À l'heure où le Coronavirus se répand avec rapidité outre-Atlantique, les autorités et la société civile s'efforcent de limiter son impact à la fois sanitaire et économique.
Une atmosphère étrange plane sur San Francisco. Les rues du Financial District, où les travailleurs pressés se croisent d'ordinaire en grand nombre au pied des gratte-ciel, sont pratiquement désertes. Même tableau dans Haight and Ashbury, iconique quartier hippie de la ville, qui rassemble en temps normal des hordes de jeunes fêtards, des groupes de touristes venus admirer les demeures victoriennes aux façades colorées et des musiciens de rue. Bars, friperies et disquaires affichent porte close. Les restaurants sont ouverts, mais impossible de s'installer à une table : ils proposent uniquement des plats à emporter.
Confinement souple
Depuis mardi 17 mars à minuit, et jusqu'au 7 avril prochain, la municipalité applique une politique de « shelter in place » pour limiter la propagation du Coronavirus : autrement dit, une quarantaine légèrement assouplie, puisque les habitants peuvent quitter leur domicile sans avoir besoin d'une attestation dérogatoire. Ils sont cependant invités à rester chez eux et à éviter tout contact, sauf pour se rendre chez le médecin ou faire des courses alimentaires.Faire une promenade ou un footing est autorisé à condition de se tenir à bonne distance de toute personne tierce. Le télétravail est obligatoire, sauf pour quelques professions-clés : personnel de santé, police et pompiers. Bars, boîtes de nuit et salles de sport sont fermés, tandis que les supermarchés, les pharmacies, les banques et les lavomatiques restent ouverts. Les transports en commun, eux, fonctionnent au ralenti.
Les primaires chamboulées
Ces mesures concernent San Francisco, et toute la région de la Baie qui entoure la ville, comprenant la fameuse Silicon Valley. Ce sont les plus drastiques prises pour l'heure aux États-Unis. La ville de San Francisco compte actuellement 37 cas répertoriés, mais l'absence de tests effectués à grande échelle laisse craindre un nombre beaucoup plus élevé de malades. Sur les six Californiens aujourd'hui décédés du Coronavirus, trois résidaient dans la région de la Baie.Si le reste du pays n'a pas pris des mesures aussi importantes, les effets de la crise sanitaire se font chaque jour davantage ressentir. 115 décès ont pour l'heure été répertoriés sur l'ensemble du territoire américain, un chiffre en constante augmentation. Donald Trump, qui avait dans un premier temps minimisé le risque posé par le Coronavirus, appelle désormais les Américains à annuler tout voyage non nécessaire et à éviter de se rassembler en groupe.
15 DAYS TO SLOW THE SPREAD! pic.twitter.com/ytgBP3hJv1
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) March 18, 2020
Les primaires démocrates, qui n'opposent plus que Joe Biden à Bernie Sanders, ont également été perturbées par la propagation du virus. La Louisiane, le Kentucky, la Géorgie, le Maryland et l'Ohio ont tous repoussé leur scrutin, et les deux candidats ont cessé d'organiser des rallyes. Donald Trump, qui fait de son côté campagne pour sa réélection, a également suspendu tout grand rassemblement électoral.
Un nouveau « lundi noir » à Wall Street
L'impact du virus se fait aussi ressentir sur le plan économique. Lundi 16 mars, le Dow Jones a connu sa plus mauvaise journée depuis le « Lundi noir » de 1987. L'industrie du voyage compte parmi les premières touchées1NBSP.: la U.S. Travel Association prévoit ainsi que 4,6 millions d'emplois vont être perdus dans l'industrie au cours de l'année. Mais alors que les citoyens sont incités à rester chez eux et que les mesures de confinement se multiplient, c'est un spectre bien plus vaste d'individus qui est touché, des employés de la restauration à ceux de l'événementiel, en passant par les musiciens et les chauffeurs Uber.Mitt Romney, sénateur républicain de l'Utah et ancien candidat à l'élection présidentielle, a proposé de verser rapidement 1 000 dollars à chaque adulte américain pour aider les citoyens à affronter les difficultés économiques entraînées par la crise sanitaire. La Maison-Blanche travaille de son côté sur un stimulus d'un trillion de dollars, qui seront injectés dans l'économie pour aider les particuliers et les entreprises.
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La Silicon Valley en quête de solutions
Dans la Silicon Valley, près de San Francisco, les géants technologiques se mobilisent contre le virus et ses conséquences. Facebook, Google, Microsoft, Reddit et Twitter ont joint leurs efforts pour lutter contre la propagation des fausses informations concernant l'épidémie. Amazon, qui a recruté 100 000 travailleurs supplémentaires dans ses entrepôts pour faire face à la demande alors que le commerce en ligne explose, donne désormais la priorité à l'envoi de biens médicaux et de produits ménagers essentiels.Verily, une entreprise détenue par Google et spécialisée dans la recherche sur les sciences du vivant, développe de son côté, en partenariat avec le gouverneur de Californie, un site internet permettant aux internautes d'accéder à des informations sur le Coronavirus et de prendre un rendez-vous pour se faire dépister.
Dans le chaos ambiant, beaucoup guettent avec espoir l'arrivée d'un vaccin. Les premiers essais cliniques ont démarré à Seattle, l'une des villes les plus durement touchées par l'épidémie, où quatre adultes ont reçu une injection d'un vaccin expérimental mis au point par l'US National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) et Moderna, une entreprise de biotechnologie basée à Cambridge, dans le Massachusetts.
L'administration Trump a également tenté, apparemment sans succès, de racheter CureVac, une entreprise allemande qui œuvre aussi à l'élaboration d'un vaccin. Une batterie d'essais cliniques étant nécessaire avant une éventuelle mise sur le marché, le vaccin ne serait toutefois pas disponible avant dix-huit mois.