous, c'est un système sur puce (SoC) de marque Allwinner rebrandé en un Zuiki Z7213. Il s'agit du type de processeur que l'on retrouve sur de multiples systèmes et une version similaire prenait par exemple place dans certaines consoles AtGames. Côté puissance, aucune inquiétude à avoir, il est largement assez costaud pour faire tourner les titres Mega Drive. Il est par ailleurs accompagné par 512 Mo de mémoire flash, une puce signée Samsung sur la version européenne. On remarque aussi la présence d'un composant AXP223 en charge de la gestion de l'alimentation, mais pas grand-chose à dire de plus sur cette carte-mère pour le moins dépouillée.
Aucune surprise côté démontage et qu'il s'agisse de Nintendo ou de Sony, les concurrents de Sega se reposait sur une conception assez similaire à base de SoC intégrant toutes les fonctions nécessaires à la bonne tenue de l'émulation. En effet, le Mega Drive Mini n'est pas à proprement parler une Mega Drive. Comme toutes les autres machines de ce type, elle se repose sur l'émulation de cet ancien système sur des puces peu coûteuses. Le gros du travail réside alors dans la conception d'une solution d'émulation qui tienne la route. Dans le cas de la Mega Drive, Sega a fait appel à des spécialistes de la question, l'éditeur M2 à qui l'on devait déjà les compilations Sega Ages et Sega Vintage Collection.
42 jeux au catalogue
Si vous suivez un minimum l'actualité de ces consoles miniatures dédiées au retrogaming, vous savez qu'une bonne part de leur intérêt vient des jeux retenus par l'éditeur. Alors que la Mega Drive Mini embarque tout de même 512 Mo de mémoire flash, Sega a effectivement décidé de faire une sélection restreinte de seulement / tout de même 42 jeux. Seulement car c'est tout de même très peu par rapport à la logithèque de la Mega Drive et il reste à n'en pas douter de la place sur la mémoire flash. Tout de même car ça reste nettement plus que ce que l'on a pu avoir sur les machines concurrentes comme la PlayStation Classic ou la SNES Classic Mini.La sélection de jeux Mega Drive Mini, par ordre alphabétique :
- Alex Kidd in the Enchanted Castle
- Alisia Dragoon
- Altered Beast
- Castle of Illusion
- Castlevania: Bloodlines
- Columns
- Comix Zone
- Darius
- Dr. Robotnik's Mean Bean Machine
- Dynamite Headdy
- Earthworm Jim
- Ecco the Dolphin
- Eternal Champions
- Ghouls 'n Ghosts
- Golden Axe
- Gunstar Heroes
- Kid Chameleon
- La Légende de Thor
- Landstalker : Le Trésor du Roi Nole
- Light Crusader : Le Mystère de Green Rod
- Mega Man: The Wily Wars
- Monster World IV
- Phantasy Star IV: The End of the Millennium
- Probotector
- Road Rash II
- Shining Force
- Shinobi III: Return of the Ninja Master
- Sonic the Hedgehog
- Sonic the Hedgehog II
- Sonic Spinball
- Space Harrier II
- Streets of Rage 2
- Street Fighter II Special Champion Edition
- Strider
- Super Fantasy Zone
- Tetris
- Thunder Force 3
- ToeJam and Earl
- Vectorman
- Virtua Fighter 2
- Wonder Boy in Monster World
- World of Illusion
Premier constat, Sega n'a pas oublié grand-chose et on ne peut que saluer la richesse de cette sélection. Soulignons également la présence de deux inédits : Darius et Tetris n'ayant jamais été distribués sur la Mega Drive originale. Malgré tout, on ne peut s'empêcher quelques remarques en particulier en jetant un œil aux jeux présents sur les autres versions de la Mega Drive Mini, notamment la japonaise. Cette dernière profite par exemple d'Alien Soldier ou de Musha Aleste voire de The Revenge of Shinobi. Dyna Brothers 2 ou Mega Q: The Party Quiz Game constituent deux autres exclusivités de la version nippone, mais nettement moins regrettables celles-ci.
Impossible de ne pas s'attrister de l'absence de Quackshot ou d'Aladdin surtout que l'on a quand même droit à Castle of Illusion et World of Illusion. Pas de Soleil non plus ou de Flashback, mais soulignons surtout qu'aucun jeu de sport n'est présent dans cette sélection. Certes, la Mega Drive n'avait pas les meilleurs titres dans le domaine, mais un petit FIFA International Soccer un NBA Jam ou, plus éloigné, un Micro Machines aurait permis de varier les plaisirs tout en reconnaissant qu'ils n'ont pas autant marqué leur époque que les jeux retenus par Sega.
Acheter la Megadrive Mini
Interface, ressenti... et regrets
Nous avons fait le tour du catalogue, nous avons branché la bête et les contrôleurs sont entre nos mains. Il est temps d'allumer cette Mega Drive Mini. Premier constat, cela démarre très vite et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous arrivons au menu. Élégant, joliment fini et particulièrement lisible, il liste l'ensemble des jeux sur quelques pages. De base, le classement est alphabétique avec un visuel sur les boîtes de jeux, de face. On peut modifier tout cela pour avoir un tri en fonction des dates de sortie ou du nombre de joueurs et plutôt un affichage des tranches, hélas nettement moins lisible.Par défaut, notre console était configurée en français, mais notez que d'autres langues sont disponibles avec une sympathique surprise : en optant pour l'interface en japonais, toutes les jaquettes changent pour des versions japonaises. Mieux, certains jeux disposent de véritables versions françaises, comme La Légende de Thor que l'on connaît en Amérique du Nord sous le titre de Beyond Oasis. À ce petit jeu, Nintendo avait été moins « généreux » en diffusant pas mal de cartouches en version anglaise. Autre élément de localisation à souligner, Probotectors / Contra : en changeant la langue de la console, on passe de l'une à l'autre des versions, de l'européenne à la japonaise. Sympa.
En revanche, on est un peu déçu de voir que, finalement, les options d'affichage ne sont guère nombreuses. Ainsi, l'éditeur M2 n'a trouvé utile de proposer que le rendu scanline afin de simuler les écrans cathodiques de notre jeunesse. On aurait ainsi aimé qu'il soit par exemple possible de lisser les choses ou d'apporter quelques autres modes de rendu comme on peut en voir sur certains émulateurs : on perd en authenticité ce que l'on gagne en confort visuel. D'autant que M2 permet d'étirer l'image au format 16:9 afin de perdre moins de surface sur des écrans modernes. Bien sûr, il est aussi possible d'opter pour le mode 4:3 qui conserve les formats d'origine.
Dans ce second cas, la Mega Drive Mini permet de choisir parmi trois arrière-plans : un fond noir et deux dessins pas très réussis. Compte tenu de ce que cela coûte, il est dommage que Sega ou M2 n'aient pas décidé d'en proposer davantage ou de permettre aux utilisateurs d'uploader les leurs au travers de l'interface USB. De manière générale, on regrette le manque d'options et le manque de souplesse de l'interface. Il en va de même pour les options « avancées » lorsque l'émulation est en cours. En effet, il est possible - comme sur les NES et SNES Classic Mini - de sauvegarder sa position. Quatre emplacements sont même disponibles pour chaque jeu. Hélas, il faut pour cela passer par un écran longuet à venir.
En cours de partie, il s'agit de presser sur le bouton START de l'une ou l'autre des manettes durant cinq secondes. Heureusement, cette même pression met également le jeu en pause de sorte que l'on ne soit pas handicapé dans la partie. Autre regret, pour relancer une partie sauvegardée, il faut d'abord charger le jeu : impossible de lancer directement la sauvegarde depuis le menu principal alors que c'est pourtant le cas sur NES et SNES Classic Mini. Enfin, nous regrettons l'absence de toute option de « rembobinage ». Comme le coup des sauvegardes, ce n'est pas vraiment authentique, mais c'est quelque chose d'assez simple à mettre en place et tellement pratique.
Alors que nous avons déjà évoqué le boîtier MegaPi Case de Retroflag, impossible pour nous de terminer ce test de la Mega Drive Mini sans évoquer la possibilité de se fabriquer sa propre console. Dans le cas de la Mega Drive, une solution logicielle quasi parfaite existe même avec la distribution Blast16. L'interface est remarquable et l'émulation ne se limite alors plus à la Mega Drive : Game Gear, Master System, 32X ou bien encore Mega CD. Bien sûr, on ne profite alors pas du côté officiel de la chose et la question de la légalité des ROM se pose immanquablement, mais que l'ensemble est agréable, confortable et, finalement, bien plus complet en jeux, bien plus riche en options.
Mega Drive Mini : l'avis de Clubic
Esthétiquement très réussie et dotée d'une interface agréable, la Mega Drive Mini surfe évidemment sur le succès des NES et SNES Classic Mini, mais évite le piège dans lequel est tombé la PlayStation Classic. Même si la sélection de 42 titres fait encore l'impasse sur de nombreuses perles, Sega s'est montré nettement moins avare que Sony ou même Nintendo. En faisant confiance à l'éditeur M2, il évite aussi l'écueil d'une émulation imparfaite... On oublie alors très vite les multiples tentatives d'AtGames avec des consoles bancales, à la limite de l'entourloupe.La question des jeux, l'interface perfectible ou l'absence de rembobinage viennent cependant ternir un peu le tableau. Un tableau qui doit déjà souffrir d'un tarif tout de même relativement élevé... surtout qu'aucun adaptateur secteur n'est livré en standard. Une jolie petite machine malgré tout.
Acheter la Megadrive Mini